La simulation globale toujours au goût du jour publié le 06/04/2018  - mis à jour le 08/04/2018

Introduction

  • Célestin Freinet (1896-1966) fait office de précurseur de la simulation globale. La pédagogie Freinet est une pédagogie originale fondée sur l’expression libre des enfants : production de textes libres, dessins libres, correspondance inter-scolaire, imprimerie et journal scolaire, individualisation du travail …
    Voici un ouvrage de référence en lien avec ce sujet :
    "Ganzheitliches lernen im Rahmen der Simulation globale : Grundlagen - Erfahrungen - Anregungen" (Giessener Beiträge zur Fremdsprachendidaktik) Gebundene Ausgabe – 1. Juni 2003 , Vera A Sippel (Autor)
  • Ce que nous appelons aujourd’hui "simulation globale" est une pratique pédagogique conçue au début des années 70 pour l’enseignement du FLE.
    La méthodologie a été élaborée au Bureau pour l’enseignement des langues et de la civilisation par Jean-Marc Carré et Francis Debyser. Elle s’est largement répandue dans les années 90.

Définition

« Une simulation globale est un scénario qui permet à un groupe d’apprenants de créer un univers de référence (un immeuble, un village, un hôtel, une île…) de l’animer de personnages en interaction et d’y simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre, est susceptible de requérir. »

(D’après L’immeuble, F.Debyser, Hachette, 1996)

C’est jouer tous ensemble à être :

  • quelqu’un d’autre,
  • dans un autre lieu,
  • à une autre époque… (Un peu à la manière du jeu sim’s !)

L’objectif principal est de fédérer toutes les activités langagières dans une sorte de grand jeu communicatif en y intégrant des séquences à dominante linguistique mais aussi grammaticale.


Comment créer une simulation globale ? 

Mettre en place l’environnement

Le choix du lieu dépend du type de travail que l’enseignant veut faire avec ses élèves :
il s’agit de se projeter dans un ailleurs spatio-temporel par la puissance de l’imaginaire.

Créer des identités fictives

Chaque élève devient un personnage de ce lieu. Il prend une identité fictive qu’il retrouvera et fera vivre à chaque séance.
N.B. Dans mes simulations globales, j’ai toujours commencé par la phase d’établissement des identités afin que les élèves soient déjà en groupe au moment de la découverte de l’environnement.

Créer des interactions

Elles sont là pour donner vie et relief au lieu, aux personnages :

  • Jeux de rôles : demander un renseignement, expliquer un itinéraire, une préférence, donner une réponse à un écrit, débattre pour faire un choix…
  • Productions orales variées : dialogue entre membres du groupe (exemple une personne du groupe détient une information qu’elle doit transmettre aux autres, réactions des autres..), coup de téléphone pour demander un renseignement, discours de bienvenue, participation à une émission télé/radio, interview par un journaliste…
  • Productions écrites variées : lettres de réclamation, invitations, formulaire d’inscription, petites annonces, dépliant touristique, discours du maire du village, réservation…

Faire intervenir des événements et des incidents

L’enseignant introduit au fur et à mesure du déroulement des événements perturbateurs : un serpent s’est échappé dans l’immeuble, une valise perdue, un naufrage …


Apport théorique sur la dynamique de groupe

Comment créer un groupe d’élèves ? Les regroupements peuvent se faire de plusieurs manières :
de manière hétérogène, de manière homogène, au hasard, par amitié, par proximité, par centre d’intérêt.

J’ai opté pour la méthode du hasard (méthode que je préfère car il n’y a pas de contestion de la part des élèves). Ce groupe va travailler régulièrement ensemble sur une période relativement longue. Les élèves vont« agir avec, par et pour les autres. »

J’ai réalisé à ce jour 5 simulations globales avec des élèves de 3ème et de seconde. A chaque fois, « le hasard » a fait qu’un groupe fonctionne moins bien (même une fois pas du tout bien) que les autres !
Cela peut avoir plusieurs raisons que nous connaissons tous : les élèves ne s’apprécient pas, ne sont pas avec leur amis, un groupe est constitué d’élèves d’un niveau faible !
Quand il s’agit de travailler pendant une heure de cours ensemble, cela peut passer, mais là, il s’agit de travailler ensemble sur une durée assez longue.

Il est arrivé que j’ai demandé à un élève de sortir du groupe car il s’est toujours mis à l’écart, n’a jamais participé ! Je lui ai proposé une autre fonction pendant la simulation (cela doit rester évidement l’exception). Pour les groupes qui fonctionnent moins bien, il est important pour l’enseignant de jouer un rôle de médiateur.

Le groupe est vecteur à la fois de changement, d’innovation et de cohésion. Cette dynamique est essentielle pour optimiser l’apprentissage.

Il est important d’amener les groupes à trouver par eux-mêmes les solutions à leurs propres difficultés.
Enfin, la cohésion de groupe permet de renforcer la motivation des apprenants (on apprend par plaisir). Dans les groupes très soudés ou fusionnels, des dynamiques d’entraide se mettent en place. Elles sont à l’origine de processus de co-apprentissage efficaces qui sont déterminants pour le développement de communautés d’apprenants.

Aussi, il me semble important avant le début de la simulation de rappeler ou de chercher avec les élèves les caractéristiques du bon fonctionnement d’un groupe.

Pour approfondir cette réflexion, vous pouvez consulter les liens ci-dessous :
 Travailler en équipe avec les élèves : quels groupes ? pour quelles activités ? :
 La dynamique du groupe-classe


Pourquoi recourir à la simulation globale ?

Avant de vous montrer les grandes lignes de deux de mes simulations globales, j’aimerais vous dire pourquoi j’ai choisi cette forme de travail :

  • au collège en classe de 3ème : j’avais envie de rendre le thème de la musique plus vivant avec un groupe agréable, dynamique mais un peu en retrait à l’oral.
  • au lycée, avec un groupe de 1ère STIDD composé de 15 garçons et de 2 filles faisant preuve de très peu de motivation.

Afin de reprendre quelques bases sans passer par des textes niveau collège, j’ai mis en place la simulation globale « ein Schiffsbruch » : « unser Leben auf einer einsamen Insel » (bonne dynamique, grands dessins magnifiques des différentes iles avec les différents paysages et chacun a créé un avatar).
En classe de seconde, j’avais aussi une heure placée tous les quinze jours le vendredi de 16h à 17h.

Mise en œuvre d’’une simulation globale : généralités

Fonctionnement du groupe

Chaque groupe a un classeur dans lequel tous les documents sont collectés. Il contient, à chaque début d’heure, les infos, lettres, mail, consignes, problème à résoudre… que je ramasse à la fin de chaque cours afin de pouvoir corriger pour la fois d’après et préparer la suite.
Je fais en sorte que les écrits (lettres ou mails) s’adressent personnellement au groupe : liebe Familie Steiner, liebe Handballmannschaft etc.
A la fin de la simulation, je fais un dossier avec la synthèse des différentes étapes et des photocopies des travaux pour chaque élève.
Comment noter ? J’attribue une note globale mais chacun a une note individuelle de participation (sur 5).


Déroulement 

A chaque début de cours, les élèves reçoivent une lettre, un mail, une consigne, une tâche, un écrit : es gibt ein Problem !!! Les élèves travaillent en groupe avec 2 dictionnaires.
A la fin de chaque heure, les élèves doivent avoir produit : soit un écrit, soit jouer un dialogue. Cela est important pour avoir une dynamique dans les productions à chaque cours.
Quand il s’agit de faire une expression orale, je passe rapidement dans les groupes avant afin de corriger les erreurs/inversions de mots mais pas tous les écrits pour garder une spontanéité et pour que les dialogues viennent vraiment d’eux !

Rôle de l’enseignant 

L’enseignant est un régisseur en arrière plan. Évidemment, il ne s’agit pas de s’asseoir et de regarder faire des élèves ! Comme évoqué plus haut, il faut veiller à une bonne dynamique dans les groupes et fournir de l’aide ponctuelle. Il appartient à l’enseignant de donner une bonne impulsion afin de diriger de manière subtile l’avancement de la simulation globale et de faire en sorte que les élèves acquièrent les compétences langagières qui doivent être atteintes.
Il donne aussi du vocabulaire nouveau mais les élèves cherchent aussi dans le dictionnaire (afin de leur laisser une grande liberté).
L’enseignant a donc tous les éléments en mains et est le seul à connaître le déroulement des événements. D’ailleurs, les élèves à la fin du cours sont souvent curieux et demandent : "Madame qu’est ce qui se passe la semaine prochaine ?" ou, en début du cours, ils sont impatients d’ouvrir le classeur avec les nouvelles aventures qui les attendent.


Deux exemples concrets de simulations globales

Parmi les exemples suivants :Schiffreise durch den indischen Ozean (seconde), Musikgruppe, Preis bei einem Musikwettbewerb, Konzertreise durch Deutschland, Österreich und der Schweiz (3ème), j’ai choisi de présenter "Musikband".

Musikband

Musik spielt eine große Rolle in meinem Leben.
Thema : Eine Musikgruppe geht auf Tournee.
Etappe 1 : Musikgruppen bilden je 4/5 Schüler, Identität, Hobbys, Instrument, Musikstil …
Etappe 2 : Jede Gruppe bekommt einen Brief, der die Gruppe über den Gewinn eines Musikwettbewerbs informiert (Antwort Mail)
Etappe 3 : Planen der Reise Deutschland, Österreich, Schweiz : in welcher Stadt (Hotel reservieren Telefon), mit welchem Transportmittel (Flugzeug, Bahn, Bus, Leihwagen)
Etappe 4 : Interview Musikmagazin (Video)
Etappe 5 : Unsere Tournee : Werbeplakat, Konzert, Hotelankunft, Stadtbesichtigung, Probleme
Etappe 6 : Tagebuch der Tournee…

Eine Reise in den indischen Ozean

1) Wir bilden Gruppen und sagen der Klasse wer wir sind (Name, Alter, Wohnort, Beruf, Hobbys)
2) Jede Gruppe bekommt einen Brief von dem Reisebüro « Reisen in die Welt »
3) Mail : « Danke für ihre Antwort » Herr Heine
4) Telefongespräch : Es gibt ein Problem, warum haben wir noch keine Antwort ?
5) Brief an einen Freund/eine Freundin : endlich haben wir die Formulare bekommen, was werden wir besichtigen…
6) Einschiffungsformulare, was gibt es auf der MS-Europa (Schwimmbad, Discothek, unsere Kabine…), was können/wollen wir machen, Essen was, wann
7) Dialog : Willkommen auf der MS- Europa, ein Stewart zeigt uns das Schiff, Problem wo ist mein Koffer ?
8) Text : Schiffsbruch im indischen Ozean, unser Leben auf einer einsamen Insel : sind alle heil gelandet, was kann uns nützlich sein, wer macht was ?
9) Text : Wir werden gerettet ! Wie, von wem, wie kommen wir wieder nach Hause ?