Les usages du passé en Europe publié le 07/12/2008  - mis à jour le 08/12/2008

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L’espace européen s’est enrichi de nouvelles tendances : il n’abrite pas uniquement l’axe de rotation mémoriel autour de l’Allemagne, même si ce dernier reste dominant. L’Europe est le théâtre de la récurrence des mouvements « mémoriels » tous azimuts, du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Sans doute la politique de l’Union européenne d’encouragement des dispositifs et des actions de réconciliation agitelle comme une soupape qui évacue périodiquement le trop plein de pression, mais elle donne aussi de la visibilité aux acteurs qui prennent en charge les dissensions et les conflits de requalification des dossiers qui semblaient être définitivement classés.

l'incendie du Reichstag, photo mémorial de la Shoah


Depuis peu, on note le recours explicite à l’instrument historique dans la gouvernance de certains Etats, non pas comme ce fut le cas par exemple lorsque l’usage du passé conflictuel servait au couple Mitterrand et Kohl –, pour améliorer les relations bilatérales et la construction européenne, mais pour mobiliser l’électorat d’un parti ou d’une coalition autour d’objectifs de revendication identitaire, symbolique et belliqueuse, dans l’arène interne et face au monde extérieur. En Pologne, on va jusqu’à parler de « politique historique », partie constitutive des politiques publiques. Les conflits interétatiques qui semblaient appartenir au passé ressurgissent à travers les jeux mémoriels. Entre les anciens empires et les ex-colonies, on rappelle le solde mémoriel négatif. Des querelles symboliques sont parfois à l’origine de surenchères géopolitiques, dangereuses pour la stabilité régionale. On gère les relations internationales en mettant en scène des représentations conflictuelles de l’histoire du voisinage.

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Auteur

 Madeleine Poncin

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