Le Musée des Beaux-Arts de Tours publié le 20/02/2015

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Le clou du spectacle est évidemment entre les murs. La variété et la qualité des collections font du musée des Beaux-Arts l’un des premiers de province, collections provenant depuis la Révolution des grandes propriétés de Touraine, d’envois du musée du Louvre, de dons, de legs et d’acquisitions.
Pour le peu de temps que j’avais, je suis allé, ma soigneuse sélection en tête, me délecter pour commencer du fascinant petit Rembrandt (La fuite en Égypte, 1627) . Petit par ses dimensions, cette huile sur bois mesure 25cm x 24 cm, grandiose cependant par la facture et la puissance du clair-obscur qui se dégagent de cette œuvre intimiste et mystérieuse.

Lui faisant face un Ex-voto de Rubens non moins séduisant pour l’exaltation divine de ses carnations d’une vierge à l’Enfant (Vierge à l’Enfant et portraits des donateurs, Alexandre Goubau et Anne Antoni, 1608/1621) . On y retrouve incontestablement la touche du maître : monumentalité et rapprochement extrême des figures du spectateur échange des regards et composition savamment éclairée nous invitent à participer très directement à la scène. La Vierge, soutien iconographique sans conteste du discours de la Contre-Réforme, apparaît dans une picturale luminosité sans équivalent.

En poursuivant dans les beaux salons du 18ème siècle meublés de superbes pièces de marqueterie, d’une magnifique commode de Jean Demoulin laquée de chinoiserie et ornementée de bronzes dorés, d’une commode Transitoire, d’un salon Directoire on pourra découvrir en s’émerveillant d’un œil, de trois doucereuses pièces de Boucher. François est remarquable, inévitable et reconnaissable sans confusion aucune. « L’Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé, 1750 » en dit long sur le fort intérêt que portaient nos ancêtres d’alors aux métamorphoses d’Ovide et aux amours de ce bellâtre antique.

A voir aussi, deux acquisitions du 15ème siècle de « L’Ecole de Tours »  : « Vierge en Oraison » et « Christ bénissant » aux couleurs d’une fraicheur et d’un éclat étonnant. L’influence des écoles du Nord, Italienne et l’héritage de Fouquet caractérisent les œuvres peu nombreuses de cette école détruites conséquemment durant les guerres de religion.

« Un couronnement de la Vierge » (1356-1372) de Lorenzo Veneziano mérite un temps que l’on s’y arrête afin d’admirer là aussi la fraicheur des couleurs relevé par le somptueux décor sur fond d’or. On retrouve la célèbre palette de Veneziano, maître et novateur de l’école vénitienne qui par le réalisme de ses figures s’est détaché de la rigidité du style byzantin.

Et pour terminer, cerise sur le gâteau, deux œuvres de Mantegna : « La Résurrection » et « Le Christ au jardin des Oliviers » de 1459. Ces deux panneaux sur bois faisaient partie d’un retable pour le maître-autel de l’église de Padoue. De ce retable, démembré par les français au 18ème siècle, on retrouve la célèbre "Crucifixion" visible au Louvre copié par le non moins célèbre Edgar Degas, abritée dans le Musée de Tours (exposé lors de l’exposition Fascinante Italie au musée de Nantes). La dernière partie de l’œuvre « La Vierge à l’Enfant entourée de Saints » est exposée à Vérone. Ce sont ici de véritables chefs-d’œuvre de la Renaissance dont on ne se lassera pas d’admirer : la spatialité des lieux mise en scène par l’ingéniosité de la perspective et l’aspect sculpturale des figures, qui ne laissent pas sans évoquer Donatello, nous transportent dans un espace imaginaire, dont on ne peut se lasser, et n’est pas sans nous affecter l’âme de douces mélancolies.

Billet d'entrée au musée des Beaux-Arts de Tours