2020 : année de la bande dessinée en France publié le 31/01/2020

Et si nous mettions la bande dessinée de langue allemande à l'honneur dans nos séquences ?

2020  : année de la BD en France

S’il fallait encore s’en convaincre, la BD est un vecteur d’éducation à l’image, d’initiation à la lecture et un exemple parfait de décloisonnement des arts. En partenariat avec le Centre National du Livre et le Ministère de la Culture, d’innombrables manifestations dédiées au neuvième art vont avoir lieu cette année partout en France. Parmi les grandes thématiques qui ont été retenues, la thématique éducative nous concerne pleinement. Il s’agit de faire entrer la BD dans nos établissements et de lui trouver une place dans nos séquences. Il ne tient qu’à nous de relever ce défi.

L’ancrage de la BD dans la région Nouvelle-Aquitaine

Angoulême, la cité du neuvième art par excellence

  • le festival international de la BD
    Angoulême accueille tous les ans, en janvier, un festival mondialement connu. Il a lieu cette année du 30 janvier au 2 février et fête sa 47ème édition. Notons que parmi les 43 livres retenus cette année dans la sélection officielle figure „Berlin, livre troisième – ville de lumière" de Jason LUTES (Delcourt, 28/08/19). Il aura fallu attendre dix ans pour découvrir la fin de la trilogie berlinoise (Tome 1 "La cité des pierres" (2009), Tome 2 "Ville de fumée" (2009)). Consacré à la montée du nazisme sous la république de Weimar, ce roman graphique en noir et blanc décrit le destin de gens ordinaires. ARTE a consacré un reportage (21/03/19, 3’) à cette BD historique vraiment digne d’intérêt.
  • la CIBDI (Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image) : un lieu emblématique
    Inaugurée en 1990, la CIBDI fête cette année son 30ème anniversaire. Ses ressources (notamment pédagogiques) sont inépuisables. La CIBDI travaille au reste en lien avec 12 écoles spécialisées de l’enseignement supérieur du Campus de l’Image qui regroupent plus de 1200 étudiants.
  • le PREAC BD (Pôle de ressources pour l’Education Artistique et Culturelle)
    Il existe pas moins de 38 PREAC en France répartis dans 9 domaines artistiques sur 12 régions. Angoulême accueille logiquement le PREAC BD qui organise tous les ans, en amont du festival, un séminaire national de 2 jours et demi dédié à la BD. (Communication du programme et inscriptions sur le PIA à l’automne)

l’institut Goethe de Bordeaux : un partenaire de choix

  • L’institut Goethe soutient la BD de langue allemande en proposant un stand allemand durant le festival d’Angoulême. Cette année, c’est l’auteur Mikaël ROSS qui est mis à l’honneur pour „Apprendre à tomber" / „Der Umfall". Auteur né à Munich en 1984, il traite la thématique du handicap avec humour et sensibilité dans sa dernière BD traduite en français et évoque la vie d’un village singulier en Basse-Saxe. Pour en savoir plus sur cette très belle BD, vous pouvez regarder le reportage „Vivre avec un handicap“, (ARTE, 16/10/18, 3’). Elle trouvera à coup sûr toute sa place dans une séquence de l’axe "Inclusion et diversité" du cycle terminal.
  • L’institut Goethe de Bordeaux propose aussi de précieuses journées de formation pour les enseignants. Le samedi 21 mars, de 9h30 à 16h30, vous pourrez profiter d’une formation centrée sur la BD en cours d’allemand (sur inscription seulement à doris.ladiges-evans@goethe.de).
    Cette journée sera articulée autour de 3 temps forts :
    1- explorer le potentiel de cette forme d’expression (aspect littéraire et visuel),
    2- découvrir une nouvelle génération d’auteurs allemands et l’évolution de la BD en Allemagne depuis 1990,
    3- se familiariser avec des exemples concrets de didactisation et prendre en main l’outil pixton (tutoriel) qui sert à créer des BD.

Analyse comparée : quelle place occupe la BD en France et en Allemagne ?

Même si la bande dessinée est née en Suisse grâce au génie de Rodolphe TÖPFFER et même si l’Allemand Wilhelm BUSCH en est le précurseur, elle n’a pas le même rayonnement en France et en Allemagne. Son image est en effet bien meilleure chez nous. Il suffit de regarder le reportage réalisé par ARTE pour l’émission Karambolage (vidéo de 6’, 2018) pour finir de s’en convaincre. Et inutile de préciser que le prix "Max et Moritz", qui est remis tous les deux ans au festival de BD d’Erlangen (19ème édition du 11 au 14 juin 2020) et qui récompense le meilleur de la BD germanophone, n’a pas la même aura qu’un Fauve.
En termes de production, les chiffres parlent d’eux-mêmes. 5300 nouveautés ont été publiées en France en 2018. La BD franco-belge est de loin la catégorie la plus achetée, devant les mangas (38% des ventes). Trois secteurs sont en plein essor : la BD jeunesse contemporaine, le manga et le roman graphique. Si l’on compare avec la marché allemand, le nombre de publications est certes en hausse outre-Rhin (cf article de l’institut Goethe) mais France et Allemagne ne jouent toujours pas dans la même cour. De jeunes scénaristes et dessinateurs contribuent d’évidence au renouveau de la production artistique. Nos élèves, qui sont en général lecteurs de BD, sont curieux de découvrir la nouvelle scène de la BD allemande si tant est qu’ils en aient l’occasion. Et c’est en ce sens que nous devons être des passeurs !


Etat des lieux : quelle place pour la BD de langue allemande dans les nouveaux manuels de lycée (rentrée 2019) ?

Peut-être l’aviez-vous déjà remarqué mais la BD est le parent pauvre de nos nouveaux manuels. Un vrai paradoxe alors que nos élèves sont friands de cette forme d’expression. Pour ne pas rester sur une simple constation, un tableau (pdf joint) détaille et circonscrit précisément les occurrences des BD dans les manuels de lycée.
Force est de constater (et c’est bien regrettable) que la Maison des Langues ne fait pas le pari de la BD, ni en 2de ni en 1ère. Seul l’éditeur Hachette dans la série "Mitreden" accorde non seulement une place conséquente à la BD mais en fait une utilisation pédagogique pertinente et judicieuse. La BD s’inscrit ici dans un véritable projet : il s’agit de lire dans un but précis, orienté vers la résolution d’une tâche.
Les rares éditeurs qui misent sur la BD puisent peu dans le répertoire classique (à l’exception de "Vater und Sohn"). Ils privilégient au contraire la production récente (travail de Katharina GREVE et Barbare YELIN). Mais il reste encore un long chemin à parcourir ...

Quelques pistes pour faire entrer la bande dessinée dans nos pratiques d’enseignement

 Tout d’abord, il s’agit de tenir compte des productions plus ou moins récentes qui nous offrent de multiples entrées thématiques. Le tableau ci-joint (pdf) a pour objectif de proposer des titres de bandes dessinées qui peuvent s’inscrire dans les différents axes du programme du cycle terminal. Il va de soi que certaines BD peuvent servir de support au niveau de plusieurs axes.
 En ce qui concerne les prolongements didactiques, on peut penser à plusieurs types d’activités. Attention, il revient toutefois à l’enseignant de s’assurer par une analyse minutieuse de la pertinence de l’activité proposée au regard de la spécificité du support.


Des activités de lecture et d’écriture créative peuvent être envisagées. Par exemple :

  • faire reconstituer la BD en partant de l’analyse des images et de la compréhension des bulles
  • faire imaginer le contenu des bulles avant de confronter les élèves à la BD
  • vieillir les personnages : faire imaginer des biographies fictives
  • faire imaginer ce qui a pu se passer entre la première et la dernière image de la BD
  • faire imaginer ce qui peut se produire dans la planche suivante
  • faire créer une planche de BD (avec la nouvelle application gratuite BDnF de la BNF par exemple) à partir d’un texte informatif ou littéraire pour donner libre cours à sa créativité.
Documents joints

Enquête : quelles références culturelles (BD) ont été retenues par les éditeurs dans les nouveaux manuels de lycée ?

Suggestions de BD en fonction des axes du programme du cycle terminal