Séminaire Académique des formateurs de l'académie de Poitiers publié le 02/07/2018

DAFPEN, 15 juin 2018 - IUT de Niort

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Intervention sur les neurosciences.

La dernière intervention de la journée a été consacrée aux neurosciences. M. Estève Aubouer, IA-IPR d’économie-gestion, a commencé par évoquer le groupe académique "Neurosciences et Psychologie cognitive" qui s’est monté au départ pour étudier la bibliographie concernant les neurosciences, et qui comprend actuellement des enseignants, des enseignants/chercheurs tous deux de l’académie Nouvelle-Aquitaine et des neuroscientifiques.
M. Estève Aubouer précise que, les enseignants dans leur classe, mettent en place des moyens pédagogiques conformes aux neurosciences mais que c’est l’appropriation en terme de didactique qui est problématique.

Qu’est-ce qui dans ma didactique fait que je prépare les élèves à développer des compétences métacognitives ?

Puis il a présenté une série de neuromythes tout en apportant des connaissances sur le cerveau. En voici quelqu’uns :

  • Neuromythe n°1 = Nous n’utilisons que 10 à 15% de notre cerveau. VRAI OU FAUX ?
    C’est un neuromythe très ancien bien entendu qui est faux. Certes dans une tâche donnée nous ne mobilisons pas toutes les régions de notre cerveau mais nous ne pouvons pas dire que nous n’utilisons que 10 à 15% de notre cerveau !
[Comment ça marche] Comment notre cerveau apprend-il à lire ?
  • Neuromythe n°2 = Il faut faire travailler ses méninges. VRAI OU FAUX ?
    Les méninges sont les 3 membranes épithéliales qui protègent le cerveau donc c’est bien un neuromythe.
  • Neuromythe n°3 = Il existe des différences d’apprentissage selon que l’on soit cerveau droit ou gauche . VRAI OU FAUX ?
    FAUX c’est un neuromythe très vieux même s’il est difficile de le faire comprendre. Il y a des spécialisations hémisphériques mais si on sépare les deux hémisphères le cerveau ne fonctionne plus.
    "Nos données ne sont pas compatibles avec l’idée que certaines personnes sont plus "cerveau gauche" alors que d’autres sont plus "cerveau droit". Nielsen (2013)

 Ce sont les progrès de l’imagerie médicale qui permettent d’effacer ces fausses croyances à propos du fonctionnement du cerveau. Les chercheurs sont actuellement capables de voir en direct, sur une image d’IRM (Imagerie par Résonance magnétique) quelles sont les zones du cerveau qui s’animent lorsqu’une personne réalise une tâche en particulier.
L’imagerie médicale pourrait donc être au service de l’éducation à travers une nouvelle science : la neuroéducation.

la neuroéducation, c'est quoi ?
Comme le précise M. Estève Aubouer, la neuroéducation permettra de répondre aux problématiques des élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage c’est-à-dire de répondre au paradoxe de la préférence/performance.

Cela se traduit par le fait que ce n’est pas parce que l’élève préfère quelque chose qu’il sera plus performant : par exemple ce n’est pas parce que l’image est préférable pour l’élève au livre que ses résultats en terme de performance seront supérieurs.

  • Neuromythe n°4 = Chaque personne dispose d’un style d’apprentissage. VRAI OU FAUX ?
    On entend dire que certaines personnes sont plutôt visuelles, d’autres plutôt auditives ou encore kinesthésiques. En réalité, nous avons certes des préférences, mais nous avons besoin d’utiliser différents canaux pour laisser des traces dans le cerveau ; les styles d’apprentissage sont un neuromythe... Et c’est cela qui va conditionner l’apprentissage.
    En revanche, chacun est unique dans sa façon d’apprendre et il est important de bien se connaître. C’est ce que l’on nomme la métacognition et cela revient à apprendre à s’observer en train d’apprendre pour observer la manière dont on intègre le mieux les apprentissages.

 Enfin M.Estève Aubouer a précisé que les apprentissages cognitifs (recherche documentaire, faire un plan...) sont robustes mais les connaissances et compétences ne le sont pas. Il est donc important de les réactiver de temps en temps à travers les évaluations (quand est-ce que j’évalue ? à quelle vitesse j’oublie ?).
Ainsi l’impact de l’apprentissage sur le cerveau est réel : ce sont les enseignements qui modèlent le cerveau.

M.Estève Aubouer conclue en précisant que notre cerveau est fait pour apprendre tout au long de la vie. Les neurosciences nous enseignent que le plaisir d’apprendre va venir compenser les moments d’erreurs inévitables qui ne sont pas très agréables

Pour en savoir plus : vidéo "Neuromythes" de Bruno Della Chielsa

Le premier séminaire des formateurs, fut aux yeux de tous une vraie réussite : une journée très enrichissante à renouveler...