Pratiquer la lecture collaborative pour se former publié le 28/02/2018  - mis à jour le 02/10/2019

Un arpentage sur le thème des pratiques informationnelles des adolescent·e·s

L’arpentage : pourquoi ?

Le Groupe Technique Local d’enseignant·es documentalistes de la Vienne Nord-Ouest souhaitait approfondir la réflexion et la mise en œuvre pédagogique des réseaux sociaux numériques (RSN).
Après une réunion pour baliser les questions et demandes, nous avons mis en place une séance d’autoformation afin d’apporter un éclairage universitaire et théorique qui permettrait de se construire une culture partagée.

L’objectif était de stabiliser certaines notions tout en ouvrant la réflexion sur les pratiques numériques des adolescents.
Par ailleurs, le cadre du GTL a soulevé chez les animatrices la volonté de construire le groupe, qui se connaît peu, tout en favorisant l’incubation d’idées et l’émergence d’une réflexion collective à partir de celle de chacun·e.

Nous avons choisi un ouvrage qui permet d’aborder les fondements théoriques des pratiques des adolescents sur les réseaux sociaux numériques, à partir d’une enquête qui déconstruit les représentations de l’imaginaire éducatif, celui de jeunes qui détiendraient naturellement une compréhension fine de l’outil : Grandir connectés, d’Anne Cordier.

Ayant découvert lors d’une séance pédagogique avec une collègue de lettres la technique de l’arpentage avec des lycéen·ne·s, il nous est apparu idéal pour étudier rapidement mais de façon approfondie l’intégralité du texte.
En effet, plutôt que de lire chacun·e l’ouvrage puis d’en discuter en plénière, il s’agit de se répartir la lecture par « morceaux » pour ensuite mettre en commun collectivement et oralement les résumés.

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L’arpentage : comment ?

L’arpentage, issu de l’éducation populaire, s’est déroulé comme suit :

  • Présentation : L’animatrice présente le principe. Le choix de l’ouvrage a été fait.
  • Matériel : un ouvrage, des post-it, un tableau blanc.
  • Distribution des extraits :
    sous les yeux étonnés de l’assemblée, l’animatrice déchire le livre ! Elle distribue sans suivre le découpage en chapitres, un groupe de pages qui se suivent à chaque membre du groupe. Les morceaux de textes sont distribués aléatoirement entre chaque personne qui se retrouve avec un extrait d’une dizaine de pages.
  • Lecture individuelle : Pendant 30-40 min, chacun·e effectue une lecture éclairée de son extrait.
    La prise de notes en mots-clés est consignée sur des post-it.
  • Mise en commun : 60-90 min. Le groupe se rassemble. Tour-à-tour, les participant·es présentent oralement leur extrait en collant les post-it sur le tableau blanc, ou en résumé par une carte heuristique ou simplement en notant des mots-clés. L’ordre du livre n’est pas suivi, la présentation se fait par associations d’idées, lorsque quelqu’un souhaite rebondir sur le propos que vient d’effectuer son collègue.
    Et petit à petit les axes de l’ouvrage sont décrits, définis, les notions importantes reviennent et font échos à des savoirs ou des pratiques, des exemples sont abordés.
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L’arpentage : avec les classes !

Ainsi, on crée une dynamique de réflexion individuelle et de dialogue, permettant à chacun·e de prendre sa place dans le groupe, tout en construisant individuellement son savoir, stabilisé par l’échange et les associations d’idées générées par la parole collective.
De « collisions » en « collisions », chacun·e partage son expérience, ses expériences pédagogiques, ses références théoriques tout en se servant de l’ouvrage comme levier, élément de connaissance partagée.
Par l’échange, on met en relation ce savoir extérieur au sien et on le fait évoluer.

L’arpentage s’expérimente en classe : pour effectuer une lecture suivie collective ou participer à un prix de lecture, pour faire émerger une réflexion approfondie sur une œuvre littéraire ou ouvrir à des informations de culture générale en lien avec les programmes, chaque objectif peut être envisagé. Par exemple, L’Univers à portée de main de Christophe Galfard a permis d’aborder des questions scientifiques complexes afin de prolonger le programme de physique avec une classe de première.

On commence par accrocher les élèves par la mise en scène, puis par désacraliser le livre, le savoir, tout en permettant de se le réapproprier plus tard. En effet, j’ai observé un engouement sur ces livres qui ont été ensuite empruntés pour en faire la lecture individuelle plus tard.