Plongez dans le grand bain aux côtés de "Kornelia", la nageuse mythique de l'Allemagne de l'Est ! publié le 31/03/2018

 La nageuse est-allemande Kornelia Ender (née en 1958) s’inscrit dans la lignée des sportifs auréolés de gloire. A l’instar de sa compatriote Marita Koch, la célèbre athlète toujours détentrice du record du monde du 400 m, elle fit briller de mille feux le drapeau de la RDA et contribua au rayonnement international d’un pays aujourd’hui disparu. Oui, Kornelia Ender a marqué les esprits des années 70 car elle a régné en maître sur les jeux Olympiques de Montréal (1976) : elle fut en effet la première nageuse à remporter 4 titres olympiques lors de la même édition des Jeux. Son palmarès (p.52) ne s’arrête pas là. Elle peut s’enorgueillir d’avoir gagné également 4 médailles d’or lors des premiers championnats du monde de natation organisés en 1973 à Belgrade.

 C’est une photo de Kornelia qui déclenche chez l’auteur l’envie de remonter la trace de son amour de jeunesse. Mais ce livre hommage qui célèbre des retrouvailles indirectes n’est pas le fruit d’une rencontre réelle. Vincent Duluc a préféré mener une enquête à grande échelle en passant au crible les médias de l’époque et ses archives personnelles. Ainsi la biographie de cette "diplomate en maillot de bain" (p.86) n’occupe-t-elle en définitive qu’une petite partie de l’ouvrage. Le lecteur pourra apprendre que "dès les treize ans de Kornelia, la Stasi consignait tous les détails de sa vie" (p.18). Le journaliste accorde en outre de l’importance au parcours de sa principale rivale, l’Américaine Shirley Babashoff. Il s’attarde aussi sur le fonctionnement d’un système parfaitement organisé en matière de détection des graines de champion (p.40) et n’élude aucunement le sujet du dopage des athlètes du bloc communiste (le plan 14.25 est décortiqué). Mais l’auteur n’est pas dans le jugement ni le dénigrement. Il accorde à Kornelia le bénéfice du doute.

 Si vous vous intéressez au sport et si vous avez envie de compléter vos connaissances sur les pratiques en vigueur en RDA, ce livre est tout indiqué pour vous. Vous serez conforté dans l’idée que le sport est bien un lieu et une forme de pouvoir. J’en veux pour preuve ce passage :
"Les journalistes qui revenaient de RDA dans les années 70 rapportaient tous la même histoire, qui entremêlait le sport et un idéal de société. Ils racontaient que les cours de gymnastique dans les écoles commençaient par le cri du professeur, "Sport", auquel les élèves répondaient "frei". Le sport libérait, le sport récompensait (...)" (p.79).

Kornelia, Vincent Duluc, Stock, mars 2018, ISBN 9782234083417, 18 euros