L’utilisation d’internet en établissement scolaire publié le 26/05/2009  - mis à jour le 22/08/2018

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La vidéo en ligne

Photo par Tanakawho - cc/licenses/by-nc

Communautaires par nature, les sites d’échange de mini-vidéos comme YouTube ou MySpace rassemblent chaque jour une centaine de millions de visiteurs. Google (qui a racheté Youtube un an après sa sortie) et Yahoo ! sont les autres acteurs majeurs de ce phénomène. Dailymotion, la solution française comparable techniquement à Youtube, ajoute plus de 5000 nouvelles vidéos par jour.
Le succès de ces sites tient dans leur contenu, mis en ligne par les internautes eux-mêmes : tout ... et n’importe quoi ! Ce qui n’est pas sans poser des problèmes de désinformation, de contenus choquants, et de distraction des élèves en classe.
Le règlement « interne » de ces sites stipule ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Généralement la frontière ne réside pas dans le contenu mais dans l’intention (d’informer ou de choquer). En gros : « agissez de manière responsable » ! (voir le règlement de Youtube).
Dailymotion invite ses utilisateurs à « signaler tout contenu qu’ils jugent inapproprié en utilisant la fonction « signaler cette vidéo » localisée sous le lecteur de chaque vidéo ». Une auto-régulation idyllique ?

Le principe de navigation sur ces plateformes vidéo implique que l’on puisse butiner d’une vidéo à une autre par auteur, par thématique ou par simple feuilletage (les tags, classements, renvois, permettent une navigation intuitive, et ajoutent des fonctionnalités au simple moteur de recherche). Le simple clic sur le bouton « vidéo suivante » ou « vidéo précédente » propulse l’internaute vers un document dont il ne peut pas anticiper la nature et le contenu. L’intégration de vidéos pédagogiques repérées par l’enseignant dans un blog pédagogique académique n’est donc pas une réponse satisfaisante, les liens vers la plateforme d’origine restant actifs.

Le modèle économique de ces services gratuits n’est pas bien défini. On peut dire toutefois que tous fonctionnent grâce à la publicité, sur le modèle de Google. Publicité parfois très intrusive, parfois plus subtile ou sournoise, personnalisant les messages et les ciblant selon les centres d’intérêts manifestés par le jeune lors de son utilisation d’internet. Les sites de rencontre sont notamment très racoleurs. Un accroc de taille dans le principe de neutralité commerciale du service public d’éducation…

Techniquement, ces sites communautaires énormes génèrent un trafic considérable et consomment une grande partie de la bande passante disponible sur internet. Dans les établissements scolaires, le problème est crucial : les lycées partagent généralement une liaison à 2 Mb/s entre plusieurs centaines de machines. Si le « tuyau » est occupé par un flux vidéo continu (bien souvent augmenté de multiples flux publicitaires), il ne reste plus de place pour les usages pédagogiques « légitimes ». Faire un usage raisonné de ces ressources signifie donc entre autres éviter de laisser 15 postes consulter simultanément sur une de ces plateformes des vidéos en streaming (diffusion en flux continu).

Certains établissements scolaires revendiquent toutefois un accès libre aux plateformes de partage vidéo. Le chef d’établissement peut exercer son autonomie et demander à la Division de l’Informatique et des Réseaux (DIR) le déblocage d’un ou plusieurs services sur son serveur de filtrage. Il peut également revenir sur cette décision et demander le retour au blocage antérieur. Cette décision peut être transmise à la DIR par une personne mandatée par le chef d’établissement.

Certains établissements optent pour une politique permettant à certaines machines de l’établissement de bénéficier d’un « proxy » différent du filtrage protégeant les mineurs, afin de permettre à des utilisateurs adultes et avertis, (par exemple de certaines sections post-bac), des usages d’internet plus avancés.

Le statut juridique des écoles n’autorise pas le directeur à demander le déblocage d’un service sur le proxy académique. La solution quand un filtrage est considéré excessif passe donc par une négociation entre les demandeurs et la DIR, arbitrée par les services pédagogiques TICE de l’Inspection Académique et de la MATICE. Il faut garder à l’esprit que, à l’inverse des proxy des établissements, toute modification du paramétrage du proxy des écoles affecte l’ensemble des écoles de l’académie.