L’Afrique : croissance démographique et nouvelles dynamiques spatiales publié le 12/10/2017

Retour sur le Festival International de Géographie de St Dié des Vosges 2017

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Les limites de la ville africaine

La gouvernance des villes est trop souvent en échec. La planification urbaine ne fonctionne pas à cause de la rapidité de la croissance et au mode d’habitat des populations. L’urbanisme partagé ou coopératif peut être une solution : toute décision doit être négociée avec les populations. Par exemple, la question de la collecte de déchets : des associations gèrent la collecte mais personne ne vient les chercher et donc leur traitement n’est pas écologique. Cette gouvernance suppose une intervention de l’état mais on ne reste que sur des logiques de courtes durées.

Un continent qui s’ouvre à de nouveaux partenariats.

De nouveaux partenariats sont apparus ces dernières années, même si l’Europe continue de peser dans les échanges et n’a pas encore été supplantée par le partenaire chinois qui est forte croissante (27% par an). L’idée des partenaires émergents (Chine et Inde) est de ne pas se positionner sur les questions de politiques intérieures mais de financer des équipements publics ou des projets d’aménagements en échange de la concession de l’exploitation de ressources. L’Inde est très présente dans le commerce, les mines et l’automobile. Le Brésil est présent dans les pays lusophones : le pétrole, l’agriculture qui alimentent le modèle dualiste et aide les deux côtés (agrobusiness et agriculture familiale). L’influence turque se fait sentir dans le Nord mais aussi en Soudan, en Somalie. Singapour et la Malaisie sont très implantés dans certains secteurs (huile de palme) car les contraintes sociales et environnementales sont moindres qu’ailleurs. Des émergents africains sont aussi présents : l’Afrique du sud (sécurité, mines), le Maroc, en tant gros producteur de phosphate revient en Afrique après s’être beaucoup tourné vers l’UE. L’objectif des Marocains est de promouvoir un grand mouvement de « Révolution verte » leur permettant de fournir un débouché à leurs engrais.
Certains chinois sont restés après être venus comme ouvriers dans des travaux d’infrastructures, et ont ouvert des commerces, des officines de médecine chinoise… Beaucoup d’infrastructures ayant vu le jour grâce à l’aide chinoise, les gouvernants africains savent désormais qu’ils disposent d’autres options que celles proposées par les institutions de Bretton Woods, les 20 ans d’ajustements structurels ayant complètement empêché les projets locaux de se développer et d’être pris en main par les autorités des pays. L’irruption des capitaux chinois et indiens a changé la donne et a des conséquences sur la vie quotidienne. La consommation de motos indiennes et chinoises ou des tricycles indiens qui peuvent être réparés localement a ainsi crée une révolution dans les campagnes (vois l’exemple du nord Cameroun).
Les « Package deal » ont souvent été très favorables aux investisseurs issus des pays émergents et les exigences environnementales ont tiré les normes vers le bas (ex : le barrage de la grande renaissance éthiopienne construit par les chinois car la banque mondiale avait refusé de le construire pour des raisons environnementales). Les chinois sont impliqués dans le pillage et les trafics : ânes au Sahel (la prédation privant les particuliers de ces animaux), rhinocéros et éléphants. La corruption est pratiquée à grande échelle.
Du point de vue industriel, ces nouveaux partenaires offrent de nouvelles possibilités comme l’ Éthiopie qui accueille les délocalisations du textile chinois. La capacité des gouvernants africains à négocier des partenariats équilibrés est plus que jamais importante, mais il faut dépasser la corruption.