« Les Grecs : de sacrés profanes » 2/3 publié le 24/02/2011

La civilisation grecque

V- Les sanctuaires panhelléniques

Définition du panhellénisme : du grec pan, pantos « tout » ce qui se rapporte ou appartient à tous les Hellènes. Dire qui sont les Hellènes.

Introduction
Ces sanctuaires sont capables de fédérer tous les Grecs autour de l’hommage à une divinité. C’est le phénomène panhéllenique. Il existe un cycle de jeux qui commence à Olympie, puis se poursuit à Némée, Delphes et Corinthe.

Les jeux sacrés.
Les jeux athlétiques sont nés en Crète au XV ème s. av. JC, avec la course à pied, le pugilat, le combat contre les taureaux
À l’époque de la Guerre de Troie (1250 av JC) l’apprentissage sportif est indissociable de la formation du guerrier. Ils sont entrainés à des disciplines très variés.
Pour honorer les dieux, des jeux sont organisés dans les grands sanctuaires panhélleniques avec des sacrifices, des processions, des offrandes, des concours musicaux ou théâtraux, des compétitions sportives.
Étaient admis à participer aux Jeux seulement les citoyens grecs (hommes libres adultes, de parents citoyens) sans discriminations sociales. La valeur sportive et intellectuelle reflétait les vertus de la grécité (au delà des contrastes politiques, d’ailleurs la règle pour tout athlète est de venir désarmé. C’est la trêve).
Les Grecs voyaient dans leurs athlètes vainqueurs des divinités-
Ces jeux glorifiaient les qualités physiques des Grecs.

1. Delphes, le sanctuaire des jeux pythiques, est le centre religieux le plus important du monde grec.

Le site de Delphes est classé au Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO
Les sites des sanctuaires étaient choisis pour leur immense beauté, car rien n’était assez beau pour la divinité.
Delphes demeure l’un des sites les plus émouvants de la Grèce antique en particulier en raison de son cadre naturel, sauvage et grandiose.

1.a. Fondation mythique de Delphes.

Ce lieu était un site sacré, initialement dédié à Gaïa, protégé par un monstrueux serpent femelle dénommée Python. Ce monstre massacrait les hommes et les bétails qui passaient à sa proximité.
Apollon, décidé à construire un temple superbe sur les flancs du Mont Parnasse, qu’il aimait à parcourir en compagnie des Muses, tua Python d’une flèche terrible.
Afin de commémorer la victoire d’Apollon sur Python, les jeux Pythiques furent organisés et devinrent, au fil du temps, des jeux panhelléniques (communs à toute la Grèce antique) presque aussi importants que les jeux olympiques.
La victoire mythologique traduit le passage d’un état "primal", symbolisé par un serpent (reptile grossier) enfanté de la terre (Gaïa, déesse préhellénique), à un état "avancé" initié par un dieu solaire (Apollon Phébus) armé d’une puissance aérienne subtile (l’arc).
La mythologie nous indique aussi l’origine du nom de Delphes : une fois qu’il eut vaincu le serpent, Apollon s’interrogea sur l’avenir de son culte dans ce nouveau sanctuaire. Il aperçut un bateau de commerce crétois dans la baie, se transforma en dauphin, détourna les marins sur le site. Lorsque les marins, intrigués, se présentèrent à lui, Apollon leur offrit de s’établir dans son sanctuaire et d’en devenir les premiers prêtres.

 

1.b. L’Omphalos : le nombril du monde

Le prestige de Delphes était rehaussé sous l’Antiquité par la présence en son centre d’une pierre appelée « Omphalos » ou « nombril du monde ». Selon la mythologie, le dieu Chronos avalait tous ses enfants pour éviter que l’un d’eux ne le détrône. Mais son épouse Rhéa substitua une pierre à son fils dernier-né, Zeus, de sorte que celui-ci échappa à la fringale paternelle. Caché par Rhéa dans une grotte de Crète, il survécut et, devenu adulte, détrôna son père.
Chronos vomit alors tous les enfants qu’il avait précédemment avalés (les futurs dieux de l’Olympe), ainsi que la fameuse pierre que l’on peut encore aujourd’hui admirer à Delphes.

 

Activité Lettres, Histoire et Arts Plastiques : visionner une vidéo du site de Delphes en compagnie de Michel Bouquet, acteur de théâtre et de cinéma. Documentaire des archives vidéo de l’INA
Décrivez le site naturel. Sommes-nous en bord de mer ? Quels sont les trois monuments principaux ? Ont-ils un lien entre eux ? Quel élément intrigant se trouve au centre ? Que dit la mythologie à ce propos ? Y croyez-vous ? Comment présente-t-on Apollon ? Est-ce la présentation traditionnelle que l’on fait de ce dieu ?

1.c. Les jeux Pythiques ont lieu à Delphes pour honorer Apollon.

À l’origine (582 ou 586 av. J.-C.), ces jeux étaient exclusivement musicaux, et avaient lieu tous les quatre ans, en été. La manifestation connaissait 2 phases : la première : musicale, la seconde athlétique. En effet dans la zone monumentale, on trouve un théâtre, un stade, et un hippodrome.
La durée des jeux ne pouvait être inférieure à 4-5 jours. 1 pour les exécutions musicales, 2 ou 3 pour les épreuves athlétiques, 1 pour les courses de chars et de chevaux)
La récompense était en argent à l’origine, puis une couronne de laurier.
A l’époque de Pindare, les jeux se déroulaient
au pied du Mont Parnasse. Puis furent construits le stade. Le gymnase et la palestre étaient situés plus bas.

1.d. La vie religieuse : les sacrifices – les autels - les temples – les offrandes

 


2.a. Apollon : un dieu fascinant

Il est dieu de la beauté, de la Musique, de la Poésie et des Arts. Ami des fêtes et des chœurs, c’est une personnalité multiple.

Apollon pythien
Apollon est devenu l’archétype du dieu-devin, que l’on consultait par oracle surtout à Delphes. Les oracles qu’on y rendait sont encore célèbres et l’importance du sanctuaire oraculaire de Delphes nous a permis d’en suivre l’évolution, ainsi que d’en connaître certains détails importants pour appréhender l’art grec de la divination. Le temple était donc la résidence du dieu Apollon, qui proférait ses oracles par l’intermédiaire de la Pythie, une prêtresse, que l’on venait consulter sur les sujets les plus divers, d’ordre privé ou politique. Les oracles étaient transmis en des termes généralement incompréhensibles, que seuls les prêtres du sanctuaire pouvaient interpréter. Quand elle s’apprêtait à parler, la Pythie tombait en transe, elle entrait alors en contact avec Apollon.

2.b. Vitalité de l’oracle de Delphes

L’oracle de Delphes est resté très vivant et consulté jusqu’au IIe siècle av. J.-C. Parmi les témoignages les plus sûrs, nous avons ceux de Plutarque (v. 46-v. 120 ap. J.-C.), qui a assumé pendant 30 ans la charge de prêtre du temple d’Apollon, pendant les jeux pythiques, c’est-à-dire une fois tous les quatre ans.
Nous savons grâce aux fouilles menées à Delphes que le sanctuaire a été l’un des plus fréquentés et des plus riches. Les solliciteurs ne manquaient jamais d’offrir des cadeaux au sanctuaire et, pour cette raison, le sanctuaire débordait de richesses et de monuments splendides (statues, temples et trésors...). C’est devant les autels qu’on a retrouvé le plus de vases votifs.
La cité de Delphes prit dans l’Antiquité un rôle économique important : ville très fréquentée, l’argent y circulait (celui des taxes de consultation, des nombreux trésors offerts par les cités que l’oracle avait « favorisées », des offrandes, des achats de victimes sacrificielles que seuls les marchands de la ville pouvaient vendre, etc.). Apparurent, pour gérer ce flux monétaire créé par les consultations oraculaires, des changeurs et des prêteurs. C’est d’ailleurs à Delphes, au VIe siècle avant l’ère chrétienne, que les premières banques ont fait leur apparition.
La gestion du sanctuaire et de ses richesses revenait à un,conseil de douze délégués, qui représentaient les cités des alentours.


2.c. Organisation religieuse : l’approche de la Pythie

La prophétesse au sens grec : celle qui parle à la place [du dieu], est nommée la Pythie, « prêtresse pythienne »), choisie parmi les femmes de la région. Son nom vient d’une épithète d’Apollon, dit pythien à Delphes, parce qu’il y avait terrassé le serpent Python. La Pythie était souvent âgée, et Plutarque nous apprend qu’elle pouvait avoir une cinquantaine d’années, ce qui, pour l’époque, est un âge avancé. Celle-ci s’exprimait en vers (du moins s’est-elle exprimée ainsi pendant longtemps ; Plutarque fait cependant remarquer qu’à son époque elle ne le faisait plus, sans pouvoir expliquer pourquoi), et ses propos confus devaient être interprétés par un collège de deux prêtres, assistés par cinq ministres du culte. Chose exceptionnelle, ces charges étaient attribuées à vie.
La marche à suivre pour consulter le dieu était la suivante :

  • le consultant (qui ne pouvait pas être une femme), s’acquittait d’une taxe versée à une confédération de cités  ; les consultations pouvaient être demandées individuellement ou collectivement, pour une cité, par exemple. Le paiement d’une surtaxe ou des services rendus à la cité de Delphes permettaient d’acquérir le droit de promantie , c’est-à-dire celui de consulter avant les autres, et ainsi de passer outre la liste d’attente qui pouvait être d’autant plus longue qu’on ne pouvait consulter la pythie qu’un jour par mois ;
  • on menait le consultant dans l’adyton (ἄδυτον / áduton) du temple d’Apollon ;
  • il y rencontrait la Pythie, qui s’était purifiée, avait bu l’eau de la Fontaine de Castalie de Delphes et mâchait des feuilles de laurier. celle-ci était installée sur un trépied ;
  • le consultant offrait un sacrifice sanglant au dieu ;
  • le consultant posait sa question à la Pythie, question que les prêtres avaient souvent remise en forme ;
  • la Pythie, enfin, rendait l’oracle du dieu, qui parlait à travers elle ; cette réponse devait être rendue claire par les deux prêtres d’Apollon. D’après les témoignages, dont ceux de Plutarque, la Pythie n’était pas visible, et l’on n’entendait que sa voix.

2.d. Rôle politique de l’oracle de Delphes

Outre un rôle religieux majeur dans le monde antique — en effet, l’oracle d’Apollon n’était pas exclusivement consulté par les Grecs — les oracles de la Pythie ont tenu une place importante dans l’organisation politique grecque, même si ils n’ont pas toujours soutenu les actions du peuple grec.

2.e. Rôle spirituel et intellectuel de l’oracle de Delphes

Bien que souvent défavorable à Athènes, l’oracle a pourtant appuyé son action colonisatrice. C’est ainsi que la légende rapporte que la colonie de Cyrène, en Libye, fut fondée grâce à un tel oracle : un certain Bathos était affligé d’un bégaiement. L’oracle lui avait conseillé pour sa guérison de fonder une cité à Cyrène ; ce faisant, il y vit un lion. La peur causée par cette rencontre fortuite le guérit définitivement de cette affliction. Il existe nombre d’exemples de ce type.
Apollon n’était, en outre, pas le seul dieu résidant à Delphes : Dionysos était dit y passer l’hiver et Athéna y était aussi honorée ; la coexistence de ces cultes faisait dire aux anciens que la présence de l’oracle était un gage de respect mutuel.
Enfin, la ville de Delphes baignait dans un climat de piété et d’effervescence intellectuelle. On s’y dépouillait de ses masques sociaux, à l’image d’Apollon qui, fondant la cité, dut se purifier du meurtre de Python. La philosophie y était pratiquée et encouragée, et c’est un oracle de Delphes qui aurait poussé Socrate à enseigner, après qu’un de ses disciples y aurait appris que son maître était le plus sage des hommes. Plusieurs devises philosophiques ornaient la ville : « rien de trop » (μηδὲν ἄγαν / mêdén ágan), inculquant la mesure et le rejet des excès, « connais-toi toi-même » (γνῶθι σεαυτόν / gnỗthi seautón), sur le fronton du temple d’Apollon, maxime enseignant l’importance de l’autonomie dans la recherche de la vérité (formule que Socrate reprendra à son compte dans le Charmide) et celle de l’introspection, ainsi qu’un très étrange « Ε », aussi sur le fronton du temple et sur la signification duquel les Grecs se sont longuement interrogés, et qui pourrait être une manière de noter le mot εἶ / eĩ, « tu es », sous-entendu « toi aussi une partie du divin » ? Quoi qu’il en soit, la présence de l’oracle a fait de Delphes le lieu par excellence de la révélation à soi.


VI- Le temple grec

1- Des temples bleus, jaunes, rouges, verts… doriques, ioniques ou corinthiens

L’architecture grecque présente des formes simples et des contours nets. Les édifices sont caractérisés par des éléments linéaires et rythmiques. Des règles précises de proportions coordonnent l’ensemble qui doit être harmonieux. Il existe un rapport précis (canon) entre les parties structurelles et décoratives, à la base des ordres architecturaux. L’architecture du temple est basée sur le principe de l’équilibre visuel entre les éléments. Toutes les dimensions sont soignées. Proportions en hauteur et largeur, distance entre les colonnes, rythme de leur succession, rapport entre les pleins et les vides. L’unité de base est le diamètre de la colonne à sa base. Ce chiffre (le nombre d’or) va conditionner l’ensemble de la construction. Tous les éléments du temple (colonnes, architraves, chapiteaux, cella) forment un ensemble coordonné.
Le temple a pour fonction d’abriter la statue du dieu. Seuls les prêtres ont le droit d’y pénétrer.
Les cérémonies se déroulent autour d’un autel placé devant l’entrée. Cette entrée se situe à l’est.

2- Le plan du temple

est rectangulaire, mais peut être circulaire (en tholos).
Il comprend trois parties :

  • Le pronaos ou vestibule
  • Le naos ou sanctuaire
  • L’opisthodome, sans communication avec le naos. Il s’ouvre à l’ouest et abrite les offrandes faites au dieu.
    Si la colonnade fait le tour du temple, on dit qu’il est périptère.
    Le temple est construit en marbre prisé, mais aussi en calcaire. Il est rehaussé de couleurs dans sa décoration. (triglyphes : 3 stries alternées de métopes : plaques sculptées).
    Il comporte des frontons peuplés de sculptures. L’art du sculpteur est d’adapter la scène sculptée à l’ensemble de l’espace à disposition.

3- Les ordres, le rectangle d’or, la spirale d’or