Alexandra Pouzet dévoile sa Carte du Tendre jusqu'au 5 décembre à Niort publié le 30/10/2015 - mis à jour le 03/01/2019
Une enquête artistique sur le rapport des habitants à l'espace, visible dans sa totalité à la Villa Pérochon
Une enquête artistique
La Carte du tendre est le résultat d’une résidence qu’Alexandra Pouzet a réalisée entre 2013 et 2015, avec l’aide du Consortium-création contemporaine, sur l’histoire personnelle et le rapport affectif des individus à leur(s) territoire(s) d’origine, d’adoption et de projection.
L’intégralité du projet est actuellement visible à la Villa Pérochon jusqu’au 5 décembre. Si vous restez à Niort, la découverte du travail se poursuivra au CNAR, lequel a collé des tirages papiers sur ses murs extérieurs.
Alexandra Pouzet tiendra une conférence vendredi 4 décembre, à 20h à la Villa Pérochon.
D’autres rendez-vous avec la Carte du Tendre sont à suivre sur Poitiers, qui offre un parcours dans l’espace public jusqu’au 10 novembre. Renseignements pour Poitiers : le Lieu Multiple ou le Consortium C C
Ce que je retiens personnellement du travail brillamment présenté sur tous les murs du Centre d’art contemporain photographique-la Villa Pérochon, c’est cette continuité renouvelée de l’hybridation dans la pratique des artistes plasticiens. Photographie, écriture, gravure, son, couleurs, installation et cartographie, autant de moyens pour évoquer une nouvelle posture dans le champ de l’art contemporain : l’enquête artistique1
Tendre est le Graal
Dans cette Carte du Tendre, le spectateur est face à un polyptyque hors norme, un clignotement de signes, plus ou moins identitaires, à l’instar des planisphères qui tapissent les murs des QG. Les images lumières signalent des présences, des destins, des trajectoires. On découvre un peuplement iconographique fait de migrations, d’histoires, de portraits et d’installations. Les postures sont parfois fantasmées mais la période actuelle les met singulièrement en résonance. Les corps s’inscrivent dans des espaces travaillés plastiquement et ces espaces s’inscrivent à leur tour dans une carte imaginaire dont nous approchons le sens. Une quête se met en place, tendre est le Graal.
Les grandes bâches blanches accrochées sur les murs de pierres du jardin montrent des croquis de plans comme chacun de nous peut en faire pour expliquer un chemin à suivre. Cela peut faire œuvre, c’est sûr, mais le graphisme nous suggère surtout qu’il faut poursuivre la découverte. Les formats sont allongés comme des portraits mais l’image n’a pas de caractère iconique : le public entre dans la scénographie par des ponctuations géographiques.
La performance plastique
Alexandra Pouzet s’inscrit dans l’héritage des pratiques emblématiques qui ont jalonné l’art contemporain. En transperçant des portraits photographiques, comme un chirurgien trépanant ses patients, comme Lucio Fontana franchissant le tableau2, l’artiste cherche à reconquérir des intériorités et à traduire des réalités. J’ai parlé d’hybridation3 plus haut mais d’autres termes naitront aux yeux du spectateur s’il veut bien prendre le temps de circuler dans une œuvre protéiforme.
Terminons, par exemple, avec l’usage de l’écriture : celle-ci croque des plans, légende une scène, numérote un habitant, encadre une photo, allume un caisson. L’alignement traditionnel des mots est absorbé dans la juxtaposition des effets de sens, l’artiste se propose de redéployer notre perception à travers une performance centrée sur la photographie.