Le débat citoyen en classe de langues publié le 03/02/2010  - mis à jour le 04/02/2010

Stage animé par J. Tranier (Anglais) et O. Besson (Allemand)

Le débat est une discussion organisée et dirigée.

 Pourquoi débattre ?

Le débat permet de travailler avec le CECRL. Les élèves sont des acteurs avec une tâche clairement identifiable. Il forme le sens critique (palier 2 du livret de compétences). Il fait travailler la compréhension écrite (lecture de documents), l’expression écrite (prise de notes…), la compréhension orale et naturellement l’expression orale (continue et interactive)
Il permet de prendre en compte les programmes culturels, il correspond à l’évolution des modalités d’enseignement (dédoublement, groupes de compétences, modules…)
Il est en lien direct avec les nouvelles modalités du bac STG, du DNB et de la certification. Il permet aussi à l’enseignant de se mettre en retrait. Le professeur ne doit pas intervenir, même sur un silence qui est aussi constructif. Il développe aussi la collaboration bienveillante des autres. Il permet de développer la solidarité, ce qui est fondamental pour un groupe classe. En outre on peut imaginer un débat mêlant l’interdisciplinarité.
Mais le débat est surtout là pour le plaisir de l’enseignant et des élèves ! Il change leur vision d’eux-mêmes et de leurs propres capacités.

Problématique

 Dans quel cadre ?

Pratiques de Mme Tranier : un club. On peut imaginer des concours, avec un prix à la clef pour les gagnants.

• Un débat par trimestre semble judicieux car cela prend du temps. On peut aussi organiser un club-débat entre midi et deux. Cela aide beaucoup les élèves timides.
• Des rallyes –débats sont également réalisables : 7 groupes collège/ lycée (inter-cycles). 10 minutes de débat à chaque fois.
• Le débat peut s’organiser à tous les niveaux, collège, lycée, université.
  On peut organiser aussi un débat dans le cadre d’un échange. On travaille toute une journée en groupe avec des ateliers.

 Mise en place et mise en espace :

• 2 équipes de 5 maximum. (formées par l’enseignant), nécessité d’une cohésion et d’une solidarité dans l’équipe. (retentissement possible sur la dynamique de classe)
• La mise en espace est très importante, les équipes doivent être face à face, pas trop éloignées pour pouvoir utiliser le non verbal.
• Quel sujet ?
  Le sujet est très variable, il doit faire partie du programme culturel de la classe. Exemple : le racket à l’école, « Bullying », dans le cadre de la semaine anglaise anti-bullying. ; autre exemple en classe de terminale : est-ce que l’on devrait rendre obligatoire un voyage scolaire à l’étranger ?
• Le débat peut être également dans le cadre (imaginaire ou réel) d’une décision à prendre (utilisation d’une somme allouée au lycée…) Cela évite le perpétuel ‘pour ou contre’.

• Quand ?

Le débat peut être une tâche initiale (pour faire le point sur ce qui manque, dans ce cas il ne doit pas durer longtemps), intermédiaire (pour enrichir, s’approprier les idées, le lexique) ou finale d’une séquence.

• Pour ou contre ?

Les élèves préparent les deux cas c’est-à-dire les arguments pour ou contre. Cela permet de tout voir, de préparer les contre arguments, d’anticiper. On tire au sort pour savoir qui est contre, qui est pour. Les élèves ont trois minutes pour réfléchir et on commence ! …C’est aussi une protection face au regard des autres, on ne défend pas ses propres idées, on est donc libre. Par exemple lors d’un sujet sur le tabac !

• Conseils : ne pas formuler le sujet avec des mots négatifs, car les élèves ne savent plus s’ils sont pour ou contre. Il est difficile de donner un sujet éthique et ensuite de décider quelle est l’équipe gagnante. (par exemple le sujet ‘une bonne mère est une mère qui reste à la maison’)

• Qui gagne ?
  Le groupe qui est le plus convaincant, le groupe qui parle le plus.

 Des débatteurs et des observateurs.

• Le groupe classe discute des critères de réussite.
• Les observateurs doivent être actifs. On peut imaginer des élèves jurys et des élèves chargés de l’évaluation.
• Le jury doit surveiller à ce que le débat se passe dans le respect, la politesse…
• On peut imaginer un groupe d’élèves ayant certains critères à observer et avec un porte-parole. Ce dernier prendra la parole lorsque les équipes présentent leurs conclusions. Il donne les raisons de cette évaluation. Le président de jury n’a qu’à rapporter les paroles de ses pairs, il est par conséquent intéressant de choisir pour ce rôle un élève timide ;
• On peut également mettre un secrétaire de séance par groupe de débatteurs. Il prend des notes (expression écrite)
• Ainsi, la communication se fait entre tous les élèves, sans le professeur.
  Si on a un groupe de 10 : on peut choisir 4 élèves pour, 4 élèves contre et 2 élèves ‘jury’
• Si on a un plus grand groupe, on peut former des groupes de 4 ou 5 qui sont ‘jury’ et ont un critère distinct à observer.

 Recommandations diverses

• Sujet : On préconise une séance de préparation entre les élèves sur le sujet tiré au sort (possibilité de préparer à la maison) et étudié aux séances précédentes. Deux sujets de débats pour faire passer tout le monde, donc deux sujets différents de débat.
• Si deux groupes, faire d’abord passer les meilleurs car ils ont besoin de moins de temps et cela aide indirectement les autres qui peuvent s’appuyer sur une imitation.
• Le jury doit rendre compte de ses observations dès que le débat est fini. Au collège, le débat ne doit pas durer longtemps, maximum 10 minutes. Cela permet de faire deux débats dans une heure, avec à la fin de chaque débat, un commentaire sur ce qui a été fait. Avertir les élèves de la durée du débat.
• Le sujet du débat peut être tiré au sort (deux sujets proposés)

Ne pas corriger ni reprendre les élèves pendant le débat.
Pendant la préparation, on peut les aider.

• Règles à respecter lors du débat :
  Pas de français, écouter l’autre pour répondre à l’argument. Il faut répondre à l’argument des autres avant d’avancer ses propres arguments, sinon dialogue de sourd ! Ne pas s’injurier ( !), ne pas se couper la parole.
  Elèves timides gérés par les équipes en leur donnant la parole en premier
  On peut filmer les débats pour les montrer aux élèves et analyser ce qui s’est passé.
• Traces écrites : on peut autoriser les élèves au départ à utiliser des traces écrites, mais très vite, ils vont remarquer par eux-mêmes que les notes brutes sont stériles et qu’elles les gênent.

Ateliers

Les organisatrices du stage ont fait débattre les enseignants stagiaires dans leur LV2 (anglais, allemand ou espagnol) pour qu’ils comprennent ce que vivent les élèves.
Bilan :

• plaisir de débattre, de donner un message personnel. Il est très frustrant de ne pas savoir « dire ».
• Chacun est étonné de ce qu’il a su faire, cela change la vision de soi-même et de ce qu’on croit être capable de faire.
• Cela montre qu’une communication peut s’établir hors d’une langue correcte.
• Cela est révélateur des qualités de chacun (théâtral, tour de rôle dans la prise de parole)
• Les lacunes en vocabulaire ne sont pas un problème, on demande à ceux de son groupe et on a envie d’aider les autres.
• Les traces écrites sont importantes car elles permettent de reprendre le fil après un échange enflammé !
• L’intercorrection est une bonne étape afin de parvenir à une auto-correction !

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Entraînement

Nous avons observé une séquence de débat sur vidéo pour travailler sur les remédiations possibles pour améliorer le débat suivant.

Observation séquence de débat : remédiations

Construire avec les élèves une fiche d’observation critique avec des critères d’ évaluation|
|Interaction, sens de la répartie|Entraînement à la prise en compte des arguments de l’autre avant d’en développer un autre|Mise en place des situations d’expression accord/désaccord|Choisir une répartie parmi 4 proposées à une assertion et justifier| Entraînement à l’argumentation : compléter une affirmation par « ja aber »|Entraîner en binôme à la répartie|Avant le débat : s’entraîner à l’interaction écrite sur un forum pour contre-argumenter|

Quelques activités d’entraînement possibles

• Si on parlait...

Le principe :
Une grille type grille de loto avec des phrases d’introduction aux arguments dans chaque case. Le gagnant est celui qui les a toutes utilisées le premier.

• Le jeu du “oui,mais...”

Le principe :
Un sujet de débat. Deux rangées d’élèves A et B qui se font face. L’élève A avance un argument et retourne à la fin de la file des A. L’élève B qui lui fait face doit avancer un argument contraire et va lui aussi à la fin de la file des B. L’équipe gagnante est celle qui a trouvé le plus d’arguments lorsque le jeu est déclaré terminé.

• Débats circulaires

Le principe :
Un nombre impair d’élèves. Un sujet de débat. Chacun avance un argument contraire à celui de l’élève qui a parlé avant lui.

• Cartes de discussion

Le principe :
On distribue des cartes sur le modèle proposé aux élèves qui travaillent en groupes (Ici des groupes de 3 mais on peut envisager d’autres combinaisons). A chaque fois qu’ils entendent ce qui est inscrit dans la colonne de droite, ils doivent faire ce qui est demandé dans la colonne de gauche.

• Reformulation au discours indirect.

You said that…
You told us that…
You mentioned that…
May I ask you why you said that…
Did you really mean it when you said that…
What did you mean when you said that…
You made a good point when you said that…

Le principe :
J1 : Donner les 7 amorces ci-dessus à apprendre.
J2 : Deux équipes, A et B. Un sujet de débat proposé. Chacune équipe formule 7 arguments. Ils sont ensuite lus à voix haute par l’équipe A et reformulés par l’équipe B à l’aide des amorces apprises, sachant que chaque amorce ne devra être utilisée qu’une fois et que l’exercice est chronométré. L’équipe gagnante est celle qui aura reformulé les 7 arguments le plus vite.

• Virelangues

Le principe :
Très connus, ces exercices ont pour but de désinhiber les élèves et de mettre en place certains phénomènes phonologiques intéressants.

• Argument/contre argument
  Le principe :
  Des binômes. Un sujet de discussion (libre ou imposé). Chaque élève écrit 1 argument, remet sa feuille à son homologue qui doit alors proposer 3 contre arguments. Ils échangent de nouveau leurs feuilles et chacun doit proposer un nouveau contre argument pour chacun de ceux avancés.

• Action-Réaction
  Le principe :
  En groupe de 4, un élève tire une carte et lit la phrase. L’élève en face de lui doit contredire, donner un exemple ou reformuler, selon la mention sur la carte. S’il ne peut pas le faire, quelqu’un d’autre peut le faire. Celui qui répond prend la carte. A la fin, celui avec le plus de cartes a gagné.

• Une minute !
  Le principe :
  Pour gagner en spontanéité, et pour apprendre à utiliser des gap-fillers.
  Equipes de 4 avec un élève arbitre et un élève avec chrono. A tour de rôle, on tire un sujet (soit bateau, soit en rapport avec une séquence en cours) et à tour de rôle, un élève commence à parler du sujet. Il essaie de parler pendant une minute. Il ne doit pas hésiter (mais il peut/doit, utiliser des gap-fillers), être hors sujet ni redire des choses qu’il a déjà dites. S’il ne respecte pas les règles, le premier élève qui montre sa carte Hésitation, Répétition, Déviation prend la parole et l’élève avec le chronomètre recommence à décompter le temps. On attribue des points – ex : 1 point pour une interruption correcte, 1 point pour celui qui parle à la fin de la minute, 2 points si on n’est pas interrompu…

• Tabou !
  Le principe :
  Comme dans le jeu, il s’agit de faire deviner un mot sans en prononcer d’autres. Les élèves se voient donc remettre des cartes avec le mot à faire découvrir et les mots à ne pas prononcer. Il leur faut donc trouver des périphrases, des reformulations, des exemples, des synonymes, des antonymes... du mot cherché pour gagner. On les entraîne là à contourner les difficultés lexicales. L’équipe gagnante est celle qui a trouvé le plus de mots en un temps limité.

Inclure le débat dans une séquence : exemple ‘bullying at school’

• expression orale à partir d’un document iconographique (un élève agressé par un autre), définir le concept « bully » : a bully is someone, who…
• compréhension orale : courte séquence filmée beat bullying (tous les personnages sont connus et ont été victimes de bullying)
  expression orale pour définie anti-bullying
• compréhension ércite : webquest sur antibullying avec recherches ciblées sur internet, trouver des slogans, des conseils, trouver une histoire vraie à expliquer aux autres. Sites distribués en fonction de leur difficulté. (enrichissement lexical)
• Compréhension écrite + expression orale :
  étude de témoignages de jeunes victimes et de racketteurs qui expliquent pourquoi ils sont devenus des bullies .relever arguments les plus pertinents.
  Conclusion : les élèves ont beaucoup d’idées sur la question ;
• entraînement avec jeu de cartes (bleu, rouge, vert)
• DEBAT

 Exemple de séquence réalisée par Mme Besson

Evaluation

Quels seront les critères d’évaluation ?
A2, B1, B2

• Intelligibilité, spontanéité, interaction, conviction dans la voix et les gestes, tour de parole, gestes, réinvestissement des structures vues en classe, apports culturels
• Faire connaître aux élèves les critères d’évaluation avant le débat.
• Qui évaluer ? Penser à évaluer collectivement et individuellement (10 points pour l’équipe, 10 points pour l’individu)
• Qui évalue ? Un observateur ou un professeur ? L’idéal semble être moitié, moitié.
• Il est judicieux de noter aussi les élèves qui évaluent.
• Quand un groupe a gagné, rajouter un point !
• Conseil : pas d’évaluation en début d’année sur un débat, les laisser s’y habituer. Placer le débat plutôt en tâche intermédiaire.

L’article a été rédigé par Me Mélanie Loubet.