Les temps et les espaces au service des apprentissages des élèves - 2020 publié le 13/02/2020  - mis à jour le 04/02/2021

Actes du séminaire éducation prioritaire du 29 janvier 2020

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Actes du séminaire d’éducation prioritaire de l’académie de Poitiers du 29 janvier 2020 consacré aux temps et espaces d’apprentissages au service de tous les élèves qui s’est déroulé à l’UFR Droit et Sciences sociales de l’université de Poitiers avec les interventions de Nicole Delvolvé et Laurent Jeannin. (Les ressources sont disponibles en page 2)

Remise en contexte du séminaire

La thématique des temps et des espaces d’apprentissages des élèves est régulièrement interrogée par les différents acteurs de l’éducation, et ce, que ce soit à l’échelle du cycle 1 qu’à celle des niveaux supérieurs d’étude. Et ce questionnement l’est d’autant plus en éducation prioritaire où les personnels pédagogiques sont en réflexion continue pour offrir les meilleures conditions d’apprentissage possible aux élèves.

En outre, depuis une quinzaine d’années, six éléments principaux ont contribué à faire surgir cette question des temps et des espaces d’apprentissages dans les réflexions professionnelles.

L’inclusion scolaire

Depuis la loi de 2005 sur le handicap, la question de l’inclusion scolaire n’est plus une option.

De fait, cela a fortement réinterrogé les pratiques d’enseignement. Des stratégies, des adaptations ont dû être mises en place par les enseignants et les établissements pour accueillir ces élèves à besoins particuliers. D’où la nécessité de réinterroger les rythmes au sens large ainsi que les aménagements de l’espace dans et hors la classe.

Devoirs faits

La mise en place depuis 2017 du dispositif Devoirs faits au collège a permis de mettre au centre des réflexions la question du travail personnel de l’élève « dans la classe et hors la classe, dans l’établissement et hors l’établissement ».

De nouvelles organisations sont expérimentées et des pistes explorées. Les rythmes d’apprentissage, les lieux d’apprentissages sont réinterrogés et influent sur les gestes professionnels. Le développement de l’autonomie de l’élève est réévalué en terme de parcours. Et derrière ce travail d’autonomisation, les temps et les espaces le sont également.

Les classes dédoublées

Troisième élément qui irrigue encore plus la question des temps et des espaces, notamment dans le 1er degré en éducation prioritaire, c’est le déploiement depuis 2017 des classes dédoublées en CP et CE1.

En réduisant le nombre d’élèves dans la salle de classe, les pratiques des enseignants ont été réinterrogées, transformées. La question de l’organisation de l’espace, de sa modularité, du déplacement en son sein, de sa flexibilité ou encore de son adaptation aux enjeux d’apprentissages a été posée. Les temporalités ont fait l’objet de la même attention concernant les rythmes d’apprentissage, d’acquisition, d’évolution, de progression.

Le numérique

Quatrième élément qui a contribué au développement de cette thématique, la présence des outils numériques dans les salles de classe mais aussi dans les établissements qui a changé le rapport à l’espace mais aussi au temps. L’enjeu étant ici de les articuler au mieux aux apprentissages des élèves.

Contexte sociétal

Autre élément, et non des moindres, le contexte sociétal qui fait que les temps et les espaces d’apprentissages sont devenus une problématique actuelle.

Le rapport de 2017 de François Taddei Apprentissages et espaces scolaires : dans et hors la classe, dans et hors l’établissement. Société apprenante. met en avant le concept de société apprenante. Les cloisons sont cassées pour mettre en évidence que tout lieu, chaque temps peut devenir propice à l’apprentissage. Le pari étant d’arriver à faire que les espaces les plus variés dans leur dévolution doivent être articulés avec ces temps d’apprentissage.

Autre facteur actuel, les apprentissages sont aujourd’hui envisagés simultanément sur des temps courts et des temps longs, d’où le développement de la notion de parcours pour un élève, et par extension, du parcours d’apprentissage d’une personne tout au long de sa vie. Il s’agit d’une construction des compétences dans l’épaisseur du temps.

Bien-être et objectifs d’apprentissages

Enfin, prendre en compte les temps et les espaces c’est prendre en compte aussi le bien-être à l’école ; autant pour les élèves que pour les personnels ainsi que leurs besoins fondamentaux. Les établissements sont perçus/étudiés de plus en plus aujourd’hui comme des écosystèmes propres ; avec leur population, leur rythme, leur environnement ... Ainsi, les élèves ont des besoins, tout comme les personnels. Ces besoins doivent être pris en compte et satisfaits.

L’architecture des établissements et des salles de classe interroge le bien-être et le mieux apprendre. Comment faire dialoguer espace et pédagogie ? Que transformer ? Les établissements sont des lieux où temporalités et espaces se croisent, se combinent et peuvent se faire concurrence à défaut d’être complémentaires. Un élément demeure cependant indéniable : l’architecture scolaire n’assure pas en elle-même une fonction pédagogique mais elle y contribue...

 Alors en classe, comment articuler et concilier les temps d’enseignement avec les temps de vie des élèves ?
 Comment faire dialoguer les espaces d’un établissement dans leur pluralité avec les objectifs d’apprentissage ?
 Concilier "satisfaction des besoins" et "mise en œuvre le prescrit" ?

Ainsi, temps et espaces d’apprentissage est une question plus vaste qu’il n’y parait de prime abord qui mérite d’être investiguée et approfondie afin de donner les outils nécessaires pour s’adapter aux mutations de la société et de ses attentes.