Le réchauffement climatique en perspective publié le 02/09/2007  - mis à jour le 08/06/2012

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3 - Le Réchauffement climatique et le niveau des eaux !

Les îles des Sundarbans (Le Monde daté du 28 août 2007)

Le cas des îles Maldives dans l’Océan Indien, comme de nombreux atolls du Pacifique, est bien connu. L’actualité nous livre d’autres cas. Les îles de Sundarbans dans l’Océan Indien, à cheval sur l’Inde et le Bangladesh, sont d’ores et déjà victimes de la montée des eaux, et leurs habitants ont reculé leurs habitations ou ont parfois choisi l’exil.
A 200 mètres des côtes on pourra ainsi distinguer sur l’île de Ghoramara un immeuble en brique rouge, ancien bâtiment administratif du port de Calcutta, battu par l’écume des eaux marines. Quatre îles de cet archipel ont déjà été rayées de la carte et 600 habitants ont été déplacés.
On estime que 30 000 familles devront être déplacées d’ici à 2020, lorsque 15% des terres auront disparu. Dans le golfe du Bengale, le niveau de la mer augmente chaque année de 3,14 millimètres contre une moyenne de 2 millimètres dans les autres océans.

Le Saint-Laurent et le réchauffement climatique

Selon certains experts, une augmentation de température de 2 à 4 °C pourrait réduire de 24 % les débits moyens sortants du lac Ontario, la principale source du Saint-Laurent. Une telle diminution du débit pourrait causer une baisse du niveau de 1 mètre à certains endroits du Saint-Laurent. En réalité, la région des Grands Lacs a connu un réchauffement de 0,7 °C entre 1985 et 1991. Cette hausse des températures s’est traduite par une diminution du débit à la sortie des Grands Lacs et, par conséquent, du niveau d’eau dans le tronçon fluvial et l’estuaire fluvial du Saint-Laurent. Depuis les années 30, l’étude des statistiques des débits révèle des épisodes de faibles débits à tous les 30 ans environ, entrecoupés d’épisodes de plus forts débits pouvant atteindre plus de 20 000 m3/s.

Dans les prochaines années, si le réchauffement climatique se poursuit, on pourrait constater :

  • une progression du littoral jumelée à l’assèchement des terres humides ;
  • une baisse de la qualité de l’eau due, notamment, à une moins grande dilution des polluants ;
  • une hausse de la teneur en matières en suspension si la charge sédimentaire demeurait la même et une diminution de la pénétration de la lumière ;
  • un déplacement des zones de sédimentation temporaire et permanente.

« D’après les chercheurs, la température moyenne dans le bassin des Grands Lacs pourrait monter d’environ 4,5 °C d’ici l’an 2055, et l’accroissement de la température serait plus marqué en hiver qu’en été. La hausse des taux d’évaporation et la perte d’humidité des sols se traduiraient par une réduction du ruissellement, et le niveau de l’eau dans les Grands Lacs pourrait, en moyenne, baisser de 0,5 m à 1,0 m, selon les scénarios types. Le débit sortant du fleuve Saint-Laurent pourrait subir une réduction allant jusqu’à 20 % ».

Le Nord Québécois et le Nord Canadien confrontés à la fonte des glaces

En quelques années à peine, la température moyenne au Nunavik a augmenté de trois degrés. Un record à l’échelle planétaire. Le sol s’est lui aussi réchauffé de près de deux degrés, faisant fondre le pergélisol sur lequel sont bâties la plupart des infrastructures. À Kuujjuarapik, sur la côte est de la Baie d’Hudson, les Cris ont observé pour la premières fois, cet hiver, des craquements dans le sol assez importants pour faire trembler les maisons.
Plusieurs villages sont en péril à cause de ce dégel. D’autres ont connu des glissements de terrain importants et des délocalisations. Même les aéroports, construits sur le pergélisol, s’enlisent tranquillement, obligeant le ministère des Transport à suivre la situation de très près. La ligne nordique des arbres se modifie, les incendies de forêt sont plus fréquents et de plus en plus d’arbustes s’implantent dans des régions jusqu’alors hostiles.
Parallèlement, ils constatent l’arrivée de nouvelles espèces animales encore jamais vue dans leur coin de pays : merles d’Amérique, tourterelles tristes, pigeons, colibris, porcs-épics, mouffettes. Dans certains villages, on n’a même pas de nom Inuit pour ces nouveaux venus.

Ils sont envahis par de nouvelles formes d’insectes et une campagne de santé publique sur le virus du Nil a même vu le jour ces dernier mois.
Les grandes oies des neiges changent leurs périodes migratoires, les caribous sont malades, les renards roux et orignaux, suivis des loups, franchissent des limites nordiques jamais atteintes. Et les ours polaires, qui perdent leurs banquises, gagnent la côte et deviennent menaçants parce qu’affamés.

L’année 2015 est une date très rapprochée qui fera frémir les environnementalistes, car les scientifiques les plus pessimistes avancent une ouverture possible du passage du Nord-Ouest vers 2020 ou 2030. C’est notamment le constat de l’équipe de Louis Fortier, directeur scientifique du réseau ArcticNet, qui a effectué des recherches dans cette région reculée en 2005.
Le très convoité passage maritime du Nord-Ouest, dans l’Arctique, pourrait être sillonné par des navires beaucoup plus rapidement que prévu, ce qui compromet la souveraineté canadienne dans cette région reculée, affirme le ministère de la Défense (extrait d’un article paru dans Le Devoir, d’Alec Castonguay dans l’édition du lundi 30 octobre 2006).
Aux trois piliers du développement durable, on pourra ajouter la dimension géopolitique !

On retrouvera une banque d’images sur les sites :