Compte rendu de l'Université de printemps d'histoire des arts. publié le 12/06/2018  - mis à jour le 14/06/2018

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 A 15h

« Inhiber le réel pour imaginer ou rêver le possible »

Par Anne Amsallem.

Auteures :

Modification des intervenants en raison de la grève SNCF.
Fanny Campagne, professeur de lettres classiques.
Fanny Gayon , professeure de lettres au Lycée Léon Blum de Créteil.

Point de départ : questionner l’injonction « Arrête de rêver » , si souvent faite aux enfants et voir le rêve comme un outil pédagogique
La référence à Schiller (l’esthétique est une science de la sensibilité avant d’être une science du beau) permet d’interroger une relation possible entre le rêve, la contemplation, et un accès à la connaissance.

Fanny Gayon, professeur de lettres et d’HIDA et professeur relais au château de Vincennes

Deux constats :
Le rêve n’est pas aussi bien partagé entre tous les enfants et on retrouve les mêmes différences entre les élèves au point de vue du rêve qu’au niveau de la rationalité. En effet bien peu d’élèves rêvassent en cours mais dorment plutôt et l’élève poétique et rêvasseur est absent des classes.

La question du monument vide a son intérêt. On peut le remplir de rêve. Travail avec la musique, avec une conteuse/ imaginaire débridé au détriment de l’histoire
 Question de la transmission d’un patrimoine : se passe-t-elle obligatoirement par le savoir ?
 Question de la mémoire affective. Il y a une façon d’expérimenter l’espace, de le faire ressentir de manière sensible.

  • Exemple d’un évènement : Projet pluridisciplinaire du lycée Hector Berlioz.

Les élèves ont passé un an à vivre les espaces et à les investir. il y a eu une appropriation des lieux, une rencontre, qui les ont amené à créer des œuvres musicales, plastiques, littéraires.
Le rêve ne peut vraiment décoller qu’avec une expérience sensible. Cette expérience du sensible peut souvent faire défaut à nos élèves. Connaitre l’expérience de la nature, des sens, des éléments est primordial pour pouvoir rêver (cf Bachelard). C’est parfois une bonne chose que l’absence d’images car être abreuvés en permanence par un flot d’images peut faire obstacle à l’imaginaire et à la rêverie.

Fanny Campagne, professeur de lettres classiques : Le rêve entre les murs d’une salle de classe, au quotidien. Peut-on rêver dans un cours de latin ?

Le lien entre les langues anciennes et le rêve est primordial. Les langues mortes ne servent à rien. Or quand une chose est gratuite c’est pour le plaisir. Cela donne une valeur supplémentaire à la discipline. De plus, on peut noter la marginalité de ces options dans leur temps : soit très tôt le matin ou bien tard le soir : les moments d’étude sont glissés dans les interstices des autres matières, dans un temps un peu en marge de l’emploi du temps global.
Fanny Compagne note que la raison principale pour laquelle les élèves font des langues anciennes est la mythologie, les grands récits et traces fragmentaire des récits des anciens.
Le temps de cours n’est pas nécessairement un temps productif, utilitaire, mais peut donner lieu à des moments de rêves. Par exemple, dans la traduction, quand on traduit un nom sur une stèle on peut imaginer la vie de l’homme dont le nom reste gravé dans la pierre et dont on ne sait rien. Il y a une tentative de se projeter dans un passé qui n’est plus.
L’opposition entre le mythos et le logos montre qu’il n’y a pas d’obligation de faire quelque chose de ces temps de rêveries, pas de nécessité à produire tout de suite car, dans un premier temps du moins, le rêve peut se suffire à lui-même. Ensuite, pour que le rêve soit productif, il faut le réinvestir, écrire, pour se l’approprier et le déployer. Pour se donner le droit de rêver un élève doit faire confiance à son enseignant. Deux problèmes majeurs persistent cependant : celui des limites de l’imagination, et celui des limites du langage, du manque des mots pour traduire ses rêves.