ARt'RESEAU 2008 publié le 31/05/2008  - mis à jour le 03/01/2019

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Henri Cueco, artiste invité

cueco huile sur toile
Marx, Freud, Mao, 1969-1970, huile sur toile, 200 x130 cm

Collection du musée d’art Moderne de la ville de Paris, © David Cueco, Courtesy Galerie Louis Carré &Cie, Paris

Henri Cueco, à la plume ou au pinceau.

Par Denis Fontaine

On connaît Henri Cueco comme peintre, comme écrivain, ou dans le prolongement comme homme de radio. Et dans les trois facettes, on connaît sa malice, son amour du détail comme du tout, de ce détail où tout réside et cette manière si personnelle qu’il a d’en faire toute une histoire.
Delacroix et Baudelaire s’enviaient réciproquement leur forme d’expression, Henri Cueco joue sur les deux tableaux. C’est un vrai poète à la palette large, articulant les pratiques comme les appartenances ; parisien corps et bien et corrèzien par filiation, il superpose les points de vue, les pondère, les amende. Il promène ses regards sur le monde et nous en rend compte avec générosité, nous fait partager ses émerveillements, tant dans son parcours du réel que dans son exploration du patrimoine artistique. Il est de ces « regardeurs qui font les tableaux », jusqu’à « en faire des tableaux ». Il caresse du crayon même dans sa peinture, alors qu’en parallèle son écriture restitue jusqu’aux gestes comme dans un tableau de Vermeer.
Avec la modestie des grands (lire son traité de « La Petite Peinture »), Cueco est de ceux qui nous ont rendu le dessin, le plaisir de l’image après presque un demi-siècle d’abstraction, ajoutant une nouvelle page à l’histoire de l’art.

Comme les avant-gardes Russes furent les hérauts de la révolution d’octobre, l’annonçant en la faisant plastiquement pour leur compte, les groupuscules de la Nouvelle Figuration soufflaient dans le sens de mai 68.

Si ça n’est pas de l’histoire, ça ?

Au moment où la Nouvelle Figuration est enfin à l’honneur, qui dire, sinon « merci Henri Cueco, merci pour tout » ?

Repères biographiques

Henri Cueco est né à Uzerche (Corrèze) en 1929. Il vit et travaille en région parisienne et en Corrèze.

Le thème permanent, récurrent de son travail est le rapport de l’homme à la nature. Contrairement à de nombreux artistes de sa génération, il est préoccupé par le rôle social de l’artiste et par la réalisation d’une peinture qui ne se satisfait pas de n’être que la déclinaison de la peinture elle-même.

Personnalité marquante de la Nouvelle Figuration ou Figuration critique, Cueco participa activement au salon de la Jeune Peinture, à la Coopérative des Malassis, dont il fut membre fondateur en 1969.
Réflexion sur l’image, l’itinéraire de Cueco est fait de ruptures apparentes. Les cassures du temps, idéologiques, psychologiques, génèrent les cycles de son travail.

Se succèdent de 1965 à 1975 Les Jeux d’Adultes et Les Hommes Rouges ; de 1972 à 1976, Les Chiens et Les Claustras ; de 1977 à 1987, Les Herbes/Paysages dessinés marquent un retour au motif ; de 1987 à 1990, Sols d’Afrique , série inspirée, non pas par un récit de voyage (Je hais le folklore), mais d’après des livres sur l’Afrique dont les photos l’émeuvent.

En 1993, il publie son journal d’atelier, ou, Journal d’une pomme de terre . À l’occasion de cette parution, la galerie Louis Carré & Cie présente 150 petits portraits de pomme de terre, œuvres réalisées parallèlement à l’écriture de son journal.

Collectionneur dans l’âme ou âme d’un collectionneur – L’humanité se divise en deux catégories : les jeteurs et les gardeurs. C’est de famille – Cueco supporte mal qu’on jette, qu’on détruise. Si bien qu’en plus des trésors arrachés aux décharges ou chinés, il vit parmi tous les objets dont il refuse de se défaire : cailloux, noyaux et queues de cerises, noyaux de pêches, de prunes, noisettes, amandes, cailloux, bouts et entaillures de crayons, papiers froissés, ficelles, élastiques de bureau, etc.

Dès 1986, il peint les objets qu’il accumule sur des petits formats tout en déclarant : J’ai voulu prendre un risque avec la banalité et parfois c’est elle qui a gagné . Il dresse l’inventaire de sa collection dans son livre Le collectionneur de collections paru en 1995 aux Éditions du Seuil.
L’approche plastique de Cueco est avant tout tournée vers les conditions de l’avènement de l’image. La logique de cette démarche conduit l’artiste à travailler à partir d’œuvres de la période classique.
Depuis 1994, Cueco décortique en plasticien la construction des scènes sur lesquelles se représente et s’organise le désordre du monde. En observateur attentif, il relate de manière impitoyable ce qu’il voit, ce qu’il fait et ce qu’il ressent en s’appuyant sur les œuvres de Nicolas Poussin et de Philippe de Champaigne.

Ces Variations présentées au Centre d’art contemporain de Meymac en 1997 puis à la galerie Louis Carré & Cie portent principalement sur quatre œuvres : L’Enlèvement des Sabines de Nicolas Poussin, Ex Voto , Le Christ mort et Le Cardinal de Richelieu de Philippe de Champaigne.

Durant l’été 2000, l’artiste s’installe avec son matériel de peintre dans les prés au Pouget, et peint le ciel et les nuages, les couchers de soleil, les arbres, les haies et les clôtures par beau et mauvais temps.
Une série de 155 tableaux illustre la campagne de Corrèze racontée dans un ouvrage intitulé La petite Peinture , reproduction exacte, en couleurs, des pages de son carnet d’artiste, publié aux éditions Cercle d’art en 2001.
2003, année de la canicule. Cueco se tourne vers les misères subies par son jardin durant cet été. Il collecte les grandes feuilles vrillées du paulownia, les saxifrages brûlées, les saules noirs en dentelle, les petites feuilles crispées des noisetiers, celles tannées du chêne. Il les dessine aussi ordonnées et précises dans leurs plis que ceux des robes des sœurs de Port-Royal ; des frondaisons entières fossilisées par le feu des soleils.L’exposition Brûlures des “saxiphrages” est présentée en février 2005 à la galerie Louis Carré & Cie.

Cueco apporte son concours à l’association Pays-Paysage dont il fut un des fondateurs en 1979. Cette association est riche d’une collection de près de 700 livres d’artistes axés principalement sur les thèmes de l’enfance et du paysage.

Esprit doué d’un grand sens de l’humour, il publie aussi de nombreux textes ; L’Arène de l’art , essai écrit avec P. Gaudibert en 1988, critique virulente d’un minimalisme académique et d’un art conceptuel devenus trop officiels, à son goût, en France ; Journal d’atelier , 1988-1991 ou Le Journal d’une pomme de terre , paru à l’Énsb-a, 1993 ; Comment grossir sans se priver , publié aux éditions Frank Bordas en 1997 ; Le Volcan , Paris, éditions Balland, 1998 ; Discours inaugural du centre national de la faute d’orthographe et du lapsus , La Louvière, éditions Le Daily-Bul, 1998 ; Le Troubadour à plumes , Brive-la-Gaillarde, éditions François Janaud, 1999 ; L’Inventaire des queues de cerises , Paris, éditions du Seuil, 2000 ; Dessine-moi un bouton , Paris, Éditions du Seuil, 2000 ; Dialogue avec mon jardinier , Paris, Éditions du Seuil, 2000.

Plusieurs ouvrages accompagnent les expositions personnelles, ainsi La petite Peinture , au Cercle d’Art en 2001 ou Narcisse navré , publié en 2003 aux éditions du Seuil.

Henri Cueco est aussi un homme de radio : il participe régulièrement depuis de nombreuses années aux émissions radiophoniques Les Décraqués et Les Papous dans la tête de Bertrand Jérôme et Françoise Treussard sur France Culture dont les éditions Gallimard publient, en 2004, l’anthologie.

Article du site de la Galerie Louis Carré où figurent des documents et des reproductions,avec son aimable autorisation.

 HENRI CUECO sur le site de la Galerie Louis Carré

Bibliographie de Henri Cueco à télécharger

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