Projet « Non au harcèlement ! » - Lycée Guez de Balzac d'Angoulême publié le 10/11/2020

Depuis quatre ans le lycée Guez de Balzac d’Angoulême banalise une journée fin septembre pour les 430 élèves de Seconde, intitulée « Non au harcèlement » . Il s’agit de les sensibiliser autour des souffrances et des dangers liés au harcèlement, mais aussi de les outiller pour faire face à ces situations difficiles, quelle que soit leur position (victime, témoin ou harceleur).

Cette journée s’intègre dans un projet Erasmus dont l’objectif est double :

  • d’une part sensibiliser les jeunes sur la problématique du harcèlement et libérer leur parole ;
  • d’autre part sensibiliser tous les personnels éducatifs à cette réalité et au recueil de la parole des élèves, leur accompagnement et leur prise en charge si nécessaire.

En 2021, cette journée prendra une dimension européenne avec l’accueil des élèves des lycées partenaires du projet Erasmus.
Depuis que cette journée a été mise en place, l’équipe éducative a noté une prise de parole facilitée chez les élèves.

Vous trouverez dans les pages suivantes la présentation par Mme Françoise Lamant, Conseillère principale d’éducation, de ce projet mené depuis 2016 au lycée Guez de Balzac.

Une journée internationale de lutte contre le harcèlement s’est également tenue le 5 novembre dernier.

À cette occasion, une conférence internationale portée par l’Unesco et le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a été diffusée en direct. Elle a été l’occasion d’établir un point d’étape de la politique menée par le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports depuis plusieurs années dans la lutte contre le harcèlement, y compris le cyber-harcèlement, et d’envisager de nouvelles pistes d’action. Elle s’est appuyée sur les engagements pris lors de la réunion des ministres de l’Éducation du G7 sous la présidence française en juillet 2019.


Présentation du projet

Si nous avons choisi de travailler autour de la thématique du harcèlement, c’est que nous avons constaté, qu’elle était une des causes importantes de la souffrance scolaire, voire du décrochage scolaire de nos élèves.

La peur, le silence, la banalisation sont trop souvent les attitudes face à cette problématique.
Beaucoup "choisissent" de l’ignorer, de tourner la tête ou de considérer la situation comme anecdotique.

Décliner la prévention du harcèlement de l’échelon local à l’échelle européenne nous apparait alors comme un challenge indispensable et enthousiasmant.

Notre projet Erasmus+ doit permettre à des lycéens et des enseignants engagés dans cette lutte, d’aller à la rencontre de leurs pairs. Les différentes étapes que nous nous avons envisagées permettront in fine la création d’une "mallette ressource européenne" dans laquelle tout établissement pourra puiser.

Si nous voulons que cette problématique s’invite dans le quotidien de tous, n’ayons pas peur de faire une journée européenne du "Non au harcèlement". C’est cette demande que nous adressons au membres de la Commission européenne chargée de l’Education et de la Culture.

Nous souhaitons que demain tout élève puisse entrer dans son établissement rassuré, épanoui.

"Le harcèlement est un poison
Le silence une prison
Le savoir est le début d’une solution"

Pourquoi et comment travailler la prévention du harcèlement ?

« On peut le subir ou le voir, sans savoir forcément quoi faire. »

C’est ainsi que commence la synthèse des élèves du lycée Guez de Balzac qui viennent de passer six jours en Roumanie, dans le cadre du projet Erasmus+ de lutte contre le harcèlement. Ce sont ces mêmes questions qui, hier comme aujourd’hui, tourmentent les élèves qui, quoi qu’ils vivent ou voient, se taisent.

Ce constat, d’une très grande violence pour la conseillère d’éducation que je suis, m’a amenée à réfléchir autrement le travail autour du harcèlement.

Tout le monde connaît aujourd’hui les chiffres, largement diffusés par notre ministère et par l’Observatoire des violences à l’école. Lorsque l’on parle du harcèlement, on pense beaucoup aux écoles, collèges et lycées professionnels. On dédramatise beaucoup plus lorsqu’il s’agit d’un lycée, et en particulier d’un lycée de centre ville, d’une ville moyenne…
Et pourtant, le lycée est un lieu important de violences. Une violence sourde, tout aussi invisible qu’au collège, et encore plus honteuse pour un adolescent qui continue de se construire à qui on répète : « maintenant, il faut gagner en maturité, tu es responsable de tes actes » !

Le défi qui s’ouvrait à notre équipe était donc : comment mobiliser, comment être lisible, comment réparer, comment gagner la confiance… ?

Les prémisses

Depuis des années, nous recueillons la parole de jeunes et sommes vigilants afin de construire des réponses appropriées pour que les victimes d’aujourd’hui puissent être des citoyens épanouis demain. Dans ce cadre-là, le concours « Non au harcèlement » auquel des élèves de 2nde et de 1ère nous ont demandé de participer en 2016, a été un outil formidable pour fédérer des adultes et des jeunes autour de ce projet. Notre énergie a été récompensée puisque nous avons obtenu le Prix national de la meilleure affiche. Reconnaissons qu’elle est particulièrement bien réussie !

Il nous est apparu alors nécessaire d’aller plus loin dans notre travail, de partager et de proposer à tous les jeunes de notre lycée un temps fort en début d’année scolaire pour leur dire une chose simple : « Pour les adultes de votre établissement, le harcèlement est une chose grave, vous trouverez toujours l’un de nous pour vous écouter ».
Quatre ans après, nous pourrions ajouter : « Pour beaucoup de lycéens, le harcèlement est grave, vous trouverez toujours des pairs pour vous écouter ».

La journée de sensibilisation et les actions qui lui sont liées

 La journée de sensibilisation

Planning de la journée de sensibilisation "NON au harcèlement" du 29 septembre 2020 (PDF de 45.2 ko)

Projet « Non au harcèlement ! » - Lycée Guez de Balzac d’Angoulême.

Depuis trois ans, la 3e semaine de septembre, nous banalisons une journée pour nos 430 élèves de Seconde. Il s’agit de les sensibiliser autour des souffrances, des dangers liés au harcèlement, mais aussi de les outiller pour faire face à ces situations difficiles, quelle que soit leur position (victime, témoin ou harceleur).

Dès le matin, les élèves visionnent le film 1’54 de Yan England. Ils doivent ensuite choisir deux ateliers parmi la trentaine qui leur est proposée. Ces ateliers (1h30) sont animés par une cinquantaine de professionnels (avocats, psychologues, police, intermittents du spectacle, enseignants, témoins, psychologues EN, infirmier, CPE, journaliste, directeur de théâtre, personnels
de l’hôpital), ainsi que (depuis cette année) par des élèves de 1èreet de terminale. La journée pour les élèves commence à 8h et se termine à 16h. A chaque fin d’atelier, les élèves remplissent un petit questionnaire, que nous analysons.

Synthèse du questionnaire (PDF de 74.2 ko)

Projet « Non au harcèlement ! » - Lycée Guez de Balzac d’Angoulême.

Elle est tout entière accompagnée par le psychiatre Xavier Pommereau. A 16h, les animateurs des ateliers se retrouvent deux heures pour débriefer. Xavier Pommereau clôture la journée par une conférence sur l’école et l’adolescent, ouverte à toute la communauté éducative, aux partenaires éducatifs locaux, et aux familles.

Fin octobre, à froid, nous proposons aux élèves un deuxième questionnaire à ces mêmes élèves de seconde. Questionnaire que nous partageons avec nos collègues du projet Erasmus plus. Le bilan a été fait sous la forme d’un Prezi.

Voici le reportage réalisé par BFM TV le 29 septembre dernier, journée « Non au harcèlement » de notre établissement.

 Le travail avec les écoles du réseau ECLORE

Depuis que nous avons engagé ce travail, nous mesurons les effets de notre action : auprès de tous les personnels de l’établissement qui sont plus attentifs, auprès des élèves qui sont plus rassurés, plus à l’écoute de leurs pairs, et auprès des parents dont nous recevons toujours plus d’appels sur le sujet. Grâce à la conférence de Xavier Pommereau, organisée à la suite de la journée de sensibilisation, parce que nous l’avons ouverte à un plus large public (enseignants,
professionnels de l’éducation), nous avons pu mettre en place ensuite un travail avec des professeurs des écoles :

  • 2018-2019 : école Mario Roustan d’Angoulême (108 élèves sur 5 classes : CP, CE1, CE1-CE2, CE2, ULIS)
  • 2019-2020 : école primaire Jean Monnet (REP+) de Soyaux.

Cette année, suite au succès des actions menées avec l’école Mario Roustan, et à la demande de dix enseignants de l’école primaire Jean Monnet (REP+), nous travaillons avec les 180 élèves de cette école de Soyaux.
Depuis octobre, toutes les trois semaines, un travail de concertation a lieu entre les professeurs des écoles et nous (2 enseignants et 2 CPE).
Depuis le mois de novembre de cette année, 30 élèves de notre lycée se forment, tous les quinze jours, construisent des saynètes pour proposer aux enfants des écoles leur travail sur la thématique du harcèlement (théâtre interactif).
De leur côté, les collègues préparent avec leurs classes notre future venue. En mars-avril, pendant cinq matinées, chacune des dix classes travailleront avec un groupe de lycéens acteurs pendant 1h30. Toutes ces activités se clôtureront par une rencontre au lycée. Les enfants viennent y déposer pour une semaine leurs travaux qui donnent lieu à une exposition au CDI, travaux qui sont ensuite exposés à l’école Jean Monnet à destination des parents.

 Des formations

En 2017, trois élèves lauréats du concours « Non au harcèlement » 2016, dont la présidente et la secrétaire de la Maison Des Lycéens, et moi-même avons participé à la journée de formation du dispositif des ambassadeurs lycéens organisée par le Rectorat de l’académie de Poitiers.

En 2018, une proposition nous est faite par la région Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec le Rectorat, d’une formation appelée « Sentinelles et référents ». Elle se construit en plusieurs temps : d’abord ce sont 12 élèves (« sentinelles ») et 6 personnels (enseignants, CPE, agent) (« référents ») qui pendant 4 jours suivent un stage organisé au sein du lycée. La deuxième partie de cette formation s’adresse uniquement aux adultes qui sont destinés à devenir formateurs dans leur établissement, voire dans leur département.

Ces formations nourrissent le quotidien de notre travail éducatif. Il a été intéressant par exemple de constater à quel point il était indispensable de mieux préciser la place de chacun et en particulier de celle de nos jeunes citoyens. C’est ainsi que cette année, lors d’une situation de harcèlement, une élève « sentinelle » formée a pu nous accompagner très positivement dans la résolution d’un conflit particulier.

 Des ateliers

Ateliers de la journée « NON au harcèlement » du mardi 29 septembre 2020 (PDF de 53.7 ko)

Projet « Non au harcèlement ! » - Lycée Guez de Balzac d’Angoulême.

Le plus ancien, comme nous, est l’atelier lecture. Co-animé au CDI le soir avec la professeure documentaliste, cet atelier a pour premier objectif de faire découvrir le plaisir de la lecture, de donner de façon décomplexée l’envie de se plonger dans un roman, peut-être pour la première fois.

Toutes les trois semaines, autour d’un moment convivial (tisane, petits gâteaux,…), nous partageons nos coups de cœur. Beaucoup d’élèves ont commencé par être des auditeurs pour petit à petit oser prendre un livre.

Ce projet culturel et éducatif est aussi un apprentissage de la citoyenneté, de la tolérance, il est aussi une ouverture de l’esprit. Depuis que nous travaillons plus
particulièrement avec les élèves sur la thématique du harcèlement, le club lecture est devenu un support sur lequel nous nous appuyons régulièrement pour construire des débats contre toutes les formes de discriminations. Nous avons aujourd’hui un très solide fonds (cf. annexe : notre bibliographie).

D’autres ateliers se poursuivent et/ou vont se construire tout au long de l’année : atelier création de slogans sur les contremarches des escaliers, atelier cinéma, ou atelier création du logo pour le projet Erasmus plus par exemple.

La Guezette, journal du lycée Guez de Balzac, suit l’actualité des événements qui ont lieu sur le sujet (cf. annexe : quelques articles sur le sujet).

 Pendant les heures de vie de classe ou à la demande

Le sujet est abordé dès le début de l’année avec les professeurs principaux. Il est une thématique récurrente tout au long de l’année. Et les outils que nous avons construits et continuons à construire sont autant de moyens que nous partageons entre collègues.

Le projet Erasmus plus« NON au harcèlement »

Ce travail de prévention, entamé depuis ces dernières années au lycée, s’enrichit cette année d’un partage d’expériences à l’international, dans le cadre d’Erasmus plus. Nous avons fait le choix d’aller voir ce que signifiait le harcèlement au-delà de nos frontières, quels étaient les outils construits, utilisés par nos collègues dans la lutte contre les discriminations et le phénomène d’exclusion ou de bouc émissaire. Trois pays sont venus nous retrouver : l’Italie, la Roumanie, et la Grèce.

 Ses objectifs :

  • Sensibiliser et mobiliser les acteurs (élèves et adultes des établissements) sur le thème du harcèlement scolaire, dans toutes les langues
  • Faire de nos élèves des citoyens responsables, des tuteurs (réseau ECLORE)
  • Rendre les référents (élèves et adultes) visibles et identifiables par tous les membres de la communauté scolaire à travers la mise en œuvre d’actions au sein des établissements
  • Partager et construire des outils de lutte contre le harcèlement : outils de communication, outils pratiques et organisation d’événements (« Erasmus plus »)
  • Faire connaître et reconnaître ce projet aux instances décisionnaires : Ministères, Présidents, Parlement Européen (« Erasmus plus »)

 Son calendrier :

En somme, après quatre années de travail autour de cette thématique, le premier bilan que nous pouvons faire à l’intérieur de notre établissement, c’est qu’aujourd’hui, pour les adultes de la communauté scolaire, le harcèlement n’est plus une banalité, ni une fatalité (de celles qui ont toujours existé). Il n’est plus le travail de quelques individus, mais il est un engagement collectif. Il est une violence dont se sont emparés les enseignants à nos côtés.

De la même façon, aujourd’hui beaucoup de nos élèves sont attentifs et sont des citoyens qui s’engagent avec nous. Nous avons gagné la confiance de beaucoup d’entre eux et renforcé notre partenariat avec beaucoup de parents (même s’il reste encore une marge de progrès). La loi du silence lié à la peur (même si celle-ci n’a pas complètement disparu) n’est plus prépondérante. Les élèves viennent nous parler de ce qu’ils ont vu, entendu, de ce qu’ils subissent. En améliorant le climat scolaire, nous luttons contre le décrochage scolaire et nous permettons une meilleure réussite à tous nos élèves.

Documents joints
un document Bibliographie (PDF de 140.3 ko)

Lutte contre le harcèlement : le combat de Guez, en page 16

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Auteur

 Isabelle Girard

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