Compte rendu du Festival d'histoire de l’art de Fontainebleau, 2017 publié le 04/09/2017

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Clémence Mergy a proposé une lecture des formes scolaires innovantes. Si la classe traditionnelle demeure dominante une réflexion montre qu’elle n’est pas sans alternative. La révolution numérique s’accompagne d’une réelle dématérialisation dans l’espace scolaire. Elle est prise en compte par les Learning piazza. Cet espace est un contexte d’apprentissage où la lumière, la posture naturelle au travail sont favorisées dans le but de rendre l’élève autonome et efficace. La table, la chaise, la rangée laissent la place au sofa, au tabouret, au bar, au gradin, au tapis mousse pour être en chaussettes. Il s’agit d’un espace ouvert où la position assise disparaît face à l’avachissement.
Ces intervenantes collaborent à la plateforme de réflexion Archiclasse, comportant de nombreuses illustrations.

ORLAN, Le corps entre nature et culture, entretien avec Thierry Dufrene par Skype

Le travail d’ORLAN se présente d’emblée comme contre nature et se proclame manifeste de l’art charnel. Le travail d’autoportrait au sens classique s’envisage avec les moyens techniques contemporains. Les déformations successives transforment le corps en ready-made. La démarche d’ORLAN s’oppose néanmoins au body art, qui fait de la souffrance une catharsis et de la douleur un moyen de rédemption. ORLAN n’est pas de ces artistes qui cherchent les limites physiques et psychologiques par rapport à leur corps mais vit au contraire son corps comme plaisir. Après le manifeste elle a subi neuf opérations chirurgicales (qui ont toutes été pratiquées avec un chirurgien féminin).
Le travail d’ORLAN interroge le statut du corps autant que la diversité et la relativité des critères esthétiques. Cet art charnel met en question le statut du corps (y compris médical) et pose des questions éthiques à la société. Être féministe pour ORLAN c’est prendre conscience d’un projet de société humain qui rejette les discriminations. Son projet de chirurgie esthétique n’a ainsi pas pour finalité de devenir plus belle mais de déréguler les normes sociales. Certains chirurgiens ont d’ailleurs refusé les interventions demandées en raison de cette normativité dominante dans la société selon laquelle la beauté doit rester l’idéologie dominante. Ainsi, le silicone, usuellement placé sur les pommettes, est détourné chez ORLAN dans une greffe sur les tempes.
Elle soulève en outre un ultime problème éthique lié à l’espérance de vie accrue grâce à la technologie : la discrimination devant le droit à vivre plus vieux, puisque la science permet d’accroitre l’espérance de vie de ceux qui ont les moyens économiques de le faire et non tous. Enfin elle évoque le fait que la nature nous oblige à un certain nombre de choses dont nous ne voulons pas. La vieillesse est difficile à accepter, ou encore la grossesse, qui peut apparaître comme un contrôle insupportable en tant que femme. ORLAN assume aussi la porosité de sa démarche avec le transhumanisme. Elle parle des droits de L’HUMAIN et non des droits de L’HOMME. Son angoisse devant la mort est telle qu’elle a fait une pétition contre la mort !

Pour parcourir l’œuvre d’ORLAN