Les MOOC : entre mirage technologique et virage pédagogique … le retour ! publié le 13/03/2016

Avant de commencer notre analyse, il est bon de comprendre qu’il y a MOOC et MOOC.. L’enseignement au sens large a toujours été ballotté entre des tendances relativement caricaturales que je qualifierais de « transmissive » (transmettre le savoir déjà là) et d’autres un peu « idéalistes » davantage orientées vers la construction par l’apprenant lui-même de ses connaissances et compétences (ce qui est malgré tout une évidence, on ne peut apprendre à la place de quelqu’un d’autre). On passe ainsi dans un éternel balancement du "Sage on the stage" au "Guide on the side" . Pour ma part, j’y ai toujours vu une belle complémentarité, une position difficile à tenir somme toute, chacun demandant à l’expert de trancher, de se prononcer sur une position ou sur l’autre. Entre le « dites-moi » et le « laissez-moi faire », on y trouve aussi des composantes de styles d’apprentissage fortement variées chez les humains en fonction des personnalités et des contextes.

Les MOOC n’échappent pas à cette catégorisation rudimentaire. Ils sont nés dans le courant connectiviste de G. Siemens privilégiant le caractère socialement et contextuellement construit des savoirs (le premier « cours » qualifié de MOOC fut celui de G. Siemens et S. Downes sur le … connectivisme). En conséquence, au début, ils s’inscrivent dans le courant davantage constructiviste et socio-constructiviste de l’apprentissage et prônent l’édification d’une intelligence collective (une forme de compagnonnage, une communauté d’apprentissage et de pratiques) soutenue à large échelle par le numérique. Mais, l’appellation « MOOC » a été reprise (usurpée, oserions-nous dire) plus tard par des systèmes fortement automatisés dans un courant davantage transmissif voire behavioriste (des cours filmés, des exercices en ligne … comme le plus souvent sur edX et Coursera). Les premiers, connectivistes sont appelés cMOOC, les seconds plutôt transmissifs, xMOOC. Cela me rappelle une belle phrase de Philippe Carré : on apprend toujours tout seul mais jamais sans les autres !