Synthèse de l'action mutualisée 2011 publié le 13/07/2011  - mis à jour le 12/09/2011

A quoi servent les actions mutualisées ?

Les actions mutualisées ne sont pas seulement destinées à étudier les incidences des outils numériques en cours d’arts plastiques mais aussi à travailler la présentation de l’enseignement des arts plastiques. On retrouvera en effet ces scénarios pédagogiques sur EDUBASE, devenant ainsi également des ressources pour tous les enseignants.
Vous pouvez consulter la synthèse de l’année passée.

Dans quel esprit travaillons nous ?

Nous avons choisi de mettre en évidence la pratique de l’élève déjà au cœur de l’enseignement des arts plastiques, à développer par écrit ce que fait et dit l’enseignant, mais aussi ce que fait l’élève, les questions qu’il se pose, qu’est-ce qui lui est dit pour qu’il mette en œuvre une pratique ? Tout cela en plus des compétences à construire qui demeurent bien évidemment incontournables.
Nous cherchons par ce travail à sortir du schéma qui consiste à partir d’une belle incitation puis à présenter des images de réalisations. Nous cherchons également à proposer une situation de recherche, sensible, plastique, intellectuelle, à se garder des recettes et de la mécanique. Finalement à réfléchir au « comment » l’enseignant aborde sa pratique de pédagogue, les situations qu’il invente pour créer la motivation chez l’élève, pour que celui-ci s’autorise à inventer à son tour, à chercher et pour l’accompagner au bout de ses projets.
Nous travaillons sur l’implicite de la démarche pédagogique de chacun et donc sur ce qui est lié à la personne, en bref sur de l’humain.

De quels objectifs de travail sommes nous partis ?

Un thème annuel tout d’abord duquel nous sommes partis :
« Statut de l’outil numérique au sein du cours d’arts plastiques : entre création et communication »

Ce qui a été traduit par le groupe par le souhait de permettre aux élèves de prendre une distance par rapport à des appareils qu’ils utilisent quotidiennement.

Quels sont alors les enjeux de formation ?

  • Le choix d’une image parmi le flux en fonction d’un projet artistique, d’une intention.
  • Passer d’une image à l’œuvre, amener l’élève à une certaine qualité de l’image, à appréhender sa construction.
  • Avoir un regard plus critique sur l’image au-delà de son évidence.
  • Construire des compétences artistiques à travers des outils numériques.

Nous avons souhaité proposer, dans les diverses situations pédagogiques, l’utilisation d’un outil numérique « basique » d’usage courant, pour accompagner l’élève dans l’élaboration de l’image et qu’au-delà de l’usage, l’outil devienne outil de création.
Est-ce que les différentes séquences proposées y répondent et comment ?


Les propositions :

Nous avons repris les objectifs fixés pour y « ranger » les différents scénarios pédagogiques. Cette entrée est bien entendu discutable et d’autres auraient pu être envisagées.

Construire des compétences artistiques à travers des outils numériques

  Dessiner avec des objets
Une séquence niveau 6ème dans laquelle l’élève exploite et explore les qualités expressives et fonctionnelles des outils et des supports : du traditionnel au numérique.

  Gestes du quotidien
Les gestes du quotidien devenus expression artistique devant un appareil de captation vidéo. Une séquence en 3ème.

  Chorégraphie pour portable camera
Le téléphone portable est ici utilisé comme outil de création, sorte de prothèse scopique d’un corps dansant. Une séquence en 3ème qui aborde la représentation de l’espace.

  Bande dessinée numérique
Détourner des images de communication (smileys, logos, pictogrammes) pour créer une narration en quelques cases. Une séquence pour des élèves de 4ème.

  L’AVATAR
Détournements typographiques pour personnages expressifs : cycle central.

  Marcher/Créer
Un geste pour aborder en 3ème l’expérience sensible de l’espace (la marche), un outil de captation pour en rendre compte (le téléphone portable).

Avoir un regard plus critique sur l’image au-delà de son évidence

  Face à de vrais tableaux /Face aux œuvres sur internet
Comment faire prendre conscience aux élèves que l’œuvre réelle (dimensions, matérialité, unicité…) est bien différente de sa reproduction sinon en allant directement la rencontrer ? Une visite « éclairée » au Musée pour une classe de 4ème.

  Séquence de cours TICE : J’y étais !
Il s’agit, pour des élèves de 4ème, de réaliser un photomontage qui consiste à intégrer leur image dans un photogramme extrait d’un film ou d’une série TV pour faire croire à la véracité de l’image.

Le choix d’une image parmi le flux en fonction d’un projet artistique, d’une intention

  Sans les mains
Est-ce que le téléphone portable, léger, maniable, objet d’appartenance à une personne… n’est pas un bon outil, dans sa fonction vidéo, de remise en question du mode de prise de vue habituel ? Une séquence en 4ème qui permet d’y réfléchir.

  Des images dans l’espace de la salle d’arts plastiques, mais pas sur les murs
Est-ce que le vidéoprojecteur peut devenir un moyen de production artistique ? Une séquence pour des élèves de 4ème qui aborde l’image projetée et son occupation de l’espace.

  Problématiser l’espace avec son téléphone portable
Peut-on interroger l’espace avec la fonction vidéo d’un téléphone portable ? Ou comment mettre un outil au service d’une intention artistique ? Une séquence qui réfléchit à ces questions avec des élèves de Première, option arts plastiques obligatoire.

Passer d’une image à l’œuvre, amener l’élève à une certaine qualité de l’image, à appréhender sa construction

  Atelier Vidéographie et téléphone portable
Des élèves de 4ème ont travaillé sous la forme d’un atelier à l’année pour concourir au festival TAKAVOIR (festival de films réalisés avec des téléphones mobiles) et se sont interrogés sur les différentes étapes d’un film.

  Portraits insolites
Une séquence en 5ème articulée autour de trois éléments : un outil (le téléphone portable dans sa fonction de captation d’images fixes et d’images mobiles), une thématique (le portrait) et des notions plastiques (le point de vue, le cadrage).

  Les sixièmes font leur cinéma à table
Cette séquence aborde avec des élèves de 6ème la pratique de l’image en mouvement par l’utilisation d’un caméscope ou de la fonction vidéo d’un appareil photo numérique pour mieux en comprendre les enjeux : communication et création dans le cas présent.


Les réflexions qui s’en dégagent

La synthèse des éléments communs aux séquences réfléchies avec le groupe permet de dégager des constantes comme :
 l’utilisation du téléphone portable pour filmer.
 L’usage différent de cet outil familier des élèves se fait de manière ludique, souvent à l’extérieur de la classe, ce qui représente une source de motivation.
 Les élèves ont tendance à regarder très rapidement les images qu’ils ont faites. Ce qui les intéresse c’est davantage le fait de filmer avec leur portable, le dispositif, que les images filmées. On remarque souvent que les élèves font des choses parfois bien mais qu’ils ne le maîtrisent pas.
 L’intention des élèves a donc été une question souvent traitée et les séquences ont d’ailleurs consisté, bien souvent, à trouver le moyen d’aller au-delà de la simple expérimentation, ce qui rejoint un de nos objectifs de départ : (Rappel : passer d’une image à une « œuvre », amener l’élève à une certaine qualité de l’image, à appréhender sa construction. Opérer des choix d’images parmi le flux en fonction d’un projet artistique, d’une intention.)
 Comment ? Par le montage souvent : « le véritable rôle du montage ici, c’est de voir ce qu’ils ont vu et qu’ils avaient du mal à voir avant ».
 Une relation observable entre musique et montage qui intervient à des moments différents (pour mettre en évidence le rythme dans le montage des images par exemple, la musique ramène aussi la question du narratif).
 La volonté farouche de sortir de la narration sans que cela soit réellement justifié. Est-ce c’est une posture de l’enseignant d’art plastique ? En même temps, le retour très fréquent de l’élève dans le narratif lors du montage, notamment dans le choix de la musique.
 Toujours des plans en mouvement, pas de plan fixe. Est-ce que l’’outil portable induit un déplacement et donc un certain type d’images ?
 Certaines séquences laissent une porte ouverte à d’autres outils de captation (appareil photo numérique, caméra) et permettent des comparaisons dans la manière de filmer.
 Des références cinématographiques complexes : Godard, Eisenstein, Léger… décalées par rapport aux productions des élèves, très expérimentales. Les élèves n’ont, du reste, pas de connaissances du cinéma expérimental.
 On observe à ce sujet une opposition film / vidéo plasticienne.
 L’espace revient souvent dans les séquences : la captation vidéo sert à percevoir l’espace d’une certaine manière.
 Des problèmes techniques assez lourds (connectique, formats de fichiers…) en partie résolus.
 L’image réalisée avec un portable est jugée de mauvaise qualité par les élèves.
 Les travaux d’élèves ne sont pas à considérer comme une fin, une preuve de ce qu’ils ont appris ou encore une œuvre aboutie…. Ils sont aussi des éléments à évaluer, à observer, à questionner, un moyen de construction de compétences et non une preuve de la construction de ces compétences.
 En même temps, s’est posée la question du statut de son travail pour l’élève ? Pour lui, c’est sa création, son œuvre. L’élève potentiellement vise une qualité. Ce qui est important dans le dispositif.
 Une interaction dans les différentes séquences montre une avancée dans les relations de travail du groupe.
 Ces séquences font écho pour les autres à d’autres possibilités d’exploitation, ouvrent à d’autres perspectives.

Notre calendrier

 Trois réunions annuelles nous permettent de structurer l’action : lancement, bilan d’étape, finalisation.

  • 1ère rencontre le 15/10 : lancement des idées de chacun en fonction du thème annuel, réflexion collective. A la suite de quoi, chacun élabore son scenario et le met à l’épreuve des élèves.
  • 2ème réunion le 01/02/11 : les séquences proposées à la publication sont sujettes à une discussion collective. Des questions permettent de faire émerger la part de l’implicite dans la démarche pédagogique. Avant la dernière réunion : relecture-réécriture des séquences déjà écrites, échange éventuels de séquences entre les collègues, proposition de nouvelles séquences.
  • 3ème et dernière réunion le 09/05/11 : regard sur les nouvelles productions, bilan commun.
  • Publication (et donc validation finale) en juin 2011.

Les modalités

 On est passés d’un ENT (Espace Numérique de Travail), qui servait d’espace de stockage et était peu efficient à une liste de diffusion similaire à la liste IANTE qui fonctionne bien. Chacun est tenu au courant des publications des autres.
 Le site académique, que tout le monde utilise assez facilement pour faire partie de l’équipe de rédaction, sert d’outil collectif, de lieu d’échange, de proposition de séquences. Chacun peut répondre en bas de l’article pour commenter ou poser des questions et ainsi faire évoluer la réflexion. Lorsqu’un article a été modifié, il est de nouveau proposé à la publication, ce qui permet de tenir informés les membres du groupe.

L’équipe

L’équipe est aujourd’hui constituée de 10 personnes dont 2 récemment arrivées. Le travail de groupe a gagné en cohérence et en confiance aussi. Ce qui nous permet aujourd’hui d’échanger plus facilement.

Les ressources

Techniques

Acquisition et montage de fichiers vidéo avec un téléphone portable

Théoriques

La convergence des médias
Définition
Une analyse statistique des usages des français en général

La question du droit à l’image

Pédagogiques

Des exemples de productions d’élèves sur le site du CLEMI

Conclusion et ouverture

Les échanges ont donc été fructueux cette année, le thème a été sans doute plus fédérateur que les années précédentes. Les barrières qui peuvent aussi exister entre les différents enseignants, la crainte de ne pas bien faire ou d’être à côté de ce qu’on peut attendre d’un cours d’arts plastiques a été dépassée car notre travail consiste justement à ne pas produire des cours "parfaits" (ce qui du reste, est probablement impossible) voire "modèles" et "modélisants".
Des points restent à travailler encore, notamment l’articulation entre les séquences et les textes officiels pour ne pas se contenter de recopier ces textes mais réellement qu’ils fassent corps avec les propositions pédagogiques.
Le thème de cette année pourrait certes être creusé davantage, car il faut un temps d’assimilation, et mine de rien, ce temps là est assez long. Mais il ressort également que la question du son, présente dans beaucoup de séquences, reste à traiter. C’est donc vers cela que nous souhaitons tendre pour l’année à venir. Le son, cela peut aussi bien être l’installation sonore, l’interaction entre l’image et le son, la bande-son aussi, pour reprendre un terme cinématographique.
To be continued… alors.