Le Musée des Beaux-Arts de Tours publié le 20/02/2015

Ce week-end je me suis fait un petit tour à Tours et un détour par le musée des Beaux-arts de Tours bien évidemment. Facile certes, le coup des tours, d’ailleurs l’édifice qui fut le palais des archevêques (XVIIe-XVIIIe siècle) est constitué d’une jolie tour (gallo-romain) et, en arrière plan l’on peut admirer les deux magnifiques tours à l’italienne, de la célèbre cathédrale Saint-Gatien croquées, accessoirement, par un certain Delacroix dans ses carnets de Tours. On dit aussi que la richesse du décor flamboyant, merveilleuse dentelle de pierre tapissant toute la façade évoquant notamment, la très célèbre enluminure tourangelle, aurait inspiré Jean Fouquet pour son « Temple d’Or de Jérusalem » (et en particulier les trois portails).

Musée des Beaux-arts de Tours

Et qu’est-ce qu’il y a de si extraordinaire à contempler en ce beau musée de Tours ? Sinon en sa cour d’un magnifique cèdre bicentenaire classé « arbre remarquable », d’un superbe jardin à la française en arrière plan et de l’impressionnant éléphant empaillé Fritz, qui me faisait effet enfant, d’un véritable gratte-ciel.

Éléphant empaillé Fritz

Le clou du spectacle est évidemment entre les murs. La variété et la qualité des collections font du musée des Beaux-Arts l’un des premiers de province, collections provenant depuis la Révolution des grandes propriétés de Touraine, d’envois du musée du Louvre, de dons, de legs et d’acquisitions.
Pour le peu de temps que j’avais, je suis allé, ma soigneuse sélection en tête, me délecter pour commencer du fascinant petit Rembrandt (La fuite en Égypte, 1627) . Petit par ses dimensions, cette huile sur bois mesure 25cm x 24 cm, grandiose cependant par la facture et la puissance du clair-obscur qui se dégagent de cette œuvre intimiste et mystérieuse.

Lui faisant face un Ex-voto de Rubens non moins séduisant pour l’exaltation divine de ses carnations d’une vierge à l’Enfant (Vierge à l’Enfant et portraits des donateurs, Alexandre Goubau et Anne Antoni, 1608/1621) . On y retrouve incontestablement la touche du maître : monumentalité et rapprochement extrême des figures du spectateur échange des regards et composition savamment éclairée nous invitent à participer très directement à la scène. La Vierge, soutien iconographique sans conteste du discours de la Contre-Réforme, apparaît dans une picturale luminosité sans équivalent.

En poursuivant dans les beaux salons du 18ème siècle meublés de superbes pièces de marqueterie, d’une magnifique commode de Jean Demoulin laquée de chinoiserie et ornementée de bronzes dorés, d’une commode Transitoire, d’un salon Directoire on pourra découvrir en s’émerveillant d’un œil, de trois doucereuses pièces de Boucher. François est remarquable, inévitable et reconnaissable sans confusion aucune. « L’Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé, 1750 » en dit long sur le fort intérêt que portaient nos ancêtres d’alors aux métamorphoses d’Ovide et aux amours de ce bellâtre antique.

A voir aussi, deux acquisitions du 15ème siècle de « L’Ecole de Tours »  : « Vierge en Oraison » et « Christ bénissant » aux couleurs d’une fraicheur et d’un éclat étonnant. L’influence des écoles du Nord, Italienne et l’héritage de Fouquet caractérisent les œuvres peu nombreuses de cette école détruites conséquemment durant les guerres de religion.

« Un couronnement de la Vierge » (1356-1372) de Lorenzo Veneziano mérite un temps que l’on s’y arrête afin d’admirer là aussi la fraicheur des couleurs relevé par le somptueux décor sur fond d’or. On retrouve la célèbre palette de Veneziano, maître et novateur de l’école vénitienne qui par le réalisme de ses figures s’est détaché de la rigidité du style byzantin.

Et pour terminer, cerise sur le gâteau, deux œuvres de Mantegna : « La Résurrection » et « Le Christ au jardin des Oliviers » de 1459. Ces deux panneaux sur bois faisaient partie d’un retable pour le maître-autel de l’église de Padoue. De ce retable, démembré par les français au 18ème siècle, on retrouve la célèbre "Crucifixion" visible au Louvre copié par le non moins célèbre Edgar Degas, abritée dans le Musée de Tours (exposé lors de l’exposition Fascinante Italie au musée de Nantes). La dernière partie de l’œuvre « La Vierge à l’Enfant entourée de Saints » est exposée à Vérone. Ce sont ici de véritables chefs-d’œuvre de la Renaissance dont on ne se lassera pas d’admirer : la spatialité des lieux mise en scène par l’ingéniosité de la perspective et l’aspect sculpturale des figures, qui ne laissent pas sans évoquer Donatello, nous transportent dans un espace imaginaire, dont on ne peut se lasser, et n’est pas sans nous affecter l’âme de douces mélancolies.

Billet d'entrée au musée des Beaux-Arts de Tours

Bien sûr j’oublie de citer beaucoup d’autres œuvres que je me suis contenté de visionner en travelling, le temps m’était compté et les choix, cornéliens, se devaient de rester tranchés. Donc à ne pas manquer les œuvres d’Olivier Debré, afin de célébrer nos proches. Un Jean-Marc Nattier « Persée, assisté par Minerve, pétrifie Phinée et ses compagnons en leur présentant la tête de Méduse » de 1718, Un très cher Delacroix « Comédiens ou bouffons arabes » de 1847, un portrait d’une de nos nombreuses célébrités locales « Portrait d’Honoré Balzac » de Louis Boulanger de 1836. Et pour terminer un Claude Monet qui n’était pas là et que je n’aurais pas eu le temps de voir, mais que je connais bien un peu quand même.

En sortant, et si vous avez un peu de temps devant vous, après une petite flânerie dans les jardins, la cathédrale mérite une honorable visite pour les amateurs de dentelles architecturales (citées plus haut) mais aussi pour ses splendides et radieux vitraux. Ces derniers composés dans un ensemble de 15 verrières représentent l’un des plus rares exemples de l’art du vitrail français du 13ème siècle.

Cathédrale de Tours

A consulter sur le site de la ville de Tours pour en savoir + à propos du : Musée de Tours.