Baladodiffusion et outils nomades pour développer l’oral en lycée publié le 21/04/2011  - mis à jour le 18/07/2018

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Retour d’expérience au lycée Branly

Extension de l’espace temps et de l’espace classe : nouvelle relation élève / professeur

L’usage nomade de fichiers audio et vidéo, la mise à disposition de fichiers authentiques en dehors de la classe par le biais de baladeurs et d’ENT permet une exploitation maximale de l’espace-temps et un éclatement de l’espace-lieu. L’élève s’imprègne d’une langue authentique à la maison, de façon plus fréquente et l’approche de cette langue est davantage individualisée.

Par ailleurs, l’extension de l’espace-temps et de l’espace-classe et le suivi individualisé supposent une nouvelle relation élève / professeur car le professeur qui adresse un fichier audio ou vidéo à ses élèves pour qu’ils l’étudient en autonomie va devoir garder un contact avec eux car ils peuvent ponctuellement avoir besoin d’aide ou de précisions. Ce contact qui peut se faire par mail permet un suivi personnalisé. Grâce à cette relation individuelle qui s’établit entre le professeur et l’élève, l’élève se sent davantage valorisé, mis en confiance et pris en charge. Au final, il s’investit davantage.

Le choix des documents : la mutualisation s’impose

Cependant, le dispositif a des limites si le professeur ne préserve pas la situation d’échange en classe.
Par ailleurs, la difficulté majeure pour l’enseignant sera certainement le choix des documents authentiques et leur mise à disposition. Tous les documents disponibles sur le web ne sont pas nécessairement adaptés à la classe, à un niveau donné ou à une situation d’apprentissage. Les documents bruts disponibles n’ont pas été conçus pour la classe de langue et ne s’inscrivent pas tels quels dans le cadre d’une séquence de cours.
Le professeur devra opérer des choix dont dépendra la qualité de la production des élèves et leur réussite. Trier, indexer, classer seront des démarches nécessaires, voire indispensables et
les équipes pédagogiques qui acceptent de mutualiser au moins les supports par niveaux et difficultés linguistiques gagnent un temps considérable.

L’équilibre du travail maison / classe

Outre la limite que pourrait représenter le choix des documents par le professeur, il serait peu réaliste de penser que, sous prétexte qu’ils ont entre les mains un outil que par ailleurs ils utilisent pour se divertir au quotidien, les élèves vont consacrer davantage de temps à l’étude des fichiers audio ou vidéo en langue étrangère qu’ils ne le feraient pour un document papier.
Maintenir l’équilibre du travail maison/classe semble être de rigueur tout comme planifier le déroulement des activités.

Une utilisation régulée

Un suivi des élèves pendant les premières utilisations est nécessaire afin qu’ils ne développent pas de stratégies trop coûteuses en temps et peu efficaces lorsqu’ils s’enregistrent par exemple. Les élèves désireux de bien faire ne se montrent jamais satisfaits de leur travail et peuvent être amenés à enregistrer 16 fois le même fichier en ayant le sentiment que le fichier n°16 est meilleur que le précédent, ce qui est rarement le cas.
Cette attitude est compréhensible car il est difficile pour l’élève de « s’entendre parler » une langue étrangère, d’éviter l’écrit oralisé, d’admettre les pauses dans la prise de parole, de veiller à l’accent, l’intonation tout en se concentrant sur le contenu de la prise de parole… Il convient de faire comprendre aux élèves qu’il est souhaitable de ne pas multiplier les « brouillons oraux » dans le cas de la prise de parole.
Dans le cadre de l’expression orale en continu, il convient d’apprendre aux élèves à réguler correctement tant leur écoute que leur enregistrement.

Les difficultés à respecter l’accentuation

J’ai constaté que plus l’élève est réticent à prendre en compte les accents écrits lorsqu’il remet au professeur un travail d’expression écrite, plus il a de difficulté à reproduire l’accentuation ou le rythme de la phrase en prise de parole, et plus il a de difficulté à comprendre un message oral. En effet, il ne parvient pas à découper le flux continu de la parole, ou son découpage est artificiel. S’il comprend le mot, il ne sait pas reconnaître les unités de sens et donc reconstruire, interpréter et comprendre le message dans sa globalité.

Si une plus grande exposition à la langue par le biais des baladeurs permet un meilleur apprentissage de la compréhension de l’oral et de l’expression, l’expression écrite reste le passage obligé pour une prise de conscience, entre autres, des règles d’accentuation.

 

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