Le projet "Gender Gap", le bilan et les productions des élèves. publié le 10/05/2017

Quatre collègues de deux lycées professionnels voisins à La Rochelle, aux formations industrielles LP et tertiaires LP Doriole, ont travaillé ensemble autour de la question des inégalités entre les hommes et les femmes.

Le projet "Gender Gap"

L’année scolaire 2016-2017 a été l’occasion pour quatre collègues de deux lycées professionnels voisins à La Rochelle, aux formations industrielles (LP Rompsay) et tertiaires (LP Doriole), de travailler ensemble autour de la question des inégalités entre les hommes et les femmes dans la société et surtout dans le monde du travail.
Les séquences élaborées en commun ont été proposées à des classes de CAP, de1ère et de terminale bac pro.

  • Toutes les tâches finales ont été tournées vers la réalisation d’une action lors de la journée de la femme du 8 mars 2017.
  • Les élèves quel que soit leur niveau avaient pour mission de contribuer à cette journée particulière par la mise en place d’une exposition dans le CDI de leur établissement et par des interventions orales sous forme de discours pour les terminales bac pro et de descriptions de couverture du magazine Time (étape intermédiaire 2 de la séquence) pour les 1ères.
  • Dans cet article sont présentées les tâches finales des terminales commerce 1 et 2 de Doriole, les 1ère SEN et les CAP REEP et SEME du lycée Rompsay.
  • Par ailleurs, la journée de la femme a coïncidé cette année avec l’intervention au parlement européen d’un député polonais aux positions sexistes en pleine session sur les inégalités salariales entre hommes et femmes.
    Après avoir visionné la vidéo, les élèves ont trouvé judicieux de garder le support visuel de la vidéo en arrière plan pour s’inscrire contre ces propos misogynes avec leurs discours personnels.
  • Extrait vidéo du discours misogyne du député polonais devant le parlement de Strasbourg le 1er mars 2017 :
    Le discours effroyablement misogyne d'un député européen

Les réalisations des élèves de terminale bac pro commerce

Les élèves de terminale avaient tous pour mission d’élaborer un discours pour dénoncer les clichés sexistes dans le milieu professionnel et familial. Certains ont choisi de le présenter à un auditoire le 8 mars et d’être filmés.

  • Camille de terminale commerce 2 a proposé un discours qu’il a co-écrit avec une camarade de classe Queenie :
    Discours de Camille en terminale commerce 2 (durée 03:14) (MPEG4 de 25.8 Mo)

    Le projet "Gender Gap", le bilan et les productions des élèves.

    Camille dans le bilan qu’il fait de la séquence :

"J’ai appris combien de femmes pouvaient être victimes de violences et j’en ai été bouleversé. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu faire mon discours."
  • Mélyne de terminale commerce 1 a choisi de proposer un discours qui met en avant le nécessaire soutien que les hommes doivent aussi recevoir pour promouvoir l’égalité hommes-femmes :
"Nous parlons aujourd’hui de la journée de la femme mais existe t-il une journée de l’homme ? Sont-ils tous en position de force contre les femmes ?".
Discours de Mélyne en terminale commerce 1 (durée 02:30) (MPEG4 de 25.9 Mo)

Le projet "Gender Gap", le bilan et les productions des élèves.

  • Julien quant à lui a souhaité présenter un discours qu’il a longuement préparé sans notes ni carte mentale comme point d’appui.
"Je me suis senti touché par le travail sur les inégalités hommes femmes. J’ai souhaité présenter mon discours sans m’aider de notes et j’en suis fier."
Discours de Julien en terminale commerce 1 (durée 02:03) (MPEG4 de 21.5 Mo)

Le projet "Gender Gap", le bilan et les productions des élèves.

A Doriole, tous les élèves de terminale bac pro qui ont travaillé sur ce projet, ont choisi de l’intégrer dans leur liste de thèmes pour le présenter lors de l’épreuve de CCF.


Les réalisations des 1ère bac pro SEN du lycée Rompsay

Les 1ères SEN du lycée Rompsay ont choisi d’illustrer la nécessaire égalité des sexes pour la journée de la femme en réalisant une exposition au CDI de leur établissement :

Corinne Lucquiaud, leur professeure d’anglais explique :

"Cette activité a remporté un grand succès car les électroniciens adorent manipuler les ordinateurs, les fichiers, faire des montages etc.… La réalisation de tâches très concrètes est en général, bien perçue et appréciée par les élèves.
C’est un scénario qui fonctionne très bien, en particulier pour la production orale, même s’il est nettement plus intéressant dans une classe mixte. Il provoque inévitablement le débat.
Pour les classes non mixtes, cela a permis aux garçons de se poser des questions sur eux-mêmes vis-à-vis de leur vision des filles / des femmes, mais aussi sur leurs copains, leurs parents et même grands-parents et aussi, comment les choses ont évolué ou pas dans leur milieu. Cela a même amené une véritable prise de conscience chez certains."
Un élève a dit : « mais je suis un vrai macho ma parole ! »
La recherche des clichés et stéréotypes a permis, dans les deux types de classe (mixtes et non mixtes), une prise de parole de chacun avec des amorces de débats assez intéressantes. Pour la classe mixte, cette recherche de clichés et de stéréotypes a déclenché de vives réactions de la part des trois filles mais aussi des garçons, chacun défendant son point de vue sur le fait qu’il s’agisse d’un cliché ou non. (Exemple : « women are bad drivers »)

En ce qui concerne le texte sur les héroïnes de Walt Disney, beaucoup n’avaient pas pris conscience de l’image de la femme véhiculée par les premiers films de Walt Disney. Des garçons ont pris la parole (pas toujours en anglais malheureusement, on a retravaillé les propositions pour les exprimer en anglais par la suite) pour parler des femmes dans la culture mangas et ont même montré une vidéo illustrant leurs propos.

En conclusion, je pense que c’est un scénario qu’il est nécessaire de traiter en classe car, même si les mentalités évoluent, certains élèves n’ont pas toujours vraiment conscience de l’image que la société, les médias, Internet ou leur environnement proche véhiculent encore sur les femmes, et même s’ils en ont conscience ils ont tendance à la banaliser, la minimiser ou dire qu’il s’agit d’humour …. Et c’est encore le cas lorsque ces activités sont partagées entre filles et garçons."

Les productions des CAP REEP et SEME du lycée Rompsay

Les élèves de CAP ont aussi exposé leurs affiches avec celles de leurs camarades de 1ère SEN.


Caroline Griffault, propose le bilan qu’elle fait de ce travail avec ses deux classes de 1ère année de CAP :

"Il a fallu être vigilante sur les glissements des clichés sur les métiers aux clichés sur les nationalités. Il a été nécessaire de déconstruire ces clichés, pour détendre un peu l’atmosphère et apaiser les tensions entre les élèves. De même que concernant, les clichés sur les métiers hommes / femmes, un travail patient de recadrage et de discussions a dû être imposé progressivement pour dépasser les conceptions telles que :
« Les femmes sont faites pour être belles pas pour aller à la guerre »

Pour tous les métiers ayant recours à la force physique, les élèves ont eu du mal à accepter que des femmes puissent les exercer.

Les élèves ont aussi eu recours à la langue française plus qu’à la langue cible, ceci étant dû à la différence entre leur désir de réagir et d’interagir et leur manque de vocabulaire.
Par conséquent un travail de guidage, de présélection des personnages et métiers à présenter s’est avéré nécessaire.

Pour la conception des affiches notamment, il a été profitable aux élèves de leur donner des mots clés qui riment, des mots et leurs contraires, une banque d’images présélectionnées…, voire même pour les plus faibles leur donner directement une citation.
Il a été important de s’adapter aux différents niveaux et à leur degré d’autonomie et de créativité.

Toutefois, et c’est très positif, la séquence a incité les élèves à s’exprimer et à débattre. La participation orale a été satisfaisante.
Les élèves se sont appuyés sur leur environnement (leurs professeurs, leur médecin…) pour alimenter leur réflexion.

Au final, la réalisation d’affiches en équipe a permis à tous les élèves de participer à leur niveau. Certains très faibles étaient chargés de rechercher des images, de les découper, de rechercher et découper les lettres, alors que les plus forts trouvaient les phrases/ idées. Tous les élèves, même les très faibles se sont sentis valorisés par le résultat final."

"De toutes les différences hommes / femmes, celle qui leur paraît la plus injuste est celle du salaire."


Les élèves du lycée Pierre Doriole sont venus visiter l’exposition de leurs camarades du lycée Rompsay.


Le témoignage des élèves

Les élèves de terminale commerce 2 et de gestion administrative 1 du lycée Doriole ont été interrogés sur les questions suivantes :

  • Qu’avez-vous pensé de la séquence "Gender Gap" ?
  • Vous a t’elle apporté des connaissances que vous n’aviez pas encore ?
  • Vous a t’elle touché.e ? Si oui, de quelle manière ?

Sur deux classes de terminales interrogées, les élèves ont généralement accepté de répondre. Plusieurs groupes se distinguent dont suivent les témoignages des élèves.

Les élèves déjà conscient.e.s de cette problématique pour en avoir entendu parler ou y avoir été confronté.e.s :

  • Loane :
"Dans ma vie professionnelle, j’ai remarqué qu’en tant que vendeuse, certains hommes ne veulent pas de notre aide et nous prennent pour des idiotes. Et dans le lycée, beaucoup de garçons ont des idées sexistes que je déteste."
  • Yourid :
"J’ai toujours été conscient que les stéréotypes existent entre les hommes et les femmes. C’est indéniable, on le voit partout, que ce soit dans le monde du travail, du sport et à l’école. Les filles sont encore sous-estimées et ont moins de droits que les hommes. En 2017, c’est une honte".

Les élèves qui disent avoir découvert l’ampleur d’une réalité accablante grâce aux chiffres ce qui leur a donné envie de réagir :

  • Emma :
"Je me suis sentie concernée par le thème de Gender Gap, car il est important d’en parler et le fait que je sois une fille m’aide à m’exprimer sur ce sujet. Les données chiffrées qu’on a dû relever et associer à un fait m’ont choquées et tout ce qu’on a vu m’a beaucoup appris."
  • Queenie :
"A travers les chiffres, j’ai été choquée de découvrir ce que peuvent subir certaines femmes dans le monde. J’ai aussi été surprise par le fait que certains hommes qui font un métier de femmes puissent être critiqués. C’est la vidéo d’Emma Watson qui m’a le plus plue."

D’autres se sont senti.e.s concerné.e.s par leur future entrée dans la vie active :

  • Margot :
" J’ai beaucoup aimé la séquence car je trouve qu’il ne devrait pas y avoir de différences entre les hommes et les femmes. Cette séquence m’a touchée car je me suis senti concernée. J’ai 19 ans et bientôt je rentrerai dans le monde du travail. Il s’agit d’une réalité."
  • Laura :
"Je pense aux générations prochaines qui ne devraient pas connaître ces inégalités, du moins seulement en entendre parler mais pas les vivre."
  • Kévin :
"Je n’ai pas trop aimé la séquence, car je me suis senti mal à l’aise. J’ai eu l’impression qu’en tant qu’homme de passer pour un monstre".
  • Manon :
"J’ai appris qu’être une femme pouvait être un obstacle dans la vie. Cela m’a énormément touché."