2040 : faut-il avoir peur du futur ? publié le 05/12/2015

l est légitime dans le champ du commerce, comme dans l’Histoire en général, de se demander où nous allons… nous, les autres, les consommateurs voire les shoppers en tant que protagonistes. La prospective donne des perspectives.

Une mère suivie de ses deux enfants pousse un chariot dans une allée aux rayons tapissés de pots de yaourt et de crème fraîche multicolores. Une bande de filles déambule dans des galeries marchandes, passant d’un magasin à l’autre, baguenaudant. Un couple de retraités, attablé à la terrasse d’une célèbre chaîne de restauration, sirote un café ; autour d’eux, des paquets aux logos de différentes enseignes, récompenses d’une matinée de shopping intense et obstinée. Une file d’attente enserre, tel un serpent, les trottoirs de l’avenue des Champs-Élysées, une file sans fin dont on peut apercevoir péniblement l’origine (en prenant le risque d’un torticolis) : un magasin d’électronique à la mode.

Le shopper existera-t-il toujours ?

Ces scènes qui nous sont familières seront-elles encore d’actualité dans vingt-cinq ans ? Les évolutions que nous vivons ne remettent-elles pas peu à peu en cause le vieux modèle hérité des Trente Glorieuses, symbole de la société d’hyperconsommation, qui a fait la fortune de l’immobilier commercial et de la grande distribution industrieuse au cours des dernières décennies ?

Car il est tentant, en 2015, d’énoncer le futur du shopping à coups de formules définitives. Et d’affirmer haut et fort : « Dans vingt ans, le shopper n’existera plus ! » les robots feront les courses à notre place, les machines -bien plus intelligentes que nous- programmeront ce que nous désirons avant même que nous n’en ayons conçu l’idée…

Fantasme technologique ? Illusion transhumaniste et mégalomane ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que ce scénario est de l’ordre du possible, au vu des évolutions de la technologie. L’histoire commencée sur les étals de "Au Bonheur des Dames" avec Émile Zola, et qui aura connu son acmé avec la fascination pour les choses de Georges Perec, sera désormais bel et bien achevée. Royaume du soleil vert. Triomphe de Blade Runner. Fin de partie à la Cormac McCarthy. Mort du shopper.

Et si les choses se passaient autrement ? Car elles se passeront autrement, c’est probable. Mais comment ? Dans quelles directions ? Gageons qu’il existe une autre trajectoire, peut-être plus heureuse, qui attend le shopper de 2040. Cette trajectoire se dessine aujourd’hui, sous nos yeux. Notre présent est truffé d’émergences annonçant le shopper du futur. Il suffit d’y être attentifs et de tirer ce fil d’Ariane pour nous retrouver nez à nez avec le grand Minotaure commercial de 2040… un Minotaure bienveillant faut-il tout de même espérer.