Document 5 : Carte d'identité d'un virophage, le Spoutnik
Les travaux de l'équipe de l'Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales du CNRS, dirigée par Didier Raoult, professeur de Microbiologie à la faculté de Médecine de Marseille ont été publiés le 7 août 2008 dans la revue Nature : ils ont décrit un nouveau type de virus qui constituerait une nouvelle famille virale, une nouvelle entité biologique et qui infecte les virus géants d'où leur nom de virophage. En 2003 le professeur Raoult décrit le plus gros virus à ADN connu sur terre et le baptise avec humour Mimivirus, contraction de "Mimicking microbe virus", c'est-à-dire "virus imitant un microbe". Puis plus récemment il a isolé une variante de ce Mimivirus, cette fois dans une tour de climatisation à Paris, mais légèrement plus gros, qu'il a baptisé très logiquement "Mamavirus". Un examen approfondi par microscopie électronique a permis de discerner des particules beaucoup plus petites, semblant étroitement liées à Mamavirus. De tels fragments d'acide nucléique sont souvent observés en association avec un virus, et les chercheurs ont baptisé le nouveau venu "Spoutnik", par analogie au premier satellite lancé par l'Homme. Mais Didier Raoult et ses collaborateurs ont finalement montré que Spoutnik est un véritable virus : incapable de se multiplier seul dans les cellules, il doit se multiplier dans l'usine à virus de Mimivirus où il est produit parallèlement à son hôte. Mimivirus est une grosse capside, renfermant parfois plusieurs particules virales de ce virophage, le Spoutnik, qui a une composition génique toute particulière puisque on retrouve chez ce virophage des gènes de Mimivirus, un gène de virus d'archéobactérie et deux gènes proches de ceux des bactériophages. Rentré dans Mimivirus, le Spoutnik entraîne une diminution de la multiplication de Mimivirus ainsi que des défauts de fabrication, se caractérisant par des anomalies morphologiques. Ainsi le Spoutnik est un virus de virus qui permet de réaliser le transfert latéral de gènes entre virus géants. Cette découverte renforce l'idée que les virus géants, comme les autres organismes, sont des parasites viraux qui sont susceptibles de permettre le transfert de gènes d'un virus à un autre |