"Aller Liebe Anfang": le premier roman de Judith Hermann enfin traduit en français publié le 31/03/2016

 Révélée en 1998 avec son livre "Sommerhaus, später" ("Maison d’été, plus tard"), la Berlinoise Judith Hermann a depuis été récompensée par des prix littéraires prestigieux dont le prix Kleist en 2001 et le prix Hölderlin en 2009.
Son premier roman "Au début de l’amour", qui vient d’être traduit en français, est en lice pour le Prix Jean Monnet de Littérature européenne 2016.

 La version allemande "Aller Liebe Anfang", parue en 2014, est actuellement disponible en livre de poche aux éditions Fischer. Le Spiegel le compte au reste au nombre des bestsellers.
"Au début de l’amour" est un roman psychologique basé sur un scénario minimaliste : un couple qui se rencontre dans un avion, un enfant qui naît peu de temps après, une vie bien rangée à trois dans une petite ville de province tranquille, une belle maison dans un lotissement sans histoire. Ce roman très descriptif fait la part belle aux phrases généralement très courtes et bien ciselées qui alimentent une atmosphère glaçante. Petit à petit, le lecteur sent poindre un malaise qui s’infiltre entre les lignes. La narratrice, Stella, réfléchit à sa vie et confronte ses rêves d’adolescente à la réalité du présent. Elle n’est pas pleinement satisfaite de son sort, mais elle s’en accommode, bon gré mal gré. Jusqu’au jour où un certain monsieur Pfister débarque à l’improviste dans son quotidien et vient perturber ce fragile équilibre. La vie de Stella bascule et s’effiloche petit à petit. Le lecteur la suit dans ses élucubrations qui le renvoient à ses propres méandres intérieurs.
La force de ce roman dramatique réside dans la puissance de l’écriture. Amateurs de romans d’action ou d’aventure, s’abstenir ! Ce livre nous offre par ailleurs une belle réflexion métaphysique.

 Les textes de Judith Hermann ont l’avantage d’être écrit dans une langue simple et accessible aux élèves de lycée. Des extraits de ce roman (cf pièce jointe) trouveraient ainsi toute leur place dans des séquences axées sur le vivre ensemble et les questions d’identité. En L, on peut très bien imaginer un travail sur l’écriture vecteur d’émotions.