Lutter contre le décrochage scolaire dans l’académie de Poitiers publié le 25/06/2014  - mis à jour le 07/02/2015

Quelques pistes expérimentées par les enseignants

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Le site du ministère définit le décrochage scolaire comme un « processus qui conduit un jeune en formation initiale à se détacher du système de formation jusqu’à le quitter avant d’avoir obtenu un diplôme. » Voir le site Eduscol
Il nous semble nécessaire de bien souligner l’idée qu’il s’agit d’un processus, qui s’inscrit donc dans la durée. Cette dimension est positive puisqu’elle laisse entendre aux enseignants qu’avec de la prévention et/ou de la remédiation, on peut agir auprès de l’élève avant qu’il ne soit trop tard, et ce, à toutes les étapes de la scolarité : du 1er degré jusqu’au BTS grâce au sésame Bac +.
Alors quelles stratégies, certaines équipes de l’académie de Poitiers, ont-elles mises en place pour accompagner les élèves les plus fragiles ?

Carte interactive

Les objectifs de l’expérimentation 

Il s’agit avant tout de considérer l’élève dans sa globalité et pas seulement se centrer sur sa dimension scolaire. Pour cela, il est nécessaire de modifier les représentations que l’on a du mauvais élève :

  • Revenir sur les acquisitions et en approfondissant les compétences non maîtrisées, afin d’encourager la fluidité des parcours y compris pour les élèves d’origine étrangère, d’augmenter le niveau de qualification et de favoriser la poursuite d’études,
  • Restaurer l’estime de soi chez les élèves et leur permettre de retrouver le plaisir d’apprendre et rompre leur isolement
  • Redonner du sens aux apprentissages.

Des expérimentations dans l’académie : une réponse à des besoins communs

Même si finalement assez peu d’expérimentations de l’académie de Poitiers affichent comme objectif principal la lutte contre le décrochage, on se rend finalement compte qu’un très grand nombre d’actions menées met en œuvre des dispositifs visant à lutter contre le décrochage.
De nombreuses réponses sont alors apportées à des besoins qui peuvent entraîner le décrochage scolaire.

  • Le besoin le plus important observé par les enseignants est le décalage qui existe entre le niveau scolaire attendu et le niveau observé chez l’élève. Les domaines où résident les plus grandes disparités sont les fondamentaux c’est-à-dire les compétences langagières et chiffrées.
  • Les enseignants observent aussi souvent un décalage comportemental entre ce qui est attendu et ce qui est observé. Cela se manifeste par exemple par une absence de motivation, d’autonomie mais aussi de l’absentéisme et de l’incivilité…
  • Enfin l’identification plus rapide et plus systématique des élèves à besoins particuliers (DYS, EIP, Primo-arrivants…) met également en évidence la nécessité d’un accompagnement personnalisé.

Quelques convergences entre les mises en œuvre de toutes ces expérimentations…

  • Repérer les élèves potentiellement décrocheurs

Pour mettre en œuvre un dispositif venant en aide aux élèves potentiellement décrocheurs, le plus grand nombre d’enseignants met en place un diagnostic. Celui-ci peut revêtir différentes formes selon le moment de l’année auquel il intervient.

    • Avant l’année scolaire, les liaisons inter cycles sont sources de précieuses informations pour les futurs enseignants qui devront accompagner les élèves fragiles.
    • En début d’année, certains professeurs proposent des questionnaires ou font faire des bilans de compétences à leurs élèves, certains même s’appuient sur des compétences transversales. L’idée est alors de prendre appui sur les points forts des élèves.
      D’autres enfin, observent précisément les profils cognitifs de leurs élèves.
    • En cours d’année, enfin, dans le premier degré, certains enseignants prennent appui sur les évaluations nationales pour repérer les élèves fragiles et mettre en place des dispositifs adaptés.
  • Accompagner à un moment donné

Suite au diagnostic, les enseignants mettent en place une remédiation ciblée. Elle se manifeste sous différentes formes.
En ce qui concerne le domaine scolaire, cela peut être un parcours personnalisé d’aide intensive ou des modules souples à vitesse et contenus variables.
D’autres enseignants proposent des stages de remise à niveau en milieu d’année afin de prévenir le décrochage et atténuer les difficultés pour qu’au retour du stage l’élève se sente plus fort.
Les entretiens d’explicitation sont également souvent mis en œuvre, ils accompagnent l’élève dans ses difficultés scolaires mais pas seulement ; lors de ces échanges, l’élève est entendu dans sa globalité.
C’est également le cas, lorsque les enseignants ont décidé de mettre en place du tutorat élève/enseignant ou élève/élève. Ce dispositif rassure les jeunes.
Pour la réussite de cet accompagnement, il est impératif que l’ensemble de l’équipe éducative soit partie prenante de tels dispositifs.

Il est à noter que ces actions spécifiques doivent être adossées à des pratiques de classe également adaptées à ces élèves. Le jeune en difficulté, ne devrait pas, dans la mesure du possible, ressentir de rupture entre les deux temps de classe. C’est pourquoi, les enseignants mettent en œuvre, dans la classe la différenciation pédagogique et l’utilisation de supports de cours concrets voire interdisciplinaires.

  • Agir sur les fondamentaux

Les principaux domaines sur lesquels les enseignants orientent leur aide sont :
Le déchiffrage en lecture, la compréhension des textes, la maîtrise du nombre et du calcul, le comportement citoyen.

  • Se réconcilier avec l’évaluation

La grande majorité des élèves fragiles a une expérience douloureuse de l’évaluation. Il ne faudrait pas perdre le bénéfice de l’accompagnement par une évaluation qui serait ressentie comme une sanction. C’est pourquoi les enseignants explorent des pistes.
Certains préconisent d’évaluer les compétences, de ne repérer que ce qui est positif. D’autres proposent l’abandon des notes au profit de couleurs par exemple.