S'orienter pour mieux se définir publié le 24/01/2018  - mis à jour le 08/06/2018

Alors que les semaines de l‘orientation sont désormais de mises. Le risque est grand de construire des dispositifs ex-nihilo visant uniquement à informer.
Tout l’enjeu de l’orientation est de faire naître un projet chez l’élève dans lequel il peut se positionner en tant qu’acteur, à travers lequel il peut se projeter dans l’avenir à un moment « T ».
Dans ce processus, le professeur documentaliste au cœur de l’interdisciplinarité a un rôle de médiateur à jouer entre les différents partenaires extérieurs et l’ensemble de la communauté éducative.

Mise en place

Au Cepmo, nous avons cherché à développer ces idées en mettant en place des dispositifs autour de l’orientation visant à créer une dynamique inter-niveaux et à favoriser les échanges entre les élèves par l’entremise des partenaires extérieurs entre autres.
Mais l’idée de mettre en place une semaine consacrée à l’orientation n’est pas venue de la réforme car nous n’aurions jamais eu le temps nécessaire de développer de tels dispositifs si nous n’avions pas anticipé.

En effet, c’est lors de nos réunions pédagogiques de fin d’année qui se déroulent tout au long du mois de Juin que nous avons constaté que nos actions visant à accompagner les élèves vers une orientation choisie et raisonnée, étaient insuffisantes.
Un trop grand nombre ne trouvait pas leur voie, beaucoup faisaient des choix par défaut qui les amenaient à ne passer que quelques mois sur les bancs de l’université pour se retrouver désenchantés à l’arrivée.
Trop peu d’enseignants étaient au fait des filières d’orientation, et plus le temps passait plus nous étions déconnectés des réalités universitaires malgré nos lectures.
Si les livres sont une source inépuisable de connaissances ils n’exemptent pas de se frotter aux réalités du terrain en allant à la rencontre avec les universités en tant que lieux à part entière de l’enseignement supérieur.
Nous devions donc nous « mettre à niveau », nous offrir les outils nécessaires pour informer nos élèves et les aider à choisir une filière, un domaine d’activité plutôt que de le subir.

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Les partenaires

Nous avons donc décidé de faire de l’orientation l’affaire de tous :

  • Des parents qui sont les garants d’une orientation réussie de part leurs différents statuts : financeurs, responsables légaux, acteur de la socialisation primaire.
  • Des enseignants qui doivent être mobilisés pour pouvoir répondre aux questions des élèves, les accompagner au mieux et se saisir des enjeux de la réforme en cours.
  • Des élèves qui par le biais de l‘information vont pouvoir désacraliser les choix de filières pour en faire l’enjeu d’une décision à un moment T et non d’une décision irrévocable qui déterminera l’entièreté de leur existence.
  • Des partenaires extérieurs qui peuvent mieux que quiconque rendre compte des parcours de formation et de la réalité professionnelle à laquelle ils font face.
  • Des psy EN qui sont la clé de voute de l’orientation, puisque que ce sont les spécialistes des filières, des formations et les seuls à nous garantir une information valide.

Dès lors il nous fallait développer un projet qui puisse permettre à chacun de trouver sa place, à chacun de s’investir pour mieux accompagner les élèves.

Co-construire un projet pour le rendre viable

Il nous est dès lors paru indispensable de créer un poste de coordonnateur pour l’orientation.
C’est notre enseignante de SES, Bénédicte Ronge qui a pris en main ce poste impliquant la coordination de tous les acteurs entre eux et l’organisation des différents événements.
En tant que professeur documentaliste, j’ai aidé le coordonnateur dans ses démarches et c’est ensemble que nous avons pu coordonner les actions de tous.
Dans ce cadre, notre partenaire privilégié a été la psy EN de Rochefort que nous avons rencontré dès le mois de septembre afin de fixer les différentes modalités de ses interventions, de fixer les dates de ses venues et de déterminer le calendrier des sorties CIO pour nos élèves.
En parallèle, dès le mois de juin, nous avons eu la chance de rencontrer une conseillère en insertion qui était en formation, Nora Plinguet et qui s’intéressait à notre établissement et son mode de fonctionnement.
Heureux hasard qui nous a permis de dépasser le domaine des filières pour confronter nos élèves aux réalités du monde professionnel et leur offrir une porte grande ouverte sur les différentes structures de recherches d’emplois.

Dès lors, nos objectifs étant clairs, nos partenaires définis, restaient à coordonner nos actions.

S’orienter pour aller à la rencontre de l’enseignement supérieur

Pour les premières et les terminales, nous avons organisé une immersion à l’université de la Rochelle.
Les élèves en amont avaient choisi les filières dont ils souhaitaient suivre les cours. Nous avons organisé avec l’université de la Rochelle, par le biais de CAP’SUP une journée qui a permis à chacun par petits groupes d’assister à des cours à l’université : TD, cours en amphithéâtre, rencontre avec des étudiants, repas au restaurant universitaire, visite de la faculté. Autant de moments qui leur ont permis de mieux saisir les enjeux des études supérieures, de baigner dans une ambiance particulière. Certains se sont révélés, d’autres au contraire ont tranché en faveur du « non » à l’université.
Outre les ressentis et les décisions prises, ce moment leur a permis de mieux comprendre la réforme en cours dans les universités et surtout d’en saisir les enjeux à venir.
Le fait de mélanger les filières (S, ES, L) et les niveaux pour cette sortie à contribuer à développer les échanges, de partager collectivement une expérience, une rencontre avec l’avenir.


Découvrir des parcours de formations

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En outre, nous avons mis en place un parrainage entre les anciens élèves et les élèves de première.
Après avoir sondé les élèves sur les études ou les métiers qu’ils envisageaient, nous avons contacté nos anciens élèves pour les mettre en relation. Ainsi nos élèves ont pu dresser le portrait des anciens, leurs parcours et déterminer ce que le CEPMO leur avait apporté.
Dès lors, durant plusieurs mois, par le biais de messages interposés, ces échanges ont eu lieu permettant aux jeunes de se projeter, d’aller à la rencontre de parcours de formation qu’ils n’auraient pas toujours imaginés.
Ces discussions ont donné lieu à la réalisation d’affiches qui étaient visibles dans le hall lors de la semaine de l’orientation.
Ce dispositif est particulièrement intéressant puisqu’il permet aux élèves de ne pas affronter l’angoisse liée à leur propre orientation mais de déplacer le questionnement sur l’autre.
Ainsi ils ne s’interrogent pas sur leur parcours ; ce qui en classe de première démultiplie l’appréhension ; mais sur le parcours d’un autre qui lui-même est passé par une scolarité similaire.

Ces affiches ont conduit à développer chez les élèves un certain nombre de compétences info-documentaires :

  • Analyser :
    • Organiser leur interrogation en fonction de l’état de son besoin d’information.
    • Sélectionner les éléments pertinents en lien avec un objectif ou une problématique adéquate.
  • Communiquer :
    • Être capable d’utiliser des outils d’information pour produire soi-même de l’information, pour communiquer.
  • Être élève :
    • Être autonome dans ses recherches.
    • Aboutir et finaliser sa production

Explorer des métiers

Les premières ont donc construit des affiches pour tous, partageant l’exploration des parcours des anciens avec l’ensemble des autres élèves.
Mais nous devions faire en sorte que chacun apporte sa pierre à l’édifice, que chacun soit partie prenante d’une construction collective de représentations quant aux filières de formation mais aussi quant aux métiers à exercer.
C’est dans cet objectif que l’enseignante de SES a décidé d’aborder le chapitre « le diplôme, un passeport pour l’emploi » en demandant aux élèves de créer de petits films sur les métiers.
Par ce biais ils ont donc pu participer au concours « je filme le métier qui me plait » et aborder les notions d’emploi, de qualification et de capital humain.
Ils sont donc allés à la rencontre de professionnels, les ont interviewés et ont procédé au montage de leur courts métrages.

Outre les compétences en SES, ces séquences ont été envisagées sous l’angle de l’interdisciplinarité avec l’intervention du professeur documentaliste.
Ainsi un certain nombre de compétences info documentaires ont pu être travaillées par le biais de la réalisation, la création d’un scénario et d’un questionnaire :

  • Communiquer :
    • Savoir utiliser les règles de base du droit d’expression.
  • Être élève :
    • Savoir mener à bien une recherche individuelle ou au sein d’un groupe.
    • Se remettre en question. Dialoguer, confronter, collaborer. Accepter un regard critique.

S’orienter pour développer sa curiosité

Nous avons donc organisé une semaine de l’orientation durant laquelle des professionnels ont présenté leur métier et des partenaires ont animé des ateliers autour de la vie professionnelle.

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Pour ce faire, nous avons réuni tous les acteurs pour que chacun trouve son rôle, soit partie prenante et pour qu’une prise de conscience collective ait lieu afin de faire de l’orientation l’affaire de tous.


Dans ce cadre, nous avons fait intervenir des partenaires extérieurs :

  • Bureau d’information jeunesse d’Angoulême et de Saint Pierre d’Oléron pour la mobilité internationale et pour animer des ateliers autour du jeu EXPLORAMA , un jeu pour ‘orienter.
  • Des parents qui sont venus présenter leur métier
  • Des professionnels extérieurs pour certains métiers : viticulteur, comptable entre autres.
  • Des intervenants venant présenter leur filières : compagnons du devoir, armée, gendarmerie.
  • Une conseillère en insertion pour venir animer des ateliers autour de l’emploi :
    • Savoir identifier ses qualités et ses compétences,
    • Trouver un job et gagner en autonomie : les structures qui peuvent m’aider,
    • A la recherche du job étudiant qui me correspond,
    • Répondre à une offre d’emploi et candidater,
    • Se préparer à entretien d’embauche,
    • Vivre un entretien d’embauche.

Durant une semaine chaque après-midi les élèves sont allés à la rencontre de métiers, de formations, d’intervenants.
En amont nous avions créé un questionnaire permettant aux élèves d’émettre des choix, d’évoquer des domaines professionnels susceptibles de les intéresser. Ce sont les professeurs principaux et les tuteurs qui ont coordonné la collecte de ces données.
C’est à partir de ce premier sondage que nous avons démarché les parents qui pouvaient intervenir et qui répondaient à ces premiers critères.
Nous avons complété ces profils par d’autres professionnels extérieurs afin de répondre au mieux aux métiers qui étaient envisagés.
C’est l’ensemble de la communauté éducative qui s’est mise en recherche et est venu compléter la liste des intervenants, Karine, professeure d’espagnol, a activé ses contacts au BIJ d’Angoulême pour les faire intervenir sur la mobilité internationale, sujet central de l’orientation de nos élèves.
C’est Sarah, la professeure d’anglais qui nous a donné des contacts de journalistes.
C’est Florence une de nos AESH qui a fait venir la gendarmerie.
L’ensemble des ces intervenants ont été contactés par Bénédicte Ronge, enseignante en SES et référente orientation.
Au total pour 116 élèves, 34 professionnels sont venus présenter leur métier, 7 ateliers ont été proposés, 3 institutions sont venus présenter les métiers auxquelles elles préparaient (armée, gendarmerie, compagnons du devoirs).

Chaque élève muni de sa fiche personnalisée de rendez-vous a pu sillonner l’établissement à la rencontre des intervenants.

Exemple de fiche personnalisée (PDF de 134.5 ko)

S’orienter pour mieux se définir.

Tous les enseignants ont été mobilisés durant cette semaine afin de veiller au bon déroulement de l’événement.
Les élèves ont assuré la maintenance et l’accueil et un petit groupe avait pour fonction d’être reporters. Ces derniers ont donc procédé à l’interview de plusieurs professionnels, à des reportages photographiques qui en disent long sur l’ambiance de ces journées.

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Le bilan qui a été dressé par le biais des professeurs principaux en réunion classe et par le biais du tutorat en rendez-vous individuel a conduit au constat d’une belle réussite.
Notre réussite, c’est César qui n’envisageait pas de poursuite d’étude et dont la rencontre avec les professionnels a aiguisé la curiosité et amener à un véritable questionnement quant aux études supérieures ; c’est Louise qui ne savait plus où elle en était et qui suite aux rencontres nous a dit que les métiers du social était définitivement la voie qu’elle souhaite suivre ; c’est Mano qui est parti des étoiles dans les yeux en se disant que le métier d’animateur était fait pour lui, c’est Margaux qui a vu son désir de devenir professeur des écoles se renforcer, c’est Chloé qui s’est dit au contraire qu’elle ne serait pas professeur ; c’est Émilie qui se prenait au jeu de préparer un entretien d’embauche et qui me questionnait sur mon parcours professionnel.

S’orienter c’est assouvir sa curiosité, c’est se déterminer à un moment T, c’est trouver une voie, une filière un domaine dans lequel s’épanouir, c’est choisir en fonction d’un environnement socio-économique les chemins que nous allons parcourir. Et c’est aussi s’ouvrir à l’altérité, aller à la rencontre de l‘autre, échanger pour mieux se nourrir et ne pas se cantonner à se regarder soi.
Car s’orienter c’est déterminer sa position relative vis à vis du monde qui nous entoure, c’est déterminer où l’on est et dans quelle direction on va aller.
C’est sans doute dans l’altérité qu’on se construit, qu’on éprouve nos certitudes et qu’on commence à imaginer l’avenir.