« Carpeaux et Rodin, deux divins sculpteurs du XIXème siècle » publié le 14/01/2016

« Le thème de La Divine Comédie dans les arts du XIXème siècle »

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Carpeaux réalise le groupe intitulé « Ugolin » à la Villa Médicis à Rome. Au moment de sa réception, l’œuvre ne répond pas aux conditions dictées par l’Académie, qui veut des sujet mythologiques ou bibliques, comportant une ou deux figures et réalisables en un an. Elle est toutefois acceptée pour l’intérêt suscité à l’époque par ce thème.
Le sujet s’inspire de la Divine Comédie de Dante. Au Chant XXXIII de l’Enfer, Dante, conduit par Virgile, rencontre le comte Ugolin della Gherardesca aux Enfers. Ugolin raconte à Dante son châtiment : il s’est emparé du pouvoir à Pise (au XIIIème siècle) et a été enfermé par son ennemi l’archevêque Ubaldini dans une tour, avec sa descendance, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
L’épisode choisi par Carpeaux est celui où Ugolin se mord les mains de douleur et d’angoisse. Son visage est atrocement crispé. Le modelé du corps, en particulier du dos, est nerveux. Ses mains, telles des serres et surtout ses pieds posés l’un sur l’autre expriment une tension extrême.
Des enfants s’agrippent à lui. Le plus jeune est étendu à ses pieds. L’ainé a les joues creusées par la faim. Il implore Ugolin.
La composition est pyramidale. La patine noire du bronze crée un jeu d’ombre et de lumière qui amplifie le mouvement et le caractère dramatique du sujet. Les cheveux d’Ugolin paraissent blancs. Le volume est en ronde-bosse, c’est-à-dire que le bloc est travaillé sous tous les profils. On peut en faire le tour.
Chaque enfant représente une station vers la mort, partant de la position arquée debout, jusqu’au corps allongé.
Malgré la violence du sujet, la tendresse est perceptible dans les étreintes des enfants.

3 - Relier le texte à l’image

Les enfants, pensant qu’Ugolin se mord les mains de faim, lui proposent de manger leur chair….
Lisez la suite tragique :
Extrait du Chant XXXIII :

« Lorsqu’un faible rayon eut pénétré dans le triste cachot, et que sur quatre visages je vis mon propre aspect, de douleur les deux mains je me mordis ; et ceux-là, pensant que c’était par l’envie de manger, soudain se levèrent, et dirent : — Père, bien moins de peine nous serait-ce, si de nous tu mangeais ; tu nous as revêtus de ces misérables chairs, et toi aussi dépouille-nous en !... Lors je me calmai, pour ne pas les affliger plus. Ce jour et le suivant, nous demeurâmes muets. Ah ! terre barbare, pourquoi ne t’ouvris-tu point ? Quand nous fûmes au quatrième jour, Guaddo tomba étendu à mes pieds, disant : — Père, pourquoi ne me secoures-tu ?... Là il mourut : et, comme tu me vois, je vis les trois autres tomber, un à un, entre le cinquième jour et le sixième ; et moi, déjà aveugle, de l’un à l’autre à tâtons j’allais ; trois jours je les appelai après qu’ils fussent morts... Puis, plus que la douleur, puissante fut la faim. »
Source : wikisource.org

Une interprétation légendaire de ce chant de Dante veut qu’Ugolin ait dévoré ses enfants...
L’étude de la statuaire antique (ex. «  le Laocoon », qui faisait pendant à Ugolin aux Tuileries) et de la peinture (Le Jugement Dernier, à La Chapelle Sixtine) et sculpture (Tombeau de Laurent de Médicis à Florence) de Michel-Ange ont fortement influencé Carpeaux. L’impact de l’œuvre de Carpeaux opérera sur Rodin, lui aussi fasciné par Michel-Ange.

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classe de troisième

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