En aguas quietas, court métrage de Astrid Rondero publié le 22/02/2012  - mis à jour le 24/04/2019

“In still waters”

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"En aguas quietas", 2010 (16 de Nov).
Dirección y Guión : Astrid Rondero.
País : México

Sinopsis

Ana huye mientras Mar regresa tras años de ausencia. Ambas se encuentran en medio del camino y reconocen, a lo largo de una noche, aquello que las une. Este encuentro las llevará a través de sus miedos y a descubrir que las aguas quietas corren profundas.

Quelques pistes d’analyse

Analyse du temps dans le film.

Il y a deux types de temps, celui qui est réel, chronologique ou diégétique. L’histoire commence un soir, se déroule toute une nuit et se termine à l’aube.
L’autre temps est implicite, extradiégétique et renvoie au passé des deux femmes et structure toute l’histoire narrée dans le film : lorsque Mar, meurtrie par le regard portée sur elle, « decías la verdad » part du village. Ana, également, révèle son envie de partir : « quería irme contigo. »

Le temps réel dans le film est fluide, presque sans ellipse. Durant cette nuit symbolique, Ana cède et accepte cette attirance qui la pousse vers Mar. Son départ est double. Elle hésite, souffre, succombe pour finalement, à l’aube, accepter cette attirance et se réveiller presque différente. Il s’agit d’un véritable parcours initiatique ou Ana, jeune fille encore hésitante, se transforme, en une nuit, et devient une femme plus épanouie.

Analyse des lieux.

En la gasolinera. Le film commence par un plan d’ensemble où l’on voit une jeune fille, Ana, probablement en partance avec sa valise au milieu d’une « gasolinera » délabrée, en ruine. On ne voit que la carcasse des pompes à essence comme si ce délabrement était à l’image du petit monde qu’elle quitte ou qu’elle souhaiterait, peut être, quitter car elle attend, ne fait pas « d’auto-stop », attend-t-elle un autobus ?

La carretera.

La route est omniprésente du début, jusqu’à la fin faisant de ce court-métrage un mini road- movie. Même durant les scènes dans la cantina, on la sent toute proche. Ana est en partance, mais symboliquement, ce voyage est aussi celui qu’elle entreprend vers Mar, vers elle-même et vers cette forte attirance qu’elle ressent.
Ce voyage initiatique est parfois inquiétant pour Ana. Elle demande à Mar  : "¿ Por qué nos desvíamos ?" Cette autre route étrange ou le travelling de la caméra met en évidence un champ de maïs, une milpa inquiétante qui ressemble à une jungle noire et sèche, peut être le chemin du destin de Ana. Cet autre chemin, plus chaotique, ce raccourci proposé par Mar : « No te preocupes, conozco bien el camino  » inquiète Ana, dans un premier temps, qui se demande où elle va. Mar, finalement, rassure Ana en reprenant la grande route et en lui disant « ves, te dije que era el mejor camino » Cet autre chemin est, bien sûr, celui que lui propose Mar, un chemin vers sa propre existence et vers son propre destin.

En la cantina.

Les plans séquences dans le bar constituent le cœur du film. Le repérage des indices d’un monde hostile envers les deux femmes peut constituer un axe de travail pour les élèves.

Dès l’entrée dans la cantina, les regards des hommes sont pesants, et concupiscents. Il y règne une atmosphère lourde, à la fois masculine et très marquée par une ruralité mexicaine : la musique de type ranchera, la bière omniprésente et les vêtements des personnages. On ne communique presque pas, seules Ana et Mar échangent. Mar, en ramenant les deux bières, exprime sa distance en écoutant une chanson très conventionnelle dans laquelle un homme parle de son amour pour une femme.

Le travelling de la caméra puis le long zoom avant mettent en évidence sa sensualité et prépare le moment d’intimité partagé avec Ana. L’échange entre les deux femmes est filmé en champ contre champ et les très gros plans sur les bouches rendent compte de ce moment de sensualité. Lors de cet échange, Mar nous fait comprendre à demi-mot, avec pudeur, sans le dire vraiment, qu’elle ne supportait plus ce lieu et ces gens qu’elle a laissés derrière elle.

Ana : “¿Es verdad lo que decían de por qué te fuiste ?
Mar : No eso sólo me ayudó a decidirme, además la gente dice muchas cosas, algunas son ciertas y otras no tanto. ..Lo que importa es lo que creas tú”.

L’alternance de primerísimos planos met en évidence l’intimité et la sensualité de l’échange. Les deux femmes ne semblent plus voir les regards dans le bar dirigés vers elles. Troublée et peut être effrayée par cette attirance, Ana enlève fébrilement l’étiquette de la bouteille de bière comme si elle la déshabillait puis la fait tomber maladroitement sur Mar ne contrôlant plus bien ses gestes.

Pendant que Mar se nettoie aux toilettes, un homme invite Ana pour une danse. Celle-ci , pourtant, regarde Mar qui accepte une bière d’un autre homme mais lui refuse une danse sans même un regard. Mar se dirige vers le juke-box et change de disque. La chanson déplait à l’homme qui dansait avec Ana. Cette nouvelle chanson est vraiment différente de la ranchera mexicaine. C’est une femme qui chante, elle n’a pas l’accent mexicain, elle s’adresse à une autre femme avec sensualité. «  Rostro de mujer atormentada, …y en tus divinos ojos de verde jade, se adivina que estás enamorada. Dime si tu boca pequeñita, diminuto coral, es para mí. Habla de tu pena  ».

La chanson choisie par Mar semble écrite pour Ana, comme si Mar était en train de lui murmurer ces mêmes mots. Les deux femmes dansent enlacées. Ana demande "¿ Puedo besarte ?" Mais Mar lui répond “aquí no” au même instant, la chanteuse fait écho : « enamorada de lo imposible  ». Les deux femmes ne parlent pas, la chanteuse le fait pour elles.
Dans la cantina les regards deviennent franchement désapprobateurs. L’ambiance pesante est mise en évidence au moyen d’un plan d’ensemble. On y voit (pour la deuxième fois) un lion. C’est une énorme tête de lion mâle. Au dessus du bar, sur la porte, un ours tourné vers Ana est filmé en plan général. Ces bêtes ne semblent-elles pas exprimer la menace et le danger ? Elles incarnent, peut être, la brutalité des regards et des jugements, comme si ces fauves étaient la représentation d’une opinion hostile, menaçante et déshumanisée.


Analyse des noms propres et du titre.

Aucun lieu n’est mentionné dans ce court métrage. Cela renforce l’impression de mystère. Même si la « mexicanité » est évidente et omniprésente, on peut y voir une volonté d’universaliser le message du court métrage.

Les prénoms, quant à eux, sont peut être chargés de sens. Ana, prénom conventionnel et classique pour un pays hispanique, évoque très bien la jeune femme fragile, soumise du début qui ne peut pas partir. « Te vi cuando te marchabas, quería irme contigo ».

Le prénom de Mar, en revanche, est différent. Il évoque l’infini, ce n’est pas un prénom, c’est un nom qui suggère l’immensité, l’ailleurs, le départ et le voyage. Mar incarne la liberté : “en un año mi vida era mía y de nadie más”. Il représente l’antithèse du terruño qu’abandonne Ana. Il peut évoquer, aussi, la sérénité d’une femme qui a accepté son identité ; elle se retrouve maintenant « en aguas quietas » au-delà de la tempête identitaire que vient de traverser Ana.

Les regards

Le court métrage est construit autour des regards, tout se dit et tout se comprend à travers le regard de l’autre, par exemple le regard d’Ana, surprise de voir une voiture s’arrêter devant elle alors qu’elle est assise par terre, près de sa valise et ne sollicite aucun conducteur et ne fait pas « d’auto-stop ».

Ses yeux s’agrandissent lorsqu’elle reconnaît la personne qui s’arrête mais le spectateur ne comprend pas car aucun mot ne vient justifier l’intensité du regard. Le regard d’Ana encore à la fin du court métrage qui marque intensément son indécision près de la voiture de Mar. Va-t-elle partir comme le lui suggère Mar raisonnablement en lui approchant sa valise ? Va-t-elle écouter son cœur et rester ? Aucun dialogue et pourtant le spectateur suit à la seconde la pensée d’Ana sur son visage et le courage de Mar qui accepte qu’Ana puisse s’éloigner mais dont le regard s’illumine lorsque, sans un mot, elle monte dans la voiture.

Tout est dit également dans le regard de Mar qui, après avoir fui, revient libérée et forte vers son village et découvre en se regardant dans les toilettes qu’elle peut encore aimer et s’adresse alors, dans le miroir, un regard de pur bonheur.

Message du court-métrage.

Le langage cinématographique dans ce court métrage est d’une grande richesse. Ce n’est pas un hasard s’il a été réalisé en collaboration avec la UNAM et son « centro universario de estudios cinematográficos ».
Il semble, également, que le film se présente comme un plaidoyer. La réalisatrice Astrid Rondero porte un message de tolérance et fustige un certain Mexique rural, délabré comme la gasolinera du début.

Niveau souhaité.

B2 Classes de terminales. Travail de réception assez difficile dû à une diction parfois rapide et à un accent mexicain authentique.
Par ailleurs le sens du film requière la maturité d’élèves presque adultes et ne s’adresse pas à de jeunes adolescents.

Compétences linguistiques.

  • Le dialogue. Le tutoiement.
  • Les temps du passé.
  • L’aspect de l’action au passé, (prétérit et imparfait) La última vez que te vi, tenías como catorce años.
  • L’imparfait du subjonctif au lieu du conditionnel. No sé lo que me hubiera pasado si no te hubieras detenido.
  • L’emploi du subjonctif présent dans la proposition complétive : es una concidencia que nos hayamos encontrado, lo importante, es lo que creas tú.
  • Les rappels d’une rencontre passée : cuando te fuiste, creo que era más chiquita que tú cuando me fui.
  • La négation : no sé, no te preocupes, no me tienes que decir nada, no hay nada que hacer aquí, no era de nadie más.
  • Le qu’en dira-t-on : ¿ es verdad lo que dicen ?,la gente dice muchas cosas, otras son ciertas, otras no tanto.
  • L’inquiètude / l’apaisement : no sé / no te preocupes, no me tienes que decir nada / te juro que te entiendo, lo que importa es lo que creas tú.

Mexicanismes à élucider : “Pos”, "Estabas bien chiquita”, “Quieres una chela” (una cerveza).


Tâches de fin de séquences possibles.

1) Epression écrite
Mar y Ana se han instalado en Mexico DF. Ana les manda una carta a sus padres para explicarles y contarles lo que ha hecho desde que salió de casa con su maleta. Imagina y redacta la carta.

Ce travail de production écrite permettra de reprendre la chronologie des faits narrés dans le film en maniant les temps du passé et en respectant l’aspect de l’action. Ce travail d’écriture sera l’occasion, pour le narrateur, d’expliquer ses choix de vie et ses difficultés dans un monde parfois hostile.

 

2) Expression écrite avec possibilité d’extension du travail en Expression Orale Dialoguée.
Sigue con el diálogo entre las dos mujeres al final del corto cuando al amanecer las dos se acercan al coche y Mar le ofrece su maleta a Ana :
  Ana
  Tus maletas

Mar le explica porque será mejor que se vaya sola como lo imaginaba la víspera. Ana vacila ....

 

3) Epression orale en interaction : la entrevista a la realizadora
Realiza con un compañero la entrevista a Astrid Rondero la realizadora.

(Objectif. Travailler le dialogue et les temps du passé dans les réponses. Ej. Qué has querido mostrar con los animales en la cantina. ¿ Por qué Ana parece preocupada en el coche ? ¿Por qué el hombre que baila pone mala cara al oír la canción elegida por Mar ?

 

Pistes de travail. (EE / CO / EOC / EOI)

El título del corto. (EOC)
El corto se titula “En aguas quietas”. La mujer libre que se marchó se llama Mar... Trata de relacionar su nombre con el título. ¿ Qué evocan los dos ?

Ana esperando con la maleta. (EOC)
Ana está sentada con su maleta en una antigua gasolinera. Describe este plano de conjunto. (plan d’ensemble). Fotograma p.1 ¿ Qué ha querido evidenciar la realizdora ?

La importancia de la carretera. (EOC)
Ana le dice a Mar : ¿ Por qué nos desvíamos ?
Explica por qué parece preocupada Ana. ¿ Qué puede evocar, también, el verbo “desviar” aquí ?

El pasado aludido por las dos mujeres CO / EE)
Busca en el corto

  • los elementos del diálogo que confirman que las dos mujeres se conocían.
  • Las alusiones a la salida anterior de Mar.
    Escriba una introducción al cortometraje que presente la situación anterior de las dos mujeres.

Los sentimientos y deseos a través de las miradas. (EE)

1- Analiza la mirada de los dos hombres en la cantina

2- Di lo que parecen pensar los dos cuando

  • las mujeres entran en el bar.
  • se sientan en una mesa para beber.
  • bailan juntas

3- ¿Qué expresa la mirada de Mar cuando se da cuenta de que los dos hombres las miran.

El qué dirán

Busca en el corto

  • Las expresiones que aluden al “qué dirán”
  • Las imágenes, los objetos que evocan la hostilidad para con las dos mujeres en la cantina.

Imagina y escribe el monólogo de Mar y de uno de los dos hombres

Sinopsis (EE)

Tienes que redactar la sinopsis del cortometraje. Tu finalidad es :

  • informar sin contar le totalidad de la intriga
  • despertar el interés del futuro espectador
  • terminar por una pregunta
    .

Activité de prolongement.

Ce court métrage peut être intégré dans une séquence pédagogique de niveau B2 pour une classe de terminale dont l’axe de sens serait le parcours initiatique et le passage vers et le monde des adultes.

Proposition de documents :

  • la nouvelle « Tacha  » dans El llano en llamas. De Juan Rulfo.
  • la nouvelle « El niño al que se le murió el amigo” de Ana María Matute.

 

Para saber más ...

En aguas quietas (Word de 474 ko)

Dossier supplémentaire

  • Guión
  • Astrid Rondero (directora)
  • María Reneé Prudencio.(actriz)
  • Trailer