Composer avec l'histoire publié le 11/11/2007  - mis à jour le 12/11/2007

un tas de questions

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Citations

« Depuis ses origines, l’art a partie liée avec l’histoire par ses sujets, ses forme et ses fonctions : la musique et les arts plastiques sont partie intégrante des cérémonies fondatrices des civilisations ; les grandes épopées et les tragédies retracent les mythes originels des sociétés ; l’architecture et la sculpture créent les monuments historiques dans lesquels les rois et les héros des peuples cherchent une vie éternelle. En revanche, la conscience historique, celle de l’importance essentielle de l’histoire pour l’art et la philosophie, est relativement récente… » Etienne Souriau Vocabulaire d’esthétique, article Histoire.

« Le Louvre avait été conçu pour les artistes vivants. Quand on l’a ouvert en 1792, c’était pour rendre accessibles aux artistes les collections d’antiques, les collections royales, etc. En somme, c’était au départ un grand squatt d’artistes ! Tous les artistes y habitaient, exposaient dans la Grande galerie qui était envahie en permanence par des artistes vivants. Faire le Grand Louvre avec la pyramide de Peï, c’était quand même déjà vouloir sortir le Louvre de ce côté poussiéreux et montrer que c’était un musée d’aujourd’hui, pour aujourd’hui. Il y aura toujours une forme de querelle des anciens et des modernes, un certain public passéiste, des conservateurs ayant un amour exclusif et jaloux pour tel ou tel siècle et qui n’aiment pas leurs contemporains. Mais il n’y en a pas tant qu’on voudrait le faire croire. Là encore j’évoquerai Picasso : l’art n’avait pour lui « ni passé, ni présent ». L’art doit être de tous les temps. Une statue d’Egypte peut être plus « contemporaine » que n’importe quelle œuvre actuelle, si elle nous parle aujourd’hui. Et d’ailleurs, comment voulez-vous regarder le passé autrement qu’avec les yeux du présent ? La question est évidemment celle du regard artistique. Comment le favoriser, l’amener à faire, avec et malgré, les grandes institutions qui, bon an mal an, pactisent avec le tourisme de masse, la logique des flux, ce qui fait qu’on ne sait même plus ce qu’on regarde. Certes, le Musée se démocratise, c’était une condition nécessaire... Mais pas suffisante. Au fond, je manie le grain de sable, le grain de sable de l’artiste vivant, je l’administre à dose homéopathique. J’ai montré, en organisant avec mes collègues sensibles à ma démarche, et il y en a dans tous les départements de cet immense musée, qu’il suffit qu’un artiste vienne dans cette énorme machine et, parce qu’il regarde les œuvres différemment, il crée un mouvement inédit qui peut enchanter et revivifier ces œuvres mille fois commentées et supposées archi-connues. Soudain, le regard d’un artiste vivant qui s’est déplacé et qui est là, en chair et en os, cible parmi les antiquités orientales cette œuvre-là unique, et pas une autre, et voilà qu’elle se détache de la masse énorme des œuvres dont, l’instant d’avant elle faisait encore partie. Saisie, elle se trouve réactivée parce qu’elle a dit quelque chose à cet artiste-là, qui ose, lui, parce qu’il est un artiste, s’en servir, pas forcément, d’ailleurs, pour faire une autre œuvre, mais parfois simplement pour la faire exister aujourd’hui, pour lui et pour le public. Vous n’imaginez pas à quel point les jeunes sont sensibles à cette démarche qui rend vivant le passé et démontre, en acte, la pertinence du musée, qui souvent leur est dérobée parce qu’on les ennuie avec des discours convenus et rabâchés. J’appelle cela réactiver le regard artistique sur le passé et sur les collections, et pour moi c’est une urgence de tous les instants. Marie-Laure Bernadac - A bâtons rompus, conversation avec Marie-Laure Bernadac,par Nathalie Georges-Lambrichs et Yves Depelsenaiere, pp 154-171, in La Cause freudienne, n°66, mai 2007, Navarin Editeur

« En premier lieu, je souhaite que l’on renforce la présence de l’histoire des arts dans l’enseignement obligatoire dès le plus jeune âge. C’est la condition pour que chaque élève puisse acquérir les bases de cette culture humaniste que nous avons reçue en partage. » Xavier Darcos : Education culturelle et artistique, Discours du 21 juin 2007