Enseigner la danse avec le numérique publié le 29/05/2019

Donner à voir sans se montrer en danse grâce au numérique

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Quand et Pourquoi le tableau de capitalisation ?

Selon nous, ce tableau n’offre de pertinence que si ce dernier arrive suite à une phase de découverte/ apprentissage des différents contenus moteurs alors envisagés dans la séquence d’enseignement.
Pour le dire autrement, une fois que les contenus ont été découverts, visités et testés dans des situations ludiques sur environ 4 à 5 leçons (cf revue EPS n°380 « se défier pour oser créer »), nous rentrons dans la validation des contenus sur 3 à 4 séances à travers le défi des marches présentées par le tableau de capitalisation.

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L’expérience nous montre ici que par cette procédure et cette « orthogonalité des buts »1 l’émulation individuelle et collective reste totale. Les élèves s’engagent pour eux et pour autrui, filles et garçons y compris. En effet, les apprenants sont happés par cette ascension des marches transformées en score. De plus, alors guidés par un tableau pensé comme une somme d’expériences dansées à valider, les élèves se voient avancer et progresser. Le plaisir qu’ils en retirent est conséquent. C’est une véritable occasion de devenir « champion de soi même »2 , sans jamais véritablement risquer de ne pas apprendre.

L’écran différé en permanence, pourquoi et comment ?

La danse d’une part et l’EPS en général souffre de son caractère éphémère. En effet, il est très difficile de construire l’œil du spectateur dans un instant très court. De plus, sans regard différé, la place accordée à l’erreur d’appréciation du spectateur reste limitée. L’écran différé et notamment l’application vidéo coach permettrait donc d’accorder à l’apprenant un feedback précoce sur la connaissance de sa performance et de son résultat. Mieux ce feedback interviendrait lorsqu’il en a besoin. Les théories sont unanimes à cet égard ! Lorsque le contenu ou le conseil est demandé et précoce l’impact sur l’apprentissage est significatif. En effet, selon Austermann et col3 ., donner le feedback après un délai (de quelques secondes à 1 minute) devrait aider au développement de l’auto-évaluation et de l’auto-détection de l’erreur en accordant à l’apprenant un temps suffisant pour mettre en relation les feedbacks intrinsèques et les feedbacks extrinsèques

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Nous optons donc pour un écran différé permanent. Seul bémol, l’écran à lui seul ne suffit pas. Nous accompagnons ce dernier de deux critères d’analyse précis. Sans quoi la prise d’information de l’apprenant qu’on connait sur inclusive et non sélective, son déficit d’attention, ne pourront lui permettre de repartir de sa visualisation avec les pistes à améliorer et les éléments à réguler. (exemple : s’il y a erreur de continuité alors cela suppose que l’élément n’est pas assez mémorisé donc il peut être nécessaire de le répéter, ou bien que certains éléments techniques n’ont pas été acquis alors il faut les réaliser plus lentement et avec repères au sol ou repères auditifs entre les danseurs….)

(1) Mascret, N. (2011). Pour une réhabilitation du critère de réussite en EPS. Les Cahiers du CEDREPS, 11, 27-38.

(2) Hanula G. ,Llobet E., Saulnier J.Y. « devenir champion de soi-même », Revue Enseigner l’EPS n°267, 2015

(3) Austermann Hula, S.N., Robin, D.A., Ballard, K.J., & Schmidt, R.A. (2008). Effects of feedback frequency and timing on acquisition retention and transfer of speech skills in acquired apraxia of speech. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 51, 1088-1113.