Petición de mano (A1 / A2) publié le 13/06/2013  - mis à jour le 23/04/2019

La place de l’oral en cours d’espagnol.

Objectif de la séquence

Objectif de la séquence : l’interaction orale : créer une courte saynète à deux, à partir des faits de langue mémorisés dans la séquence. Tous les supports convergent vers ce travail de réception et de production : una petición de mano.

L’objectif principal est de bâtir des bases solides et les habitudes de la prise de parole et de l’interaction.
La progression permet de montrer comment passer de la langue d’imitation à la langue de création : ou de la langue de reconnaissance à celle de l’exploration. Cette étape clé dans le parcours d’apprentissage des élèves correspond également, plus tard, au passage du niveau seuil A1/2 au niveau dit de l’indépendance B1.
Il est important de ne pas négliger cette phase initiale de « récitation » de restitution de faits de langue mémorisés. Ce moment va constituer un « socle » rassurant qui pourra servir de base pour désinhiber certains élèves.

Intérêt de la séquence

Les documents abordés permettent de mettre en œuvre des stratégies multiples au service de l’oral : la mémorisation puis les jeux de rôle et la représentation théâtrale.
Cette démarche de théâtralisation permet également de solliciter les compétences sociolinguistiques (ici, politesse, registre de langue) et pragmatiques (ici, persuasion, démonstration, indignation.…)
Il s’agit donc d’un objectif résolument théâtral qui vise à instaurer dans le travail collectif les notions de jeu et de plaisir.

• De la mémorisation à l’acquisition.

Pourquoi fournir un effort de mémorisation ? Il faut mettre en évidence auprès des élèves la plus-value de leur effort. «  Je construis peu à peu mon autonomie  ». Cela sert à préparer le travail final, à donner le plus de latitude possible lors des échanges pendant les entraînements et les évaluations.

Le professeur doit montrer à sa classe comment constituer un « bagage », une « boîte à outil », une réserve de mots disponibles immédiatement, sans toutefois sacrifier la cohérence des échanges et sans avoir recours systématiquement à une construction syntaxique, (dans un premier temps, bien sûr). La syntaxe est « automatisée » et lors de ces premières récitations d’énoncés, il n’y a pas d’encodage du discours.
L’élève de collège en A1, est en tout début d’apprentissage, comme un enfant qui apprend à parler sa langue maternelle. Celui-ci imite, sans hiérarchisation syntaxique. C’est l’apprentissage lexicalisé et celui-ci constitue souvent une étape, un passage obligé avant la mise en place progressive de l’organisation du discours et de l’autonomie langagière. Il est important de ne pas brûler cette étape.

La restitution des faits de langues mémorisées peut être également une des réponses à l’hétérogénéité de la classe. Cela permet de ne pas « perdre » des élèves décrocheurs dans une mise en œuvre qui ne solliciterait que la langue de création ou d’exploration ou que des réemplois « recontextualisés ».

Évaluation finale : mise en place d’un dialogue

L’Expression Orale Interactive : la base du langage et une compétence majeure et difficile.
L’EOI est une activité langagière complexe qui réunit à elle seule (réception/production en interaction et en continu). Cette activité langagière est omniprésente dans nos cours, c’est elle qui est systématiquement mise en place pour rendre compte lors d’un travail de réception. C’est la « langue de la classe », de la « participation » qui est à la fois un moyen, et un objectif.

Il est difficile d’évaluer cette activité langagière ; la prise de parole est rapide, fugace. Le professeur peut associer ses élèves à l’évaluation finale si celle-ci est réalisée en cours. S’il en a la possibilité, il peut filmer les échanges pour se donner les moyens par la suite de mieux évaluer. Les élèves peuvent revoir le travail de production finale et tirer profit d’une correction formative dans le cadre d’une évaluation sommative. Cette correction collective est à nouveau l’occasion de solliciter l’auto puis l’inter correction.


Vers une représentation théâtrale plus autonome

L’objectif de cette progression est de mettre en œuvre tout au long de la séquence des situations d’entraînements, de mémorisation, qui peu à peu, dans une perspective tout d’abord formative vont contribuer à construire, étape après étape un bagage suffisant pour réaliser l’évaluation finale.
Pour cela, les dialogues, les extraits de pièces de théâtre ou de film vont conduire les élèves vers une certaine autonomie. Cette langue mémorisée, cette langue dite d’imitation par le jeu permettra en bout de course de construire un échange suffisamment personnel qui relèvera aussi de la langue de création sans sacrifier la notion de cohérence. Cela constitue la vraie difficulté de l’activité car il faut bien faire attention à ce que dit la personne qui est en face de vous !
« Le sens se négocie au fur et à mesure de l’échange. » (CECRL).

Les documents. Quelques pistes de réflexion pour la mise en œuvre

Il s’agit d’une séquence multi langagière et variée quant à la nature des supports (réponse aux intelligences multiples). Elle est constituée de documents parfois très courts (6 documents traités en 1 séance, parfois, moins).

Objectifs linguistiques majeurs : impératif, défense, subjonctif présent, passé composé. Les personnes du discours yo et , le vouvoiement de politesse. Le lexique et la syntaxe du désaccord, l’expression du souhait et des sentiments, des goûts, de la douleur. Quelques interjections seront demandées également dans la tâche finale.

Étape 1 Pas de téléphone…Nicolás Guillén

Compréhension de l’oral et de l’écrit puis expression orale. Pirulí 6°/5° Page 21. Éditions Didier.

Le petit poème est vidéoprojeté (avec l’image de la tour Eiffel) et donc lu et écouté en classe. En tout début de séquence, il doit surprendre les élèves. (Le vers en français y est pour quelque chose). Le but est d’élucider le mystère du vers en français, de formuler des hypothèses de sens qui vont tendre vers la reformulation du petit poème puis sa mémorisation.
Mise en œuvre et entrée dans le document : « Pas de téléphone ». Partir du connu ; ici le vers en français pour formuler des hypothèses et inférer collectivement ce qui est inconnu. Es el novio, a lo mejor, está lejos de … Espera una llamada… por eso dice…también comprendemos por qué le duele el corazón porque está lejos de ... Le professeur peut déjà demander à la classe quels seront les mots ou faits de langue qui pourront être transférés dans la tâche de fin de séquence. : "Lejos de ti. Me duele el corazón. ¿Qué hacer para saber si a ti te duele el corazón ?"

Travail demandé :
Afin de pouvoir insérer une partie du poème dans un travail ultérieur, il est demandé aux élèves de la mémoriser. Cela peut être fait en classe de façon ludique en sollicitant la "mémoire immédiate".

Étape 2 Extrait tiré de Don Perlimplín con Belisa en su jardín. Federico García Lorca. Cuadro tercero.

A partir de la didascalie :"Perlimplín se oculta en un rincón" jusqu’à la réplique de Belisa «  Dame esa carta  ». Version PDF en ligne pages 7 et 8.

Activités langagières : Compréhension de l’écrit, puis expression orale. Cet extrait permet déjà de mettre en place le jeu théâtral qui sera demandé en fin de séquence. Après les activités de compréhension et de restitution, le dialogue sera mémorisé puis « joué » à trois. Il s’agit déjà en collège d’une véritable interaction, même si le texte a été mémorisé. Les exigences sont multiples et réelles : il faut mémoriser, mettre le ton, montrer que l’on a compris les didascalies. Une note peut déjà être donnée aux élèves afin de les récompenser de leur effort. (Voir grille ci-dessous). Langue mémorisée et mise en scène théâtrale. Don Perlimplín con Belisa en su jardín. Federico García Lorca.

Une piste pour la mise en œuvre et l’entrée dans l’extrait :
Le décalage entre les deux personnages va permettre d’aborder les subjonctifs présents et les impératifs. « Quieres que X2…Quita…he dicho que no…. Les didascalies qui introduisent la scène et décrivent les personnages sont essentielles pour comprendre le sens de l’extrait.

Travail demandé :
A la fin de l’étude, le document sera donné à mémoriser par trois. Cela permettra de donner de l’aisance pour l’évaluation finale. Cet effort de mémorisation est évalué selon les critères suivants qui sont donnés aux élèves :

Les étapes de l'évaluation : étapes 2 (Word de 24.5 ko)

La place de l’oral en cours d’espagnol.


Étape 3 Petición de mano. Extrait de El diamante de la inquietud de Amado Nervo

. Buenos días, quatrième. Page 62. Édition Belin.

Activités langagières CE et EO.

Entrée dans le document : Après l’extrait de Lorca le travail de réception de l’écrit sera facilité par le décalage évident entre les deux personnages. C’est à nouveau ce décalage qui fait sens et qui va guider la mise en œuvre du professeur. Cela peut être aussi l’occasion de reprendre et de rappeler de façon très naturelle le texte de Lorca.
A ce stade de la séquence, les élèves sont capables d’accéder directement au sens global de l’échange et d’en restituer l’essentiel. La difficulté va consister à reformuler le texte au tutoiement afin de faire les choix opportuns de réemplois pour la tâche finale. Les élèves y parviendront aisément car ils sont déjà guidés par le besoin et l’objectif de la séquence. La mise en commun des choix de langue sera écrite au tableau puis mémorisée pour la fois suivante, à deux cette fois-ci. Si tous les élèves n’ont pas été évalués lors du document précédent, ils peuvent l’être sur ce second dialogue. Cette tâche intermédiaire plus complexe permet de surcroît de différencier les attentes et de mieux gérer l’hétérogénéité du groupe.

Le travail demandé n’est déjà plus une simple restitution, les élèves auront fait des choix après appropriation du texte. La langue attendue n’est plus celle de l’imitation ; un travail collectif et interactif aura permis de manier les enclises et les proclises des pronoms, les injonctions, la défense et le passage du vouvoiement au tutoiement.

Étape 4 Tableau de Fernando Botero, Una pareja.

Activités langagières : Expression en interaction et en continu et Reprise « intégrée ». Évaluation formative possible.

Le tableau permet de reprendre et de transférer l’ensemble des faits de langue qui ont été rencontrés en amont. La reprise passe donc par un nouveau document qui permet la rémanence de la langue vue en amont. On fait une pause et on reformule les faits de langue en les « décontextualisant » puis en les «  recontextualisant  ». La classe se sert de la langue mémorisée pour construire un discours nouveau avec un vocabulaire précis et une syntaxe correcte. Si des erreurs subsistent, c’est l’occasion de faire une pause, de récapituler ce qui a été vu dans une perspective formative pour la classe. Il n’est pas nécessaire d’apporter un lexique nouveau car c’est la consigne simple du professeur qui va provoquer et guider les échanges et les réemplois de l’ensemble de la séquence. «  Imaginar lo que está diciendo la pareja ». A ce stade de la séquence, les échanges peuvent être riches et doivent préfigurer, déjà, ce que sera l’évaluation finale.
Le professeur peut demander, également, en évaluation formative la rédaction d’un dialogue qui reprend l’essentiel de ce qui a été vu. Il n’est pas difficile de faire parler ce couple en réutilisant les faits de langues abordés en amont. Pour un groupe plus avancé, ce tableau est peut être l’occasion de réactiver l’emploi du vouvoiement rencontré dans le texte d’Amado Nervo.


Étape 5 Un cuento chino. Extrait du film argentin de Sebastián Borensztein de 2011.

Extrait choisi : Declaración de amor de Mari en la tienda de Roberto. DVD en lecture VLC media player. De 1.04’ à 1.06’ et 17’’.

Activité langagière : CO et EOI
L’extrait filmique est abordé en compréhension de l’oral. La mise en œuvre du professeur est simple. Il s’agit de faire comprendre et de mémoriser ce qui est intéressant et transférable pour la tâche finale. Le « besoin » de lexique ou de mimiques, induit par la proximité de l’évaluation guidera les élèves vers une appropriation ciblée de ce qui est transférable.
Cet extrait filmique est une déclaration d’amour, les personnages sont filmés en champ contre champ et la scène est donc modélisante pour la réalisation finale des élèves. Les images vont consolider les compétences théâtrales (et donc pragmatiques lors de l’échange des élèves). Cette courte étude permet également de donner plus d’autonomie langagière aux élèves qui pourront réinvestir le discours déclaratif de Mari : ser+ adj (gruñón, ermitaño, sensible). La structure peut être gardée mais les élèves peuvent reconstruire en proposant d’autres adjectifs.
(Le voseo argentin est transposé en tuteo).
Y además tienes esa mirada que me mata.Yo te quiero + prénom. Celui-ci est réinventé. Etc.

Étape 6 DVD Extrait de “Los planes de Cecilia", court-métrage de Belén Gómez Sanz -2009

Partie : « Quiero casarme con un pelirrojo » : Deux possibilités de mise en œuvre : l’extrait peut être montré sans le son ce qui permettrait de faire imaginer les paroles, et de faire parler le jeune couple. Il s’agirait donc à nouveau d’un document de reprise et de transfert. Si le professeur décide d’aborder l’extrait en compréhension, il permettra d’enrichir encore davantage « le champ des possibles » en ce qui concerne les réemplois d’une langue authentique et riche dans la perspective du sens du travail demandé et attendu. L’intérêt de ce court extrait est de proposer aux élèves quelques expressions idiomatiques qui enrichiront leur prise de parole. : « Ni yo tampoco, …vale, yo tampoco quiero, …¿ Y si te lo piensas ? No pasa nada… menuda respuesta »

Évaluation finale de la séquence

“A partir de lo que has memorizado en la secuencia, imagina un diálogo en el cual un chico o un señor le pide la mano a una chica o a una señora”.

Il est rappelé aux élèves qu’ils doivent déconstruire ce qui est mémorisé pour reconstruire un dialogue préparé à deux au fur et à mesure de la séquence sur la base de ce qui a été mémorisé. C’est au professeur de définir le « parcours obligé » des réemplois et des faits de langue attendus.

A titre d’exemple : deux impératifs, deux défenses, deux subjonctifs dans la subordonnée après le verbe querer, une phrase au passé composé, le vocabulaire rencontré dans la séquence. Deux ou trois interjections réinvesties opportunément ainsi que deux expressions idiomatiques.

Les critères de réussite sont rappelés aux élèves sous forme de grille (voir ci-après) qui servira lors de l’évaluation. Celle-ci peut se faire en classe entière si celle-ci n’est pas trop nombreuse. En ce cas, les élèves peuvent être associés à la mise en œuvre de certaines parties de l’évaluation : (temps, caméra si les échanges sont filmés, pointage des réemplois, qualité de la prononciation, cohérence des réparties, originalité de la situation et spontanéité des dialogues.

Grille d'évaluation de la tâche finale (Word de 30.5 ko)

La place de l’oral en cours d’espagnol.


Différenciation des attentes lors de l’évaluation  :

Pour un binôme plus en difficulté, la restitution plus fidèle des extraits étudiés et mémorisés est bien entendu récompensée. La mémorisation soignée (lexique, prononciation, ton) est déjà une performance pour certains élèves.

En ce qui concerne les binômes avancés : la restitution de la langue décontextualisée et personnalisée dans le cadre de ce qui a été mémorisé sera largement récompensée.

Enfin, le professeur peut demander, à des binômes (qui ne se sont pas concertés), encore plus à l’aise dans la langue, d’improviser ex-abrupto un court dialogue d’une « petición de mano ». Cette représentation spontanée, récompensée sous forme d’un bonus, est modélisante pour l’ensemble de la classe elle car montre qu’il est possible de négocier le sens cohérent de la langue au fil des échanges, sans préparation, mais sur les bases solides d’une mémorisation et d’une appropriation progressive des leçons demandées.

Jean-François Quillévéré.
Collège Molière. Bouillé Loretz.
Formation continue 2012/ 2013