FIG 2020 : Grand débat : Climat, les responsabilités des Etats-Unis publié le 04/10/2020

Climat (s) FIG 2020

Rendez-vous incontournable du monde de la géographie, le Festival International de Géographie a eu lieu les 2, 3 et 4 octobre 2020 à Saint-Dié-des-Vosges.

Le vendredi 2 octobre a eu lieu un grand débat sur "climat : responsabilité des États-Unis avec Sylvestre HUET « Le climat en 100 questions » (Tallandier), et Thierry PAQUOT « L’Amérique verte : portrait d’amoureux de la nature » (Terre Urbaine)

Sylvestre Huet est un journaliste français spécialisé dans les sujets scientifiques. Journaliste à Libération à partir de 1995, il anime dès 2008 le blog sciences² hébergé par le journal, jusqu’à son départ du quotidien en janvier 2016. En mai de la même année, l’activité du blog reprend sur la plateforme du Monde.

Thierry Paquot est philosophe et urbaniste, professeur à l’Institut d’urbanisme de Paris (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne)

Le titre de ce grand débat est lui-même une prise de position. On considère de suite que les États-Unis ont une responsabilité dans les changements climatiques.

Intervention de Sylvestre Huet :

Mais quelle responsabilité ?

Les États-Unis sont devenues la 1ère puissance mondiale en fondant leur puissance sur l’exploitation sans frein des ressources naturelles : charbon, pétrole.
La synergie entre un sous-sol très riche en énergie fossile et l’envie de puissance est un peu symbolisée par la famille Bush. Georges bush senior était un pétrolier. Toute leur politique concernant l’usage des sous sols, de la fiscalité ou de la technologie a encouragé l’usage des énergies fossiles.
Les changements climatiques sont liées à l’usage des énergies fossiles. Alors on est obligé de se poser la question de la responsabilité des États-Unis.
Si les États-Unis utilisent historiquement les énergies fossiles, ils continuent de le faire. Ce pays est le deuxième plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de la planète après la Chine. Si on compare les États-Unis avec un territoire à niveau de vie égale comme l’Europe, ceux-ci émettent deux fois moins de CO2 par habitant que les États-Unis.

Emetteurs de CO2 par hb

Source : lemonde.fr

Après 1992, quand la convention de Rio est signée l’objectif climatique était d’éviter un changement climatique pour les générations futures avec un traitement différencié entre pays riches et pays pauvres. Les pays riches auraient alors du commencer à réduire leurs émissions afin de compenser le développement des pays pauvres. Ainsi les émissions de CO2 de la Chine ont fortement augmenté. En 2017, ces émissions s’élèvent à plus de 7 tonnes par hb. Mais c’est à ce prix que 400 millions chinois ont pu sortir de conditions de vie très difficiles. Les pays riches n’ont pas pris leur part de responsabilité comme cela avait été prévu en 1992.
Pourtant , au début du dossier climatique en 1979, les scientifiques américains ont joué un rôle majeur : l’essentiel de la prévision du changement climatique sous l’effet de l’émission de CO2 y était.
Au milieu des années 80, cette question émerge politiquement. Lors d’un G7, R. Reagan et M.Tatcher insistent pour créer le GIEC1 Ce dont ils avaient peur c’est que l’ONU prennent la chose en main. Les américains espéraient avoir le contrôle sur ce GIEC. Mais ils se sont trompés. Le premier rapport du GIEC n’est pas très développé mais cette machine GIEC a été pris en main par la communauté scientifique qui a profité des contradictions d’intérêts des différents gouvernements.

Aujourd’hui le gouvernement des États-Unis est en totale contradiction avec les résultats de ces scientifiques. Mais B. Obama n’a pas non plus enclenché une politique climatique sérieuse.
C’est très difficile de faire une politique climatique sérieuse, cela veut dire qu’il faut se priver de 8O% de l’énergie dont on dispose. Dans les pays développés occidentaux, il y a eu une transformation profonde des modes de vie après la Seconde guerre mondiale avec le développement de l’usage facile des énergies. C’est difficile dans une société de consommation mondialisée d’arriver à s’organiser autrement en associant le social, l’économie et l’écologie. Pour qu’une société accepte un niveau de sobriété, il ne faut pas qu’elle soit captée par le haut de la pyramide de consommation. Il faut diminuer la frénésie de consommation. Est-ce possible ?

Intervention de Thierry Paquot

La pensée environnementale aux États-Unis

La pensée environnementale aux États-Unis est ancienne même si les dirigeants actuels les ignorent complètement.
Le prochain ouvrage de Thierry Paquot s’intitule "L’Amérique verte, portraits d’Amoureux de la nature" et paraitra le 20 octobre 2020.
C’est une invitation à rencontrer des auteurs américains du XIXe siècle, incontournables et connus pour avoir marqué la pensée internationale, et éveillé les consciences quant au rapport de l’homme à la nature et de l’écologie en général.

Il y a aux États-Unis des écologistes dont on ne parle jamais en France. On vit autrement dans certains quartiers !
Mais cela ne touche pas grand monde. 20 millions d’Américains appartiennent à des mouvements associatifs écologistes. Il y a des sensibilités mais pas de réelles structurations politiques.
Alors pourquoi ces mouvements associatifs qui existent depuis un siècle n ‘arrivent pas à conscientiser les Américains ? Les Américains ne sont pas dans la perception d’appartenir au cosmos ! Aux États-Unis, ils ne se rendent pas compte qu’ils transforment leurs terres, leurs paysages magnifiques...

(1) Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat est un organisme intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de l’ONU. Il regroupe actuellement 195 États.