Frida Kahlo « Autorretrato en la frontera » : Espagnol (A2 / B1)) / Histoire des Arts publié le 02/04/2015  - mis à jour le 23/06/2017

Proposition de Mme Michèle Stadnik, professeur d’espagnol au Collège de l’Atlantique d’Aytré (La Rochelle)

Le programme de l’épreuve d’Histoire des Arts pour l’année 2015 du collège de l’Atlantique d’Aytré s’articule autour du thème de l’engagement et des œuvres suivantes :
La chanson « Le déserteur » de Boris Vian, le tableau de Otto Dix « Der Krieg », la nouvelle « Matin brun » de Franck Pavloff, le tableau « Autorretrato en la frontera » de Frida Kahlo, une chanson « L’opportuniste » de Jacques Dutronc.
Je propose une exploitation pédagogique du tableau de Frida Kahlo qui prenne en compte les impératifs de notre discipline tout en préparant les élèves à l’épreuve de HDA.

Préparation pédagogique pour l’épreuve de HDA 2015 sur le tableau de Frida Kahlo « Autorretrato en la frontera  » sur le thème de l’engagement

Frida Kahlo,
Autorretrato en la frontera

Une œuvre engagée, pourquoi ?

Un engagement personnel

Un choix de vie : une artiste mexicaine qui séjourne aux USA (1930-1934) ; le rôle de la femme (peintre ici) ; son métissage culturel (mexicaine/espagnole et allemande/ juive).

Un engagement politique

Dénonciation d’un pays hyper industrialisé, d’un progrès envahissant et destructeur face à un pays traditionnel, au passé glorieux et riche, mais rétrograde dans le présent.

Œuvre à caractère prospectif

Elle préfigure l’émigration mexicaine et sud américaine vers les USA pour des raisons économiques, et les idées écologiques sur la destruction du milieu naturel au profit de l’industrialisation.

Retour à l’art primitif précolombien

Frida choisit une peinture naïve, populaire qui renonce à l’apport culturel européen associé à la colonisation espagnole et à la destruction de la culture indigène.

Les modalités pédagogiques de mise en œuvre

A) Faire une recherche en travail personnel sur la peintre mexicaine Frida Kahlo :

Frida Kahlo
  • ses origines, sa vie et son œuvre, sous forme de diaporama documenté ou de document texte illustré numérisé (en français, puis mise en commun des recherches et bilan retenu (trace écrite) : Sa double origine (par sa mère, mexicaine/espagnole, par son père, allemande/juive et sa double culture (Nord/Sud) cf. le tableau et sa binarité : l’opposition des deux mondes le Nord industrialisé et moderne, le Sud préservé et nostalgique d’un passé glorieux.
  • Ses problèmes de santé divers (ses maladies, la poliomyélite, son accident de bus et l’amputation de sa jambe).
  • Sa rencontre avec son futur mari, le peintre muraliste mexicain Diego Rivera, l’importance qu’il a pris dans le parcours artistique de Frida Kahlo,
  • son engagement politique
  • le séjour aux USA de 1930 à 1934.

    B) Étude du tableau en classe avec les élèves :
    On attirera l’attention des élèves sur la binarité du tableau en zoomant sur deux objets très différents : pyramides et fumées des tuyaux, pour montrer l’opposition entre le passé et tradition, avec le présent ou l’avenir et le modernisme.
    Les deux drapeaux mexicain et américain pourront apporter la lumière sur les deux pays qui sont évoqués et s’opposent : le Mexique et les USA.
    Les élèves décriront la partie gauche (Mexique) en l’opposant à celle de droite (Amérique du nord).
    On fournira le lexique nécessaire que les élèves demanderont, pour les aider à décrire le tableau :

  • Las estatuas - Las muñecas - La pirámide azteca - Las plantas - La calavera - La naturaleza - El pasado antiguo
  • Los rascacielos - Las máquinas - Los cables - El humo - La contaminación - La bandera - El modernismo

Ils auront besoin aussi de la langue pour le commentaire analytique : «  sugerir, aludir, simbolizar, yuxtaponer, oponer  ».
Puis les élèves en viendront à se centrer sur la protagoniste en position centrale (ses vêtements, son attitude, son visage, le drapeau qu’elle tient d’une main, et de l’autre la cigarette).
On complètera le lexique au fur et à mesure : una mujer, vestir guantes, lucir un traje de gala rosa, tener un cigarillo et en zoomant sur le socle avec l’inscription gravée « Carmen Rivera pintó su retrato, el año 1931 ». On amènera les élèves à commenter la différence entre l’artiste-peintre Frida Kahlo et la femme Carmen Rivera du peintre Diego Rivera.

La position centrale de la protagoniste sera à mettre en relation avec le titre « En la frontera », située entre deux pays, deux civilisations et on induira son origine mexicaine, espagnole, juive allemande, en somme sa multi culturalité.
L’air pensif de la protagoniste « parecer meditativa, pensativa », sa position statique « estar de pie » suggèrent le déchirement auquel est soumise la femme (doit-elle renoncer au Mexique, son passé et se tourner vers l’avenir : l’Amérique du Nord ?).

Et c’est son histoire personnelle puisqu’elle a émigré avec Diego Rivera temporairement aux USA, d’où le titre de « Autorretrato en la frontera ». Cette femme « en la frontera » n’est-elle pas le symbole de tous les postulants à l’émigration des pays d’Amérique Latine vers les USA ? (cf. les films « Sin nombre », « Los Mojados »…).
On aidera à l’expression : la emigración a / dejar a/soñar con/ anunciar/ no sólo… sino también/ la historia de …/ Latinoamericanos…

On conclura sur la dénonciation portant sur plusieurs niveaux : social/ historique/ personnel/ culturel.

  • Le déchirement personnel de l’artiste entre deux cultures (celle du Mexique ou celle des Etats-Unis).
  • Le déchirement culturel entre un passé glorieux et un présent ou avenir plus sombre.
  • Le déchirement entre un milieu naturel authentique et un environnement moderne, sculpté par le progrès technique aux dépens du milieu naturel (dimension écologique).
  • Le déchirement entre un monde authentique, basé sur des valeurs simples et traditionnelles, et un monde basé sur le développement de l’industrie, comme le symbolise le métal, matière sur laquelle cet autoportrait a été peint (denunciar el desgarro/ un mundo auténtico/ moderno).

On abordera la distanciation de la peintre Frida Kahlo par rapport à la femme Carmen Rivera. Est-ce un autoportrait de la femme de Diego Rivera ou de la femme devenue peintre ? (ser la mujer de… o la pintora/ un pasado histórico/ un pasado bonito, sencillo, auténtico/ un porvenir moderno, contaminado/ el progreso/ el metal/ distanciarse de…).

Et l’on terminera sur l’engagement polymorphe du tableau peint par l’artiste : expliquer en quoi cette peinture est une œuvre engagée :

  • au niveau personnel : la femme qui s’affirme comme artiste autonome et non pas comme seulement la femme d’un artiste (cf. le socle différent du titre du tableau).
  • au niveau artistique : le choix d’une peinture sur métal, dépouillée et naïve renvoyant à une tradition préhispanique, avec des référents indigènes.
  • au niveau politique, économique et culturel : l’opposition de deux mondes, l’un tourné vers un passé mythique idéalisé, l’autre représentant le progrès d’un monde libéral, industriel et capitaliste, qui symbolise l’avenir.

On mobilisera des expressions sur demande des élèves telles que : ser una obra comprometida/ una pintura sobre metal despojada e ingenua, prehispánica o precolombina/ un pasado mítico idealizado/ el progreso de un mundo liberal, industrial, capitalista/ simbolizar, representar/ el porvenir.

C) Exploitation de « Obras de arte de Frida Kahlo »  Vida y época de Frida Kahlo 
Lecture des différents commentaires à placer sur différentes parties du tableau
Sur cahier, trace écrite de certains commentaires

EOC : Presentar en grupo de dos alumnos el cuadro de Frida Kahlo. Explicar en qué es una obra comprometida (engagée). ¿Qué problema plantea, qué denuncia ?

En prolongement, pour approfondir et susciter la réflexion, proposition d’un extrait du film « Un franco, 14 pesetas » ou/et du film « Sin nombre » : 2 films qui traitent de l’émigration pour des raisons économiques ; le premier de l’Espagne vers la Suisse dans les années 1960, le second du Honduras vers les USA à notre époque, avec le même objectif qui traverse les décennies et les siècles : trouver un Eldorado pour y vivre mieux, malgré tous les obstacles rencontrés pour émigrer.

D) Visionnage d’un extrait du film « Frida Kahlo » avec Salma Hayek pour illustrer et favoriser la fixation des connaissances.
Document complémentaire (Extraits de commentaires à placer sur le tableau pour asseoir la compréhension du tableau, et fixer les outils de langue pour l’EOC)
« Autorretrato en la frontera » de Frida Kahlo (óleo sobre metal) : analyse détaillée en espagnol
Élucidations en espagnol sur des parties du tableau à partir du site « Obra y vida de Frida Kahlo » 

Aproximación al cuadro detallada

1) Frida representa a una norteamérica industrializada, lejana y agreste, a través de rascacielos de hierro, chimeneas soltando humo y maquinarias extrañas.
2) Para F.K. Estados Unidos es un lugar de máquinas mientras que « el méjico agrícola es por otra parte un lugar para la vida, el contacto humano, la belleza… »
3) Estos cables enroscados y esparcidos por el escenario de los Estados Unidos se transforman en raíces de plantas germinando al otro lado de la frontera en México.
4) Frida está parada sobre la línea que representa la frontera entre E.U. y México. Esta situación representa la dualidad en la que se encuentra viviendo entre dos mundos diferentes y, al mismo tiempo, un recordatorio sobre su doble origen ; su mamá fue una mejicana mestiza, mitad india, mitad española, y su padre un alemán judío immigrante a México.
5) Los guantes que viste, largos y elegantes dan la impresión de que está a punto de asistir a una ceremonia formal de té al mismo tiempo el cigarrillo que sostiene en una de sus manos muestran un signo de rebelión.
6) Con tono color tierra, plantas florecidas y nubes esponjosas, Frida contrasta el vecino industrializado del norte con el paisaje natural de su tierra mexicana.
7) Las muñecas están recostadas sobre la calavera ; esta yuxtaposición se refiere al ciclo de vida y muerte.
8) La calavera es una imagen recurrente en la obra de Frida, está relacionada con el culto que los mexicanos tienen hacia la muerte como algo inevitable y parte del ciclo natural de la vida. La propia experiencia de Frida al vivir gran parte de su vida al borde de la muerte, puede ser también la razón por la que elle haya adoptado el uso de este símbolo poderoso y de manera personal.
9) La historia mexicana es muy antigua y profunda. La presencia de este templo en la obra da cuenta de ese pasado remoto, un pasado que es parte integral en la vida y obra de F.K. Como parte del movimiento de la mexicanidad imperante en la época, Frida al igual que otros artistas, rechazaba cualquier tradición europea y se dedicaba a explorar sus raíces y cultura indígena.
10) La yuxtaposición del sol y de la luna está relacionada con el concepto azteca de la dualidad ; así la relación entre los opuestos como el día y la noche, lo masculino y lo femenino, la vida y la muerte, definen el ciclo de la vida.

Frida Kahlo