Le développement du commerce transatlantique entre le Poitou-Charentes et la Nouvelle-France (17ème et 18ème siècle) publié le 26/06/2007  - mis à jour le 21/06/2012

Note scientifique

Dès le début du XVIe siècle, les marchands rochelais rivalisèrent avec les Normands dans les pêcheries de Terre-Neuve et s’intéressèrent aux entreprises de colonisation canadienne. De nombreux navires partaient chaque année de La Rochelle pour les bancs de Terre-Neuve, l’Acadie et le Canada.

Plaque tournante du commerce avec la Nouvelle-France. Inventaire des lieux de mémoire.


La première activité reste d’ailleurs longtemps la pêche, avec l’ installation de petits comptoirs le long du St-Laurent. Cette ressource reste exclusive pendant très longtemps et constitue un lien important entre la colonie et la métropole. La morue offre de nouvelles possibilités culinaires. La morue pêchée par les pécheurs de notre région alimente toute l’Europe chrétienne. La pêche à la morue sèche (près des côtes), dure de mai à juillet, elle est donc très limitée. Ainsi la pêche va se faire de plus en plus loin avec de plus gros navires, conservée dans le sel sans être séchée, la morue est exportée ainsi.

Progressivement cette pêche va décliner à cause de la supériorité anglaise sur la mer qui débouche sur l’abandon de l’île de Terre-Neuve et la perte de l’Acadie par la France. Ces activités sont donc en déclin dès le début du 18°siècle.
Lorsque Samuel de Champlain arriva au pied du Cap Diamant en 1608, il installa un comptoir pour faire la traite des fourrures. Toute l’histoire de la Nouvelle-France est d’abord la grande aventure du commerce des fourrures.

Inventaire des lieux de mémoire.

Dans la première moitié du 17° siècle, la traite des fourrures en Nouvelle-France était réservée à un groupe de marchands formant une compagnie (exemple : Compagnie des Cent-Associés ou la Communauté des Habitants). Celle-ci possédait des magasins (entrepôts pour les fourrures et les marchandises achetées en France et notamment en Aunis et Saintonge).
La Nouvelle-France possédait de nombreuses richesses, mais beaucoup de produits n’étaient pas disponibles dans la colonie. Il fallait donc les faire venir de l’étranger par bateau. L’intendant Jean Talon eut l’idée d’un trajet commercial par lequel la colonie pourrait se procurer des produits provenant des autres colonies de la France et de la métropole. Les navires partaient de Nouvelle-France chargés de blé, de poisson et d’autres denrées qu’ils transportaient jusqu’aux Antilles. Après la vente d’une partie du chargement destiné aux Antillais, les navires étaient chargés de sucre, de rhum, de café, de tabac et de coton. Ils mettaient ensuite les voiles vers la France et notamment vers notre région et principalement La Rochelle ou Rochefort où ces produits étaient débarqués. Les navires revenaient en Nouvelle-France avec dans leurs cales, des tissus,des poteries de la région saintongeaise (Chapelle-des-Pots) et diverses céramiques, du vin, des eaux-de-vie de Cognac, du sel de Brouage, de la pierre de Crazanes ou de Saint-Même Les Carrières en Charente. Mais on embarquait également divers autres vivres et outils, plus diverses marchandises souvent des chaudrons, des couteaux ou des armes destinés au troc avec les Amérindiens.
Chaque port avait sa spécialité, La Rochelle, les vivres et les outils à l’aller et les fourrures ou la morue au retour, Rochefort les armes à l’aller et le bois destiné à l’arsenal ou le métal en provenance des forges du Saint-Maurice près de Trois-Rivières au retour, ou bien encore Brouage le sel.
La route suivie par ces navires formait un triangle reliant trois destinations, d’où le nom de commerce triangulaire.

Carte, manuel scolaire, Le Québec, une Histoire à suivre p.95, édition le Grand Duc


Pour pouvoir se procurer facilement Les fourrures, la compagnie faisait venir des marchandises de France pour faire du troc avec les Amérindiens. Depuis les débuts de la colonie, c’était la fourrure de castor qui était la plus recherchée, c’était aussi la plus facile à se procurer, tant il y avait des castors près des nombreux cours d’eau.

lithographie de Bacquin d’après J.B Auguste Leloir, Musée du Nouveau Monde, La Rochelle,cl.C.Rochereul


La fourrure de castor qu’on transformait en feutre servait surtout à la fabrication de chapeaux qui étaient très à la mode en France à cette époque et utilisé dans l’armée.
Une partie notable de l’activité économique de la région s’est donc faite en relation directe avec la Nouvelle-France jusqu’en 1763 et les circuits de la migration ont parfois étroitement suivi les flux économiques.
L’exemple de l’aventure de Pierre Guérineau, fils d’un marchand pelletier de la paroisse Saint-Didier de Poitiers, et parti au Canada vers 1750 pour y exercer la même profession, avec sans doute la volonté de constituer un réseau d’approvisionnement et de vente des deux côtés de l’Atlantique est tout à fait révélateur de cette forte imbrication entre commerce et migration de peuplement.

Bibliographie

 AUGERON Mickaël et Dominique GUILLEMET (dir.). 2004,Champlain et les portes du Nouveau Monde. Cinq siècles d’échanges entre le Centre-Ouest français et l’Amérique du Nord.
éditeur : Geste Éditions

 BOSHER J.F, 1992,Négociants et navires du commerce avec le Canada de 1660 à 1760.

 CAZAMAYOR, J.P. 1992, Le commerce entre La Rochelle et le Canada au 18e siècle (1717-1760).
éditeur : Mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Université de Poitiers

 GARNAULT Emile 1992 réed, Les rochelais et le Canada.

 MUSSET Georges 1899, Les rochelais à Terre-Neuve, 1500-1789.
éditeur : l’auteur (La Rochelle)

 TROCME Etienne, DELAFOSSE Marcel, 1952, Le commerce rochelais de la fin du XVe siècle au début du XVIIe.
éditeur : A. Colin

Articles

 (non daté) NERROU Jacques, Navires et engagés pour les terres neufve de la Nouvelle-France et des coste de La Cadie -1600-1654-
Notaires rochelais. Association Racines et Rameaux français d’Acadie.

 DELAFOSSE Marcel, 1986, Le trafic maritime franco-canadien (1695-1715) - Navires et marchands à La Rochelle - Revue de la Saintonge et de l’Aunis
éditeur : Fédération des Sociétés Savantes de la Charente-Maritime

 GAUCHER M., DELAFOSSE M., DEBIEN G., 1961, Les engagés pour le Canada au 18e siècle. Revue d’Histoire d’Amérique Française

Archives

 Archives départementales de la Charente-Maritime
Portée et contenu :
Dès le début du XVIe siècle, les marchands rochelais rivalisèrent avec les Normands dans les pêcheries de Terre-Neuve et le commerce des pelleteries et s’intéressèrent aux entreprises de colonisation canadienne. De nombreux navires partaient chaque année de La Rochelle pour les bancs de Terre-Neuve, l’Acadie et le Canada. Un peu plus tard, ce fut le port d’embarquement habituel des colons et des engagés. Après la cession, un bon nombre d’officiers canadiens et d’Acadiens réfugiés s’établirent aux environs de cette ville. Aussi les archives de la Charente-Maritime contiennent-elles beaucoup de documents sur les échanges commerciaux et les mouvements de population entre la France et le Canada.
Ce fonds contient des dossiers provenant de la série B et relatifs aux cours et juridictions (Amirauté de Marennes ou de Saintonge, Amirauté de La Rochelle, Amirauté de Louisbourg, Juridiction consulaire de La Rochelle), de la série C- Administrations provinciales et intendances ainsi que de la série E- Titres de famille, état civil et notaires.

 Archives de la Société Martell et Co., Cognac

 Archives de la Chambre de Commerce de La Rochelle

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Auteur

 Jocelyn Sala

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