La classe flexible ou « flexible seating » : organiser l'espace-classe au service d’apprentissages personnalisés publié le 15/04/2019 - mis à jour le 07/06/2019
A l’école Paul Cézanne de Civaux (Vienne), deux enseignantes ont souhaité réaménager leur classe respective et ainsi modifier l’environnement de travail des élèves mais aussi le fonctionnement de leur classe.
A l’origine du projet
L’école Paul Cézanne de Civaux, dans le sud de la Vienne, accueille environ 160 élèves répartis dans 7 classes, de la maternelle au CM2, sous la direction de Monsieur Tony Dubois.
Après avoir enseigné pendant plusieurs années en maternelle, les deux enseignantes à l’origine du projet, Mme Léauté et Mme Fricotin, respectivement en charge de la classe de CE2 (22 élèves) et de CP (22 élèves) cette année, se sont interrogées sur la continuité des apprentissages entre l’école maternelle et les niveaux suivants et plus particulièrement sur l’aménagement de la salle de classe.
Elles constataient par ailleurs que les élèves avaient des difficultés à rester attentifs ; qu’en maternelle ils avaient des habitudes de travail, en groupe, en atelier, en binôme. Or, lorsqu’ils arrivent en CP, cette organisation est abandonnée pour un mode plus frontal tout en demandant aux élèves de rester assis et concentrés plus longtemps.
La mise en œuvre du projet et ses objectifs
En juin 2018, Mmes Léauté et Fricotin ont présenté et expliqué leur projet à Monsieur Bonnet, Inspecteur de l’Education Nationale, puis aux parents d’élèves mais aussi à la mairie de Civaux. La commune a validé le financement de matériel et d’équipement des salles de classe pour que celles-ci puissent être opérationnelles à la rentrée de septembre.
Un mobilier « flexible »
L’aménagement d’une telle classe repose principalement sur le mobilier dit « flexible » (tables et assises). La configuration des tables peut donc être modifiée, les sièges peuvent être déplacés et permettent le mouvement.
Différents types de sièges sont à la disposition des élèves : fauteuils, tabourets, ballons, table portable ZTOOL, tabourets oscillants, bancs, coussins… Les élèves peuvent choisir l’assise qui leur convient le mieux pour travailler, de manière autonome, en groupe mais aussi en classe entière.
L’élève peut alors envisager d’autres postures. Ses besoins physiologiques sont davantage respectés et ses attitudes corporelles peuvent varier.
Des espaces au service d’apprentissages différenciés
Le but est que chaque élève puisse choisir l’espace de travail qui convient le mieux à ses besoins en fonction de l’activité demandée.
La classe flexible encourage également les enfants à partager l’espace et le mobilier car ils n’ont plus de place attitrée. Cet aménagement favorise aussi la collaboration et la coopération.
L’objectif pour les élèves est d’aller vers une prise de conscience de leurs besoins mais aussi de leurs forces pour éventuellement aider leurs camarades.
Les enseignantes n’hésitent pas non plus à investir d’autres lieux à proximité de la salle de classe pour des activités lors desquelles l’élève a davantage besoin de s’isoler (enregistrements, lectures à voix haute, récitations de poésie…). Cet endroit peut être un couloir, une pièce attenante…
Le numérique
Dans cette organisation de classe, les outils numériques donnent la possibilité de prolonger ces changements et l’usage des nouvelles technologies contribue à diversifier les outils des élèves. Le travail peut se faire ici en individuel ou en binômes et l’élève reçoit, selon l’activité, un feedback immédiat sur ses acquis.
Et la pédagogie ?
Dans un premier temps, les enseignantes ont souhaité organiser l’espace-classe différemment dans un souci de bien-être des élèves, de réduire leur stress et faciliter le travail de groupe.
Mais adopter la classe flexible c’est aussi remettre en question sa pédagogie d’enseignant en essayant d’être au plus près des besoins de chaque élève. Les apprentissages doivent être plus personnalisés et les élèves sont amenés à développer des compétences d’autonomie.
Dans les espaces de travail aménagés, ou centres d’autonomie, correspondant à différents domaines d’enseignements ou de compétences, les élèves s’organisent et choisissent le travail qu’ils veulent faire selon le plan de travail (cf document en pièce-jointe) établi par les enseignantes. Pendant que des petits groupes d’élèves travaillent dans les différents espaces, les enseignantes regroupent le reste de la classe dans l’espace de travail collectif ou dirigé pour présenter de nouvelles notions ou consolider des apprentissages. Les élèves s’approprient davantage la classe et travaillent à leur rythme.
Un exemple d’activité possible : production d’écrit avec une moitié de classe pendant que les autres élèves sont en autonomie sur tablette pour effectuer des exercices de conjugaison.
L’enseignante utilise ici le site "Classe numérique" qui permet de créer des plans de travail en ligne, de personnaliser ces plans, de fournir des capsules vidéo (les fondamentaux Canopé) pour aider les élèves.
Ce site permet à l’enseignant de suivre les réussites et les progrès des élèves avec le suivi des résultats.
Les élèves ont un feedback immédiat puisque l’exercice est corrigé et les solutions sont proposées.
Les conseils des enseignantes
Ce projet s’est avéré plus facile à mettre en œuvre en CP car il bénéficiait de la continuité après la maternelle. Pour les CE2 cette année, l’adaptation est plus difficile car il y a eu une rupture entre la maternelle et leur année de CE2. Les deux enseignantes espèrent pouvoir remédier à cela et permettre davantage de continuité entre les différents niveaux tout au long du cycle 2, cycle des apprentissages fondamentaux.
Par ailleurs, elles recommandent une certaine progressivité dans l’aménagement de l’espace-classe : faire des essais en fin d’année, partager le matériel en classe, ne plus attribuer de place fixe...
Ce qu’en pensent les élèves...
Et après ?
L’objectif des enseignantes est de favoriser l’autonomie des élèves mais aussi permettre la différenciation des apprentissages en développant les différents centres au sein de la classe. Il s’agit aussi de faire acquérir aux élèves de solides « compétences de base » en lecture, en calcul, en sciences et en technologies tout en développant leurs aptitudes de communication, de créativité, de pensée critique, de collaboration de résolution de problème, des compétences attendues au XXIème siècle.
Les enseignantes souhaitent continuer leur projet, pour aller vers davantage de différenciation pédagogique en développant des centres d’autonomie. Elles espèrent aussi que leur projet soit envisagé pour d’autres niveaux afin de favoriser la continuité entre les différentes classes, de la maternelle à la fin du cycle 4.
Les enseignantes se sont inspirées de plusieurs ouvrages ou travaux de recherche pour mettre en place leur projet de classe flexible.
- « The impact of classroom design on pupils’ learning » enquête anglo-saxonne publiée en 2015
Comment aménager sa classe de CP dédoublé ? (PDF de 2 Mo)
Quelles incidences sur sa pratique de classe ? - Éduscol - Octobre 2017.
- DILLER, Debbie. (2015). Aménager sa classe. Chenelière Education.
- CONNAC, Sylvain (2009). Apprendre avec les pédagogies coopératives. Démarches et outils pour l’école, Paris, ESF éditeur, collection pédagogies
- Le site Prim à bord :
Quand l’espace classe participe à la différenciation pédagogique
- Le site Archiclasse et les compétences du XXIème siècle :
Les compétences du XXIème siècle
Un exemple de plan de travail proposé par une des enseignantes
Exemple de plan de travail (PDF de 68.6 ko)
La classe flexible ou « flexible seating » - Observation en classe de primaire à Civaux (86).