Révoltes et rébellions de 1837-1838 dans le Haut et le Bas-Canada publié le 20/07/2007  - mis à jour le 21/06/2012

Pages : 1234

Les 92 résolutions traduisent les rancoeurs et exaspérations

Rédigé par Louis-Joseph Papineau, avec la collaboration d’Elzéar Bédard et d’Augustin-Norbert Morin, ce long texte de 92 paragraphes compilent les plaintes et rancœurs accumulées au cours de quarante années de luttes parlementaires. A l’évidence ces pages appartiennent à l’époque romantique, certains passages peuvent nous apparaître aujourd’hui contradictoires et témoignent d’un caractère excessif. Présentées à la Chambre du Bas-Canada, ces résolutions furent l’objet de vives discussions, entraînant une scission du parti de Papineau (le parti canadien), certains de ses partisans jugeaient qu’il allait trop loin, d’autres choisirent la lutte.

Louis Joseph Papineau (Bibliothèque et Archives Canada, Thomas C. Doane, ANC C-066899.)

Les Rébellions de 1837-1838

Les 10 Résolutions de Lord Russel, en mars 1837, constituent une réponse aux 92 Résolutions de février 1834. Londres y réaffirme son désir d’améliorer la composition des deux conseils, mais se refuse à transformer le Conseil législatif en corps électif et à rendre le Conseil exécutif responsable devant la Chambre d’Assemblée. La 8ème résolution fait bondir les Canadiens. Advenant la poursuite de leur grève parlementaire, Russel propose au gouverneur de puiser dans le Trésor public avec ou sans l’autorisation de la Chambre. Provoquées par les Résolutions de Russel, les assemblées populaires donnent lieu à de vastes mouvements de protestation. Chaque comté de la région de Montréal se flatte d’organiser sa propre assemblée. Malgré leur interdiction, les patriotes n’en continuent pas moins leur série d’assemblées. Dans le même temps, Papineau, répugnant à la révolte armée, reste sur sa position : le boycott économique.
En 1837 et 1838, des insurrections éclatent dans le Bas-Canada et dans le Haut-Canada. Si les modérés veulent réformer le régime politique, les radicaux, pour leur part, aspirent à transformer profondément la société.

Au Bas-Canada, il existe une lutte entre l’Assemblée dominée par le Parti patriote dirigé par Louis-Joseph Papineau et la minorité britannique qui domine le Conseil exécutif et le Conseil législatif. À l’automne 1837, des troubles éclatent dans les deux colonies. L’insurrection du Haut-Canada, dirigée par William Lyon MacKenzie, est rapidement écrasée. Dans le Bas-Canada, les troubles sont plus étendus en 1837, mais les patriotes sont également vaincus par les troupes de John Colborne. La Grande-Bretagne envoie alors Lord Durham avec comme mandat de trouver une solution. Ce dernier propose d’accorder un gouvernement responsable et d’unir les deux colonies pour assimiler les Canadiens français. Les troubles se poursuivent de plus belle en 1838. Dans les deux colonies, les rebelles lancent de nombreux raids à partir des États-Unis. Dans les deux cas, les insurrections sont écrasées par des troupes britanniques et des volontaires demeurés loyaux aux autorités britanniques.

L’insurrection de 1838 dans le Haut-Canada sera beaucoup plus importante que celle de 1837. Les rebelles firent de nombreux raids frontaliers à partir des États-Unis. Influencé par les Américains, Mackenzie proclame la république du Haut-Canada le 13 décembre 1837, alors que Robert Nelson fait la même chose pour le Bas-Canada le 28 février 1838. L’échec des insurrections discrédite, aux yeux de la population, les radicaux qui prônent la violence au profit des modérés. Cependant la Constitution de 1791 est suspendue le 10 février 1838 et un conseil spécial est formé. L’union du Bas et du Haut-Canada sera proclamée en 1840, mais il faudra attendre 1848 avant que le gouvernement britannique accorde le gouvernement responsable. Le projet d’Union, rédigé par James Stuart et envoyé à Londres par Poulett Thomson, entend subordonner les Canadiens, mais non les assimiler.

La bataille du moulin à vent, près de Prescott, Haut-Canada, le 13 novembre 1838 (Bibliothèque et Archives Canada, ANC, C-004781.)

Les questions du débat historiographique

Nous reprenons ici des éléments d’une étude de Marc Collin (© glaporte@cvm.qc.ca)

Le débat sur les Rebellions de 1837-38 s’articule autour d’enjeux politiques contemporains. En ce sens, le rôle de l’historien n’est pas seulement d’analyser les événements pour en tirer des découvertes scientifiques : impliqué dans une histoire qui continue à se dérouler, il est aussi le producteur de la conscience historique, celui qui montre à ses semblables d’où ils viennent, où ils s’en vont et quel est le sens de ce qu’ils vivent. Il est possible de distinguer cinq interprétations historiques principales des événements de 1837-38, celles de Fernand Ouellet, Stanley Ryerson, G. Bernier et D. Salée, Louis-Georges Harvey et Allan Greer et s’interrogent sur le rapport entre le travail des historiens académiques et la conscience historique québécoise.

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 Laurent Marien

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