La Splendeur de la vie ou le dernier amour de Kafka publié le 20/11/2013  - mis à jour le 31/12/2016

 Vous aviez été conquis par "Les derniers jours de Stefan Zweig" de Laurent Seksik ? Nul doute alors que vous adorerez " La Splendeur de la vie" ( Die Herrlichkeit des Lebens ), un roman d’amour à la tragique beauté qui vient d’être couronné lauréat du prix Jean Monnet 2013. Pour qui ne connaîtrait pas encore cette distinction littéraire, rappelons qu’elle est attribuée dans notre région dans le cadre du salon des littératures européennes de Cognac qui, tous les ans, en novembre, met un pays européen à l’honneur (l’Italie en 2013) ! Voilà assurément une récompense bien méritée. A sa sortie, la presse française avait salué ce roman qui s’inscrit dans la lignée des plus grands. Il suffit de lire la critique du Monde et de l’Express pour s’en convaincre.

 Avec ce subtil roman, Michael Kumpfmüller (1961-), lauréat du prix Alfred Döblin 2008, parvient après Fugue en lit mineur (2000) à se frayer un chemin sur la scène littéraire française. Certes, il ne trouve encore qu’un écho limité, mais le bouche à oreille devrait lui permettre de conquérir un nouveau lectorat. Une oeuvre en devenir donc !

 Son sujet ? L’auteur imagine la dernière année (1923) de la vie de Kafka qui décèdera en 1924. Souffreteux et en proie à un mal être profond, Kafka se rend à Müritz, une petite station balnéaire sur la Baltique pour reprendre des forces. A 40 ans, rongé par la tuberculose, il s’éprend de Dora Diamant qui a 15 ans de moins que lui. C’est le début d’un amour fou. Ensemble, ils rêvent de Palestine mais leur complicité ne s’arrête pas là. Dora devient le véritable ange gardien de l’écrivain inquiet et préoccupé par la parution de ses oeuvres. Autour du couple gravite tout un tas de personnages, en particulier l’ami de toujours, Max Brod. Michael Kumpfmüller a indéniablement réussi un tour de force : Kafka est saisi dans toute sa vulnérabilité. Le lecteur est submergé d’émotions à la lecture de ces tableaux pointillistes. Il sait que Kafka est fatalement condamné car la maladie gagne subrepticement du terrain. Ce sont les derniers moments de la splendeur inhérente à toute vie que dépeint majestueusement Michael Kumpfmüller.

 Des preuves tangibles de cette liaison existent : des lettres et des cahiers emportés par Dora Diamant à Berlin durant l’été 1924 ont été confisqués par la Gestapo mais n’ont jamais été retrouvés depuis lors.

La Splendeur de la vie , Michael Kumpfmüller, Albin Michel, 2013, ISBN-13 : 978-2226245199, 19,50 euros
La version française est parue en poche en avril 2014 chez J’ai lu. ISBN : 978-2-290-07819-8, 7,60 euros
Die Herrlichkeit des Lebens, Michael Kumpfmüller, Fischer Taschenbuch, 2013, ISBN-13 : 978-3596193608, 9,36 euros
Fugue en lit mineur, Michael Kumpfmüller, Denoël, 2003, ISBN-13 : 978-2207252147, 22,30 euros
Hampels Fluchten, Michael Kumpfmüller, Fischer Taschenbuch, 2003, ISBN-13 : 978-3596148462, 9,90 euros
Les derniers jours de Stefan Zweig, Laurent Seksik, J’ai lu, 2011, ISBN-13 : 978-2290027011, 6,10 euros

 Le Magazine littéraire n°539 de janvier 2014 consacre son dossier à Kafka.