Débat mouvant en histoire / EMC : exemple sur la mémoire de l'esclavage publié le 11/10/2021

Débat mouvant - Présentation

Débat mouvant - Présentation

La stratégie du débat mouvant

Pas toujours facile d’obtenir l’implication de tous les élèves lors d’un débat...

Le débat mouvant est une forme de débat qui permet à chaque participant de prendre position physiquement par rapport à une affirmation portant à débat en se plaçant d’un côté ou de l’autre de la salle ("d’accord" ou "pas d’accord").

Cela oblige ainsi chaque élève à s’impliquer dans l’échange, au moins par un positionnement dans l’espace. Le débat mouvant oblige également chaque "camp" à réfléchir à ses arguments pour justifier sa position (collaboration). Il permet à chacun de prendre la parole (s’exprimer à l’oral) et de changer de camp au cours du débat (faire preuve d’esprit critique, capacité à prendre en compte l’avis des autres).
La démarche est expliquée dans cette courte vidéo :

Le débat mouvant - Explication

La même vidéo disponible sur Peertube :
 Le débat mouvant : Explication - PeerTube

Avant de lancer un débat mouvant en classe, il est bien entendu évident qu’il faut en expliquer clairement les règles pour s’assurer d’un bon déroulement de l’activité.
Voici donc un court diaporama pour présenter le débat mouvant à vos élèves :

Débat mouvant - Diaporama de présentation aux élèves (PowerPoint de 398 ko)

Débat mouvant en histoire / EMC : exemple sur la mémoire de l’esclavage - Académie de Poitiers.

Pour en savoir plus :
 Fiche Canopé sur le débat mouvant

Les compétences engagées

Le débat mouvant engage un certain nombre de compétences disciplinaire (s’exprimer à l’oral) et d’EMC (voir ci-dessous). Il est cependant difficile de les évaluer pendant le débat. Il faut donc le considérer comme une activité formative permettant de faire le point sur ce que doit être un débat, sur la forme et sur le fond : les arguments valables, une attitude respectueuse, une capacité à exprimer son avis mais aussi à écouter celui des autres, un esprit critique, comprendre que changer d’avis n’est pas une faiblesse mais au contraire un signe de maturité... Au cours du débat mouvant, l’enseignant peut ainsi intervenir pour faire si besoin de courts points méthodologiques qui feront sens pour les élèves. Voici aussi une courte activité préparatoire qui peut éventuellement être utile en amont pour rappeler quelques bons réflexes de débat :

Débat - Méthode (OK) by nalletprof17 on Genially

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Compétences en EMC :

  • Sensibilité : exprimer son opinion et respecter celle des autres
  • Règle et droit : respecter les règles communes du débat
  • Jugement : confronter son opinion à celle des autres, adopter une réflexion critique (changer d’avis, l’ajuster...)
  • Engagement : prendre une part active dans le débat mouvant

L’exemple du débat mouvant autour de la mémoire de l’esclavage

Voici une proposition de débat mouvant autour de la mémoire de l’esclavage, une activité qui intervient au terme de l’étude de la traite négrière et du commerce triangulaire au programme d’histoire de 4ème ("Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux et traites négrières au XVIII.e siècle".
Durée : environ 30 minutes.
Les affirmations à débattre sont proposées dans un diaporama Genially à projeter au tableau, les deux camps "d’accord" ou "pas d’accord" se situant à gauche et à droite du tableau.

Ces affirmations ne sont que des propositions et sont évidemment critiquables. A chacun donc de les ajuster en fonction de ses choix.

Débat mouvant - Esclavage by nalletprof17 on Genially

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Si l’enseignant doit rester en retrait pendant les échanges entre élèves autour de chaque proposition, il est cependant souvent utile qu’il fasse une mise au point au terme de chacun de ces mini-débats.

Quelques pistes sur les affirmations proposées dans ce débat :

  • "1 - L’esclavage doit être considéré comme l’une des pires horreurs de l’histoire, peut-être même la pire de tous" : l’occasion de rappeler l’ampleur de la traite atlantique, d’introduire la notion de crime contre l’humanité (cf loi Taubira du 21 mai 2001), mais aussi de débattre de la pertinence de hiérarchiser les drames de l’histoire.
  • "2 - Chaque Français doit connaître l’histoire de l’esclavage pour comprendre le monde actuel, être un citoyen éclairé" : l’occasion de faire le point sur l’intérêt d’avoir une culture historique minimale pour comprendre le monde actuel (tensions toujours vives autour de ce sujet aujourd’hui) et agir en citoyen éclairé (l’esclavage n’a pas disparu et reste un combat à mener).
  • "3 - Organiser des commémorations officielles de l’esclavage chaque année est inutile : c’est trop" : l’occasion d’évoquer la notion de devoir de mémoire, notamment en direction des plus jeunes générations, et de l’importance d’une reconnaissance officielle, étatique.
  • "4 - La France devrait indemniser par de l’argent les actuels descendants d’esclaves des Antilles, de La Réunion..." : une demande de réparations réclamées par certaines associations (MIR). Difficile question de l’intérêt et de la légitimité d’une compensation financière (demande pour l’instant retoquée en justice).
  • "5 - Il faut détruire toutes les traces encore visibles de l’esclavage dans nos villes, sur nos monuments..." : l’occasion d’avoir une réflexion sur les traces de notre passé : faut-il les effacer pour permettre de "passer à autre chose" ou doit-on les conserver en les expliquant ?
  • "6 - Il faut supprimer les statues des personnages historiques qui ont eu un lien avec l’esclavage." : cf. statue de Colbert taguée devant l’Assemblée nationale et statue de Schoelcher renversée en Martinique. Affirmation qui renvoie un peu à la précédente, avec cependant la dimension plus forte d’un mise en exergue officielle de certains personnages. Faut-il détruire ces statues et changer de figures symboliques ? Faut-il les accompagner de panneaux explicatifs ? Ne faut-il pas ajouter d’autres statues plutôt que d’en retirer ? ...
  • "7 - Ceux qui défendent l’esclavage en y voyant des aspects positifs ou en minimisant la souffrance des Africains déportés doivent être condamnés fermement." : l’occasion d’introduire la notion de négationnisme, et de la nécessité de condamner certaines opinions (racisme...). Attention cependant : "l’apologie de l’esclavage" n’est pas condamnée en France comme les autres situations de "apologies de crimes contre l’humanité".
  • "8 - L’école est une forme d’esclavage des jeunes." : une dernière question plus légère, plus humoristique pour clore un débat dense et à forte charge symbolique.
Photo 1 - Prise de connaissance d'une affirmation

Photo 1 - Prise de connaissance d’une affirmation

Photo 2 - Débat

Photo 2 - Débat

Pour aller plus loin : imaginer d’autres sujets de débat mouvant

La stratégie du débat mouvant se prête à plusieurs sujets de géographie ou d’histoire (le développement durable, la figure et l’héritage de Napoléon etc), et bien sûr encore davantage aux sujets d’EMC comme par exemple certains questionnements autour de la laïcité (Faudrait-il autoriser la pratique religieuse sur le lieu de travail ? Faudrait-il changer les jours fériés essentiellement basés sur les fêtes chrétiennes ? etc).