Séminaire Académique des formateurs de l'académie de Poitiers publié le 02/07/2018

DAFPEN, 15 juin 2018 - IUT de Niort

Le vendredi 15 juin 2018 à l’IUT (Institut Universitaire de Technologie) de Niort, un groupe de formateurs de l’académie de Poitiers a eu le privilège de participer au premier

Séminaire des formateurs de l’académie de Poitiers

organisé par Mme Michèle Vinel, DAFPEN (Déléguée Académique à la Formation des Personnels de l’Education Nationale), M.Claude Fougère, enseignant/formateur et M. Sylvain Guillo, référent académique chargé de la e-formation.

Cette journée en présentiel fut, pour plus de 150 formateurs, toutes disciplines confondues, un temps de rencontre pour se connaître et se reconnaître, échanger, mutualiser, créer une culture commune, se co-former.

Au programme de la journée :

  • S’informer sur les dyslexies
  • S’informer sur les élèves intellectuellement précoces
  • S’informer sur les neurosciences
  • Échanger des pratiques
  • Partager des expériences

Ouverture du séminaire

Le séminaire a débuté par un rappel par Madame Michèle Vinèle : aujourd’hui notre académie dispose d’une

mine de compétences à travers la richesse du pôle formateurs mais méconnue et cloisonnée

d’où l’intérêt de ce séminaire pour créer un réseau apprenant et un espace collaboratif.

À travers les groupes d’appui, montés à l’initiative des IA-IPR, les ateliers de mutualisation, inscrits au PAF (Programme Académique de Formation) et surtout les parcours M@gistère, développés à l’échelle nationale, mais à scénariser pour les mettre en place au niveau local, les modalités de formation sont nombreuses et diversifiées. Un des axes à travailler dans les années à venir est l’évaluation de la formation (état des lieux, et réflexion sur "Comment vérifier qu’il y a eu utilisation et réinvestissement ?").


Intervention sur les dyslexies

Le premier temps a consisté en une conférence sur les dys, par Mme Natacha Gousseray-Benard, enseignante d’anglais, titulaire du certificat 2CA-SH et du master IPHD (Intégration des Personnes Handicapées et en Difficulté) et qui par ailleurs intervient depuis plusieurs années dans la formation continue des enseignants d’anglais de l’académie de Poitiers mais aussi en transversal, pour accompagner les professeurs du second degré dans la prise en compte des dyslexiques et autres élèves à besoins particuliers dans leurs pratiques de classe.

Les Dys : de quoi parle-t-on ?

Dys- : difficultés pour… lire écrire, compter, comprendre, réfléchir, mémoriser, s’organiser, se concentrer, penser, réaliser...

Les troubles "dys" sont des troubles des apprentissages qui affectent une ou plusieurs fonctions cognitives. On distingue :

  • Les troubles de la lecture (acquisition du langage écrit) : on parle de dyslexie.
  • Les troubles du développement moteur et de l’écriture : on parle de dyspraxie.
  • Les troubles des activités numériques : on parle de dyscalculie.
  • Les troubles du langage oral : on parle de dysphasie.
  • Les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Le temps du diagnostic, celui de l’école

Pour parler de trouble "dys" ou de TSC (Troubles spécifiques de la cognition), un diagnostic médical doit avoir été posé. On parle de « trouble spécifique » dès lors que la personne ne présente pas :

  • De retard mental
  • De trouble sensoriel
  • De trouble psychologique
  • De défaut de scolarisation
  • De carences sociales, affectives ou culturelles.

 Il ne faut pas comprendre TROUBLE DYS et HANDICAP.

Un TROUBLE "dys" correspond à une non-installation ou une désorganisation d’une fonction, qui entraîne un retard ou décalage chronologique dans l’apprentissage par rapport à la norme. Le trouble "dys" est une gêne que l’on peut contourner par divers moyens (pédagogie adaptée et rééducation) ce qui n’est pas le cas du HANDICAP, qui lui est un obstacle majeur aux apprentissages.

 Ce diagnostic par exclusion de trouble "dys" est posé par un médecin suite à un bilan neuropsychologique qui permet l’évaluation de l’ensemble des fonctions cognitives, comprenant entre autres un bilan orthophoniste, un bilan orthoptique, un bilan psychométrique…et l’avis des enseignants compte ; le diagnostic n’est ainsi souvent posé qu’au bout de 2 ans.

Comme le précise Mme Natacha Gousseray-Benard, un enseignant ne peut pas poser un diagnostic. Un écrit laborieux, à lui seul, ne signe pas un trouble des apprentissages.

Mais les enseignants sont compétents pour :
→ identifier une ou plusieurs difficulté(s) chez un élève ;
→ mettre en place des accompagnements pédagogiques afin de mieux cerner la nature de cette difficulté ;
→ proposer des pistes pédagogiques qui permettent de contourner les obstacles identifiés afin que l’élève progresse au mieux.

La dyslexie : qu’est-ce que c’est ?

Les dyslexiques sont confrontés à deux difficultés :

Première difficulté = lire car

lire c’est comprendre

.

Lire, c'est comprendre

Image de Corinne Gallet, conférence du 31 mai 2018, INSHEA, Suresnes

L’élève dyslexique lit plus lentement, a la sensation que le texte bouge, qu’il est à l’envers, doit se concentrer davantage pour poser son regard d’où une fatigabilité importante.

Deuxième difficulté = la double tâche

L’élève dyslexique ne peut gérer la double tâche qui le met en situation de handicap, le fatigue et le ralentit.

Un élève qui présente un trouble des apprentissages développe des stratégies : par exemple il va recopier un texte écrit au tableau mais sans en chercher le sens. En outre, il ne peut pas écouter en même temps les consignes données par le professeur…Il va donc souvent présenter une mauvaise estime de lui.

Quels sont les leviers qui favorisent les apprentissages ?

  • « S’adapter », être à l’écoute et bienveillant ;
  • S’appuyer sur ce qui fonctionne et le renforcer : les élèves dys sont souvent très créatifs ;
  • Contourner ce qui fait obstacle aux apprentissages : donner les questions à l’élève avant de lui demander de lire le texte ainsi ils saura ce qu’il cherche ce sera moins de fatigabilité ;
  • Rendre accessibles les supports quels qu’ils soient : mettre en ligne une trace écrite, mettre en ligne des livres numériques, donner des versions orales des cours...

Et s’ajoute à cela les outils institutionnels d’accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers :

  • le PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Éducative)
  • le PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé)
  • le PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation)
    pai
  • les Outils pédagogiques qui focalisent l’attention de tous et développent l’autonomie : ordinateurs, logiciels de cartes heuristiques, synthèse vocale (Balabolka, Natural reader, VoxOofox...), souris/scanner...
  • faire de la différenciation pédagogique.
    Carte heuristique sur la différenciation pédagogique

    Source :
    Carte heuristique sur la différenciation pédagogique de Natacha Gousserey-Bénard, conférence du 15 juin 2018, séminaire des formateurs.

Il faut réconcilier les élèves avec le plaisir d’apprendre, les mettre en situation de réussite les faire avancer par rapport à eux-même sans les leurrer ni leur mentir sur leurs possibilités !

Pour en savoir plus sur les Dys : site de l’INSHEA


Intervention sur les EIP

La formation s’est poursuivie dans un deuxième temps par une intervention sur les EIP (Élèves Intellectuellement Précoces), par deux membres du GAEIP, M. Emmanuel Marzy et M. Jean Sébastien Driot.

Le GAEIP : qu’est-ce que c’est ?

Le GAEIP (Groupe d’Accompagnement des élèves intellectuellement précoces) rassemble des personnels issus de différents corps de l’Education Nationale (des référents départementaux, un chargé de mission, des accompagnateurs) autour d’un IPR-IA Référent Académique. Partant du constat qu’une proportion importante des élèves intellectuellement précoces (EIP) était en situation d’échec scolaire dans notre système éducatif, un cadre réglementaire a été fixé par l’institution, pour l’accompagnement de ces élèves. Ainsi les objectifs de ce groupe sont de faciliter l’intégration, le parcours scolaire et l’entrée dans les apprentissages des EIP, dans le second degré : pour se faire, la famille peut saisir le GAEIP pour une médiation avec l’établissement scolaire par exemple.

La précocité : quelles sont les idées reçues ?

Comme le précise Emmanuel Marzi, pléthore de représentations, beaucoup d’idées reçues d’où de multiplies positionnements des parents, de l’éducation nationale, des associations... mais pourtant la précocité c’est bien une réalité qu’il faut cerner.
  • Préjugé n°1 = la précocité n’existe pas. Faux elle existe, c’est attesté par le test du QI (Quotient Intellectuel) qui existe dans le monde entier réalisé sur plusieurs milliers d’individus, mais il est vrai que ce test n’a qu’une valeur statistique.
    Le test du QI mesure 5 items qui testent les intelligences multiples : les deux compétences mises en avant à l’école (verbo-linguistique et logicomathématique) sont les deux compétences qui permettent de réussir socialement statistiquement.
    Courbe de Gauss du QI standard
La moyenne du QI est à 100 ; 2.14% des personnes sont des EIP (QI supérieur à 140).
  • Préjugé n°2 = Les précoces sont brillants = Faux on peut être précoce et ne pas être performant dans les évaluations scolaires si on n’arrive pas à s’adapter.
  • Préjugé n°3 = Précocité implique souffrance = La proportion d’une psychopathologie est la même chez les précoces et non précoces. Souvent l’élève précoce est repéré lorsqu’il il ne va pas bien d’où ce préjugé.

La précocité : quelles sont les préconisations pédagogiques ?

Le rapport à l’enseignant est très important. L’enseignant doit :

  • « Apporter de la bienveillance mais donner un cadre » : Pourquoi ?... pour l’élève précoce "Tout doit faire sens" c’est un facteur de motivation. L’enseignant doit donc prendre le temps pour expliquer les règles pour éviter tout débordement. L’EIP cherche souvent à dépasser les limites mais il est important de lui fixer des limites.
  • « Les mettre en confiance » : l’élève précoce a parfois des difficultés à trouver sa place dans un groupe, se sent en décalage. L’enseignant peut le nommer tuteur, personne ressource pour ses camarades... l’important est qu’il arrive à s’intégrer dans la classe.
  • Lui proposer de la pédagogie différenciée : l’enseignant peut proposer à l’élève de faire des recherches complémentaires sur le thème étudié, lui donner des activités de substitution et/ou d’approfondissement, l’aider à structurer ses idées parfois "fulgurantes" via du mind-mapping, lui permettre de décloisonner et suivre des cours d’un niveau supérieur ...

Bien entendu on peut mettre en place un PPRE si l’élève précoce devient décrocheur et que la gestion émotionnelle prend le devant de la scène : il faut lui permettre de retrouver le goût de l’école .

Emmanuel Marzi conclue en précisant que finalement "ce qui est nécessaire aux EIP est utile à tous".

Ateliers d’échanges de pratique

La fin de matinée et le début de l’après-midi ont été réservés à des ateliers sur des thèmes très divers :

La communication bienveillante
Penser en images
Les techniques d’animation
Posture/estime de soi
Faire pratiquer les échanges réciproques
L’évaluation / l’approche par compétences
Apprenance
La classe inversée
La créativité de l’élève et de l’enseignant
La gestion de classe
 Enrichir une formation en présentiel

Ces ateliers de formation animés par des formateurs furent l’occasion d’échanges très enrichissants sur les pratiques des uns et des autres , de coopération dans le but de rapprocher les formateurs.
Flasher le QRCode pour découvrir un "outil numérique" qui peut être utilisé en formation et que j’ai utilisé lors de mon atelier coanimé avec Matthieu Chosseler sur "enrichir une formation en présentiel".

QR Code à flasher avec un lecteur de QR Code

Intervention sur les neurosciences.

La dernière intervention de la journée a été consacrée aux neurosciences. M. Estève Aubouer, IA-IPR d’économie-gestion, a commencé par évoquer le groupe académique "Neurosciences et Psychologie cognitive" qui s’est monté au départ pour étudier la bibliographie concernant les neurosciences, et qui comprend actuellement des enseignants, des enseignants/chercheurs tous deux de l’académie Nouvelle-Aquitaine et des neuroscientifiques.
M. Estève Aubouer précise que, les enseignants dans leur classe, mettent en place des moyens pédagogiques conformes aux neurosciences mais que c’est l’appropriation en terme de didactique qui est problématique.

Qu’est-ce qui dans ma didactique fait que je prépare les élèves à développer des compétences métacognitives ?

Puis il a présenté une série de neuromythes tout en apportant des connaissances sur le cerveau. En voici quelqu’uns :

  • Neuromythe n°1 = Nous n’utilisons que 10 à 15% de notre cerveau. VRAI OU FAUX ?
    C’est un neuromythe très ancien bien entendu qui est faux. Certes dans une tâche donnée nous ne mobilisons pas toutes les régions de notre cerveau mais nous ne pouvons pas dire que nous n’utilisons que 10 à 15% de notre cerveau !
[Comment ça marche] Comment notre cerveau apprend-il à lire ?
  • Neuromythe n°2 = Il faut faire travailler ses méninges. VRAI OU FAUX ?
    Les méninges sont les 3 membranes épithéliales qui protègent le cerveau donc c’est bien un neuromythe.
  • Neuromythe n°3 = Il existe des différences d’apprentissage selon que l’on soit cerveau droit ou gauche . VRAI OU FAUX ?
    FAUX c’est un neuromythe très vieux même s’il est difficile de le faire comprendre. Il y a des spécialisations hémisphériques mais si on sépare les deux hémisphères le cerveau ne fonctionne plus.
    "Nos données ne sont pas compatibles avec l’idée que certaines personnes sont plus "cerveau gauche" alors que d’autres sont plus "cerveau droit". Nielsen (2013)

 Ce sont les progrès de l’imagerie médicale qui permettent d’effacer ces fausses croyances à propos du fonctionnement du cerveau. Les chercheurs sont actuellement capables de voir en direct, sur une image d’IRM (Imagerie par Résonance magnétique) quelles sont les zones du cerveau qui s’animent lorsqu’une personne réalise une tâche en particulier.
L’imagerie médicale pourrait donc être au service de l’éducation à travers une nouvelle science : la neuroéducation.

la neuroéducation, c'est quoi ?
Comme le précise M. Estève Aubouer, la neuroéducation permettra de répondre aux problématiques des élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage c’est-à-dire de répondre au paradoxe de la préférence/performance.

Cela se traduit par le fait que ce n’est pas parce que l’élève préfère quelque chose qu’il sera plus performant : par exemple ce n’est pas parce que l’image est préférable pour l’élève au livre que ses résultats en terme de performance seront supérieurs.

  • Neuromythe n°4 = Chaque personne dispose d’un style d’apprentissage. VRAI OU FAUX ?
    On entend dire que certaines personnes sont plutôt visuelles, d’autres plutôt auditives ou encore kinesthésiques. En réalité, nous avons certes des préférences, mais nous avons besoin d’utiliser différents canaux pour laisser des traces dans le cerveau ; les styles d’apprentissage sont un neuromythe... Et c’est cela qui va conditionner l’apprentissage.
    En revanche, chacun est unique dans sa façon d’apprendre et il est important de bien se connaître. C’est ce que l’on nomme la métacognition et cela revient à apprendre à s’observer en train d’apprendre pour observer la manière dont on intègre le mieux les apprentissages.

 Enfin M.Estève Aubouer a précisé que les apprentissages cognitifs (recherche documentaire, faire un plan...) sont robustes mais les connaissances et compétences ne le sont pas. Il est donc important de les réactiver de temps en temps à travers les évaluations (quand est-ce que j’évalue ? à quelle vitesse j’oublie ?).
Ainsi l’impact de l’apprentissage sur le cerveau est réel : ce sont les enseignements qui modèlent le cerveau.

M.Estève Aubouer conclue en précisant que notre cerveau est fait pour apprendre tout au long de la vie. Les neurosciences nous enseignent que le plaisir d’apprendre va venir compenser les moments d’erreurs inévitables qui ne sont pas très agréables

Pour en savoir plus : vidéo "Neuromythes" de Bruno Della Chielsa

Le premier séminaire des formateurs, fut aux yeux de tous une vraie réussite : une journée très enrichissante à renouveler...

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Auteur

 Christelle Sajus

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