Promotion de la lecture en collège et lycée publié le 15/06/2019

Travail de réflexion des professeurs documentalistes du GTL Réseau sud Charente-maritime

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Pour mettre en place ces actions de promotion, les professeurs-documentalistes travaillent en partenariat régulier avec :

 la communauté éducative de l’établissement
 les médiathèques
 les libraires
 les collectivités locales
 les associations
 les médias locaux
 les autres établissements (premier et second degré)
 leur réseau et/ou d’autres réseaux de professeurs-documentalistes
 les auteurs/illustrateurs/éditeurs

Ces collaborations mettent en relief la créativité et l’imagination des professeurs-documentalistes pour attirer les élèves vers le livre et les autres supports de lecture. Ils mettent aussi en œuvre des actions plus pratiques d’aménagement d’espaces spécifiques favorables à la lecture dans une ambiance calme et confortable (fauteuils, poufs, et autres matériels), de politique d’acquisition partagée, de temps d’ouverture du CDI, de déploiement d’ouvrages en dehors du CDI, etc. Ils affinent leur politique de promotion de la lecture et des textes aussi en fonction des outils diagnostiques quantitatifs et qualitatifs d’emprunts et de fréquentation des élèves.

Le réseau sud des professeurs-documentalistes de Charente-maritime n’est donc pas en reste pour ce qui est du développement de la lecture et surtout du plaisir de lire. Alors pourquoi ces professionnels font-ils le même constat, celui d’Eric Orsenna dans l’ouvrage « Voyage au pays des bibliothèques » écrit en collaboration avec Noël Corbin, le constat de la grande difficulté de toucher les non-usagers de la bibliothèque, ceux qui pensent « la bibliothèque, ce n’est pas pour moi » (p.17 et p. 115) ? Comment attirer les élèves non lecteurs et non-usagers du livre, peu familiers (et peu à l’aise) du texte ? A la page 160 de l’ouvrage, les auteurs promeuvent la bibliothèque « hors-les-murs » pour aller à la rencontre des publics exclus ou qui s’excluent. Paradoxalement, les professeurs-documentalistes ont un public captif d’un lieu et d’un temps (surtout en collège) mais constatent que ce sont toujours les mêmes élèves qui viennent et « usent » du CDI, ceux qui fréquentent aussi la bibliothèque ou la médiathèque locales, ou qui ont des livres chez eux.

Le problème de la lecture « injonction » se pose : il faut bien constater qu’une lecture imposée (par un professeur) n’aboutit pas forcément, loin de là, à développer une appétence pour la lecture ni la conscience de ce que la lecture amène de bien-être à la personne. Au collège de Jonzac, une professeure de Lettres organise un rallye-lecture avec la professeure-documentaliste pour une classe de 6e : il s’agit de lire une trentaine d’ouvrages (récits illustrés, albums et romans jeunesse) et de remplir pour chaque lecture une fiche préparée par la professeure. Les élèves sont libres de lire ou pas. Depuis deux ans, le même bilan démontre que, malgré les encouragements des deux enseignantes, les élèves n’augmentent pas leur taux de lecture habituel : les gros lecteurs lisent tout, les lecteurs occasionnels lisent moyennement et les non-lecteurs ne lisent pas. La situation de départ (niveau d’appétence pour la lecture) n’évolue pas. De même au sein d’une classe de troisième, qui, sur décision de sa professeure de français, participe au 2e prix des Collégiens de Charente-maritime : la plupart des élèves ont lu les trois titres, mais pas tous, certains n’ont même rien lu du tout. Ceux qui ont lu ont effectué le travail demandé par la professeure sur les titres parce que c’est une classe sérieuse mais certains n’ont pas caché qu’ils n’aiment pas lire sans pouvoir toujours expliquer ce sentiment particulier. Hormis deux ou trois élèves familiers du CDI, gageons que ces élèves n’auraient pas lu dans le cadre d’une action ouverte aux seuls volontaires.

Il semble donc opportun de trouver des moyens d’approche différents des non-usagers du CDI, des non-lecteurs et de travailler sur la relation de l’élève au livre : c’est ce que les principes de la bibliothérapie, qui se développe lentement en France, pourraient aider à faire.